Oto-rhino-laryngologie

Polypose nasosinusienne sévère : réduction de la chirurgie et de la corticothérapie sous anti-TSLP

Chez des patients atteints d’une polypose nasosinusienne sévère réfractaire, l’inhibition de la cytokine TSLP par le tezepelumab, améliore significativement la taille des polypes, la congestion nasale et la qualité de vie, tout en diminuant le recours à la chirurgie et aux corticoïdes systémiques.

  • Dmitriy Sidor/istock
  • 03 Mars 2025
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    La polypose nasosinusienne est une affection inflammatoire complexe et hétérogène des voies aériennes supérieures, caractérisée par une dysfonction de la barrière épithéliale et des mécanismes inflammatoires de type 2 impliquant notamment la TSLP (Thymic Stromal LymphoPoietin). Malgré des symptômes lourds (congestion nasale, anosmie, douleurs faciales) et un retentissement majeur sur la qualité de vie, la pathologie demeure sous-traitée. Le traitement repose sur les corticoïdes locaux et, en cas d’échec, la chirurgie sinusienne ou les corticoïdes systémiques. Les biothérapies ciblant les voies Th2 (IL-5, IL-4, IL-13, IgE) se sont imposées pour les formes sévères, mais la TSLP, cytokine située en amont de multiples cascades inflammatoires, constitue une cible prometteuse.

    Le WAYPOINT trial (phase 3) a évalué le tezepelumab, anticorps monoclonal anti-TSLP déjà approuvé dans l’asthme sévère, chez 408 adultes atteints de polypose nasosinusienne sévère non contrôlée. Les patients ont reçu, soit le tezepelumab (210 mg en sous-cutané toutes les 4 semaines), soit un placebo, en plus des soins standard, sur une durée de 52 semaines. Les résultats, publiés dans le New England Journal of Medicine, montrent une amélioration significative du score de polypes nasaux (différence moyenne vs placebo : −2,07 ; IC à 95% : −2,39 à −1,74) et du score de congestion nasale (−1,03 ; IC à 95% : −1,20 à −0,86), tous deux critères primaires, avec p<0,001.

    Amélioration de tous les critères secondaires dont l’anosmie

    Les améliorations s’étendent à tous les critères secondaires majeurs : l’anosmie (différence moyenne vs placebo : −1,00 ; IC à 95% : −1,18 à −0,83), le SNOT-22 (−27,26 ; IC à 95% : −32,32 à −22,21), le score Lund–Mackay (−5,72 ; IC à 95% : −6,39 à −5,06) et le score symptomatique global (−6,89 ; IC à 95% : −8,02 à −5,76).

    Par ailleurs, la décision de recourir à la chirurgie des polypes n’a concerné que 0,5% des patients sous tezepelumab, contre 22,1% sous placebo (HR : 0,02 ; IC à 95% : 0,00 à 0,09), et le taux de recours aux corticoïdes systémiques est passé à 5,2% dans le bras tezepelumab versus 18,3% dans le bras placebo (HR : 0,12 ; IC à 95% : 0,04 à 0,27).

    Concernant la tolérance, aucun signal d’alerte nouveau n’a été identifié, en phase avec le profil de tolérance déjà établi dans l’asthme sévère. Même chez les patients asthmatiques inclus, la fonction respiratoire (VEMS pré-bronchodilatation) est restée stable, probablement du fait d’une fonction pulmonaire initiale déjà préservée. En revanche, une meilleure maîtrise de l’asthme (ACQ-6) et une diminution des exacerbations ont été observées sous tezepelumab.

    Une étude randomisée chez des PNS résistantes au traitement

    Cette étude multicentrique de phase 3 a randomisé des patients dont la polypose nasosinusienne sévère avait été diagnostiquée par un médecin, avec un SNOT22 à 30 ou plus et un suivi de 52 semaines. Les critères d’inclusion exigeaient la persistance de symptômes élevés malgré les traitements de référence comprenant la corticothérapie orale et la chirurgie, ce qui renforce la représentativité des formes rebelles en pratique courante. Le choix d’un groupe placebo a permis d’évaluer précisément l’efficacité de la stratégie anti-TSLP.

    Les données confirment que le blocage de cette cytokine épithéliale en amont des voies inflammatoires de type 2 améliore significativement le contrôle clinique et la qualité de vie, tout en diminuant le recours à des interventions invasives ou aux corticoïdes systémiques.

    Selon les auteurs, ces résultats ouvrent la voie à une généralisation du tezepelumab chez les patients porteurs d’une polypose sévère non contrôlée, voire lorsque d’autres biothérapies ciblant l’inflammation Th2 ont échoué. Les perspectives de recherche incluent l’évaluation de la capacité du tezepelumab à induire une rémission prolongée, la comparaison directe avec d’autres anticorps monoclonaux disponibles et l’élargissement du spectre d’indication à d’autres pathologies inflammatoires chroniques ORL.

     

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