Dermatologie
Kératose actinique : une immunothérapie réduirait de 75% les risques de carcinome épidermoïde
Un traitement par immunothérapie topique des kératoses actiniques réduirait de 75% le risque de survenue d'un carcinome épidemoïde sur la zone de peau traitée.
- thodonal / istock
Le carcinome épidermoïde est l’un des cancers de la peau les plus fréquents. Cette tumeur cancéreuse naît dans les cellules squameuses de la peau. Ses liens avec le soleil sont moins forts que pour le mélanome, mais il survient plus fréquemment sur une peau qui a perdu son capital de défense à cause du soleil. Les kératoses actiniques surviennent également sur cette peau épuisée et sont considérées comme un marqueur de peau à risque de cancer.
Des chercheurs du Massachusetts General Hospital (Etats-Unis) publient une étude dans la revue JCI Insight. Ces derniers expliquent qu’un traitement immunologique topique destiné à éliminer les lésions cutanées solaires, appelées kératoses actiniques, réduirait les risques que la zone de peau traitée ne développe des carcinomes à cellules squameuses (visage et cuir chevelu).
La peau est endommagée à cause du soleil
La kératose actinique est une lésion courante causée par une trop forte exposition au soleil. Elle est la troisième raison pour laquelle les Américains consultent un dermatologue. En 2017, l’équipe du Massachusetts General Hospital avait démontré l’efficacité d’un traitement pour réduire le nombre et la taille de ces lésions par rapport au tritement de référence. Il s’agit d’une combinaison de calcipotriol, un traitement topique approuvé par la FDA (Food and Drug Administration, agence américaine du médicament) pour soigner le psoriasis, et d’une chimiothérapie cytotoxique (5-FU).
En tout, 130 participants ont été suivis pendant trois ans. Les chercheurs ont voulu savoir si le traitement combiné réduisait ou non les risques de développement de cancer. 64 personnes ont bénéficié du traitement combiné et 66 ont uniquement reçu le traitement cytotoxique 5-FU. Après trois ans, des résultats sont uniquement disponibles pour 84 participants (46 perdus de vue), et visibles sur le visage et le cuir chevelu pour 72 personnes.
Une plus forte réponse immunitaire grâce au traitement
Plus d'un tiers des patients ont donc été "perdus de vue" au cours de l’étude. Les résultats démontrent tout de même qu’une plus grande proportion de participants ayant reçu le traitement combiné avec l'immunothérapie n’ont pas vu de cancer de la peau se développer : 7% d’entre eux ont eu un cancer épidermoïde, contre 28% des patients qui n'ont eu que le 5-FU topique, sans immunothérapie associée.
De plus, à partir de biopsies de peau dans les 2 groupes, les chercheurs ont observé un plus grand nombre de lymphocytes T, des cellules qui jouent un rôle important dans la réponse immunitaire, dans les échantillons de tissus de la peau et du cuir chevelu des participants ayant reçu le traitement combiné.
En revanche, le traitement combiné n’a pas réduit le taux de développement de carcinome épidermoïde sur la peau altérée des bras. Selon les chercheurs, cela signifierait que la réponse immunitaire serait plus forte sur le visage et le cuir chevelu, et que le traitement topique pénètrerait plus facilement dans ces zones. L’équipe émet l’hypothèse selon laquelle un traitement plus long pourrait être nécessaire sur les bras et les autres parties du corps.
L’immunothérapie pour prévenir d'autres cancers
"La principale raison de traiter la kératose actinique est d'empêcher le développement du cancer épidermoïde, et nos résultats suggèrent que cette immunothérapie pourrait être un moyen efficace d'atteindre cet objectif", se félicite Shawn Demehri, auteur principal de l’étude. D’autant que le traitement couramment utilisé pour soigner le carcinome épidermoïde peut être coûteux et avoir des effets secondaires graves, "voire mortels", chez les patients avec un système immunitaire fragilisé.
L’équipe de Shawn Demehri a donc l’espoir de prévenir efficacement ce cancer de la peau en ciblant les lésions kératosiques grâce à l’immunothérapie. D’autres études pourront être menées, notamment pour d’autres cas de tumeurs, comme le cancer du sein.











