Oncologie

Cancer du sein HER2+ : une nouvelle molécule change la donne en cas de métastases cérébrales

Un inhibiteur de tyrosine kinase HER2 spécifique triple la survie sans progression des cancers du sein HER2+ multitraités et avec métastases cérébrales.

  • praserdumrongchai/istock
  • 13 Décembre 2019
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    L'association de tucatinib, un inhibiteur de tyrosine kinase HER2 spécifique, au traitement standard, y compris le trastuzumab et la capécitabine, triple presque la survie sans progression (33 % contre 12 %), et double presque la survie globale de deux ans (45 % contre 27 %) chez les femmes souffrant de cancer du sein HER2+ métastatique déjà traitées.

    Les résultats de cet essai international multicentrique de phase III, appelé HER2CLIMB (NCT02614794), ont été présenté cette année au San Antonio Breast Cancer Symposium (SABCS 2019) et publiés simultanément dans le New England Journal of Medicine.

    Véritable changement

    La survie sans progression à un an est de 33,1% dans le groupe traité par le tucatinib et de 12,3% dans le groupe placebo (RR pour la progression de la maladie ou le décès=0,54 ; intervalle de confiance à 95%[IC], 0,42 à 0,71 ; P<0,001) et les durées moyennes de survie sans progression sont respectivement de 7,8 mois et 5,6 mois.

    La survie globale à 2 ans est de 44,9% dans le groupe tucatinib et de 26,6% dans le groupe placebo (rapport de risque de décès de 0,66 ; IC à 95%, 0,50 à 0,88 ; P = 0,005) et les survies globales médianes sont de 21,9 mois et 17,4 mois respectivement.

    Bénéfice même en cas de métastases cérébrales

    Chez les patientes atteintes de métastases cérébrales, la survie sans progression à un an est de 24,9% dans le groupe tucatinib et de 0% dans le groupe placebo (rapport de risque=0,48 ; IC à 95%, 0,34 à 0,69 ; P<0,001) et la survie médiane sans progression est respectivement de 7,6 mois et 5,4 mois.

    Les effets indésirables courants dans le groupe traité par le tucatinib comprennent la diarrhée, un syndrome d'érythrodysesthésie palmo-plantaire, des nausées, une fatigue et des vomissements. La diarrhée et des taux élevés d'aminotransférase de grade 3 ou plus sont plus fréquents dans le groupe tucatinib que dans le groupe placebo.

    Une nouvelle option

    « Le tucatinib est l'un des nouveaux traitements les plus prometteurs pour les femmes atteintes d'un cancer du sein de stade IV HER2-positif, en particulier celles qui ont des métastases cérébrales », a commenté le Pr Virginia Borges, directrice du Breast Cancer Research Program and Young Women's Breast Cancer Translational Program au CU Cancer Center.

    Traditionnellement, les essais cliniques excluent les patients atteints de métastases cérébrales en raison de la probabilité que le mauvais pronostic de ces patients réduise l'efficacité l’efficacité que l’on cherche à démontrer pour un médicament. L'étude en cours est la première de phase III menée auprès de femmes dont le cancer du sein avait métastasé au cerveau et dont les métastases cérébrales étaient en progression.

    D’autres indications prometteuses

    En plus de l'essai HER2CLIMB, les études menées au CU Cancer Center sont en train de tester le tucatinib dans d'autres indications, y compris l'un des rares essais actuellement en cours qui portent sur le tucatinib associé à un traitement standard contre le cancer du sein positif à la fois pour HER2 et pour les récepteurs aux œstrogènes, appelé RH+/HER2+, une situation où les anti-HER2 traditionnels comme le trastuzumab, sont moins efficaces (NCT03054363). D'autres essais cliniques sont prévus sur le tucatinib associé au TDM-1 (trastuzumab emtansine) dans le cancer du sein HER2+ (NCT03975647).

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