Pneumologie
EBUS : indispensable pour des ganglions médiastinaux hypermétaboliques
Devant un antédédent de cancer, comment interpréter une nouvelle image apparue dans le médiastin? Rechute ou autre ? L’EBUS permet de répondre. D'après un entretien avec Jacques CADRANEL, Tenon, Paris.
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Chez les patients qui ont un antécédent connu de cancer, guéri ou contrôlé, comment interpréter une nouvelle image apparue dans le médiastin ? S’agit-il d’une rechute du cancer précédent ou la persistance de la rémission ? Une étude parue dans l’European Respiratory Journal open a étudié l’intérêt de l’EBUS après découverte de ganglions anormaux à l’imagerie.
L’étude monocentrique et rétrospective, commentée par Jacques CADRANEL, service de pneumologie et centre experts en oncologie thoracique, hôpital Tenon, Paris, a repris environ 1800 EBUS (endobrachial ultrasound) réalisées dans un centre à Milan entre 2012 et 3016. 10% de ces EBUS concernaient des patients avec antécédent de cancer connu, mais considéré comme stable au moment où l’imagerie a été faite et a retrouvé des adénopathies dans le médiastin. Dans 28% des cas les patients avaient un antécédent de cancer du sein, dans 26% des antécédents de cancer du poumon et dans 12% un cancer gynécologique, les autres ayant différents types de cancer dont ORL ou digestifs.
De plus en plus développée en France, l’EBUS se réalise soit sous anesthésie locale et sédation légère, soit sous anesthésie générale. Elle dure 30 à 40 mn, se fait par endoscopie avec un système d’échographie à l’intérieur du canal d’endoscopie qui va mettre en évidence les ganglions, leur architecture et permettre de le ponctionner directement pendant l’examen.
Dans 58% des cas : rechute du cancer
Les patients de l’étude italienne ont donc bénéficié d’une EBUS sur les ganglions anormaux avec scanner ou TEP.
Résultats : la ponction du ganglion retrouve dans 58% des cas une rechute du cancer. "Cela signifie qu’il faut et c’est le message de cette étude, selon Jacques Cadranel, systématiquement bien vérifier les images anormales quand un malade a des antécédents de cancer. »
Quand il ne s’agit pas de cancer, on peut retrouver des ganglions hyperplasiques mais non pathologiques, de temps en temps des granulomatoses. Ces granulomatoses existent parfois autour des cancers et sont de bon pronostic par rapport au cancer. Dans cette étude quelques cas de tuberculose ont aussi été répertoriés.
S’il s’agit d’un cancer qui rechute, il est intéressant d’avoir un nouveau prélèvement parce que le cancer a pu être traité longtemps auparavant, à un moment où il n’y avait peut-être pas encore de marqueurs moléculaires à disposition. Donc avoir du tissu tumoral récent au moment de la rechute permet d’avoir des analyses moléculaires que l’on n’avait pas faites initialement. De plus, dans certains cas, l’histologie peut être différente. Enfin, dans 5% des cas, il s’agira d’un cancer mais différent du premier.
Indications de l'EBUS
Ce travail bien que rétrospectif et monocentrique, montre tout l’intérêt de l’EBUS, à savoir évaluer les ganglions médiastinaux pour adapter la stratégie de traitement. Deuxièmement, l’EBUS permet d’obtenir, lors d’un diagnostic de cancer, du matériel de bonne qualité y compris pour des analyses moléculaires. Enfin chez des patients guéris d’un précédent cancer, devant une anomalie ganglionnaire dans le médiastin, l’EBUS est intéressante car 6 fois sur 10 elle nous dira qu’il s’agit d’une rechute du cancer, 4 fois sur 10 que cela n’a rien à voir avec un cancer et que c’est une pathologie bénigne, et que dans quelques cas, que c’est bien un cancer, mais différent du premier puisque pas du même organe ou pas du même type histologique qu’initialement.

l’EBUS permet d’obtenir lors d’un diagnostic de cancer du matériel de bonne qualité y compris pour des analyses moléculaires..»











