Cardiologie
Cancer de l’enfance : réduction de la cardiotoxicité sur le long terme
Dans les cancers de l’enfant, la réduction de la cardiotoxicité des traitements anticancéreux commence à porter ses fruits sur le long terme.
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Les efforts visant à réduire la cardiotoxicité du traitement des cancers de l'enfant semblent avoir abouti à un résultat même si celle-ci perdure. Ce sont les résultats d’une étude de suivi parue dans Circulation.
L'étude a porté sur 34 489 survivants d'un cancer de l'enfance diagnostiqué en Grande-Bretagne entre 1940 et 2006. Elle montre un nombre global de décès cardiovasculaires 3,4 fois plus élevé par rapport à celui prévu dans la population générale, ce qui équivaut à 2,1 décès cardiaques excédentaires pour 10 000 personnes-années.
Une réduction de la cardiotoxicité
Le risque le plus élevé est survenu au cours des années 1980. Les patients chez qui on a diagnostiqué un cancer de l’enfance au cours de cette période étaient 2,3 fois plus à risque de mourir plus tard de causes cardiaques que ceux diagnostiqués avant 1970, compte tenu de l'âge, de l'âge atteint et du type de tumeur.
Par ailleurs, les patients diagnostiqués entre 1990 et 2006 ne sont pas plus à risque de mourir de causes cardiaques que ceux diagnostiqués avant 1970, ce qui suggère le succès des mesures prises à cette époque pour réduire la cardiotoxicité : utilisation de médicaments de substitution, diminution des doses cumulatives et meilleure surveillance et prise en charge.
Cardiotoxicité des anthracyclines
Les patients qui ont eu un lymphome de Hodgkin et une tumeur de Wilms (néphroblastome) ont le risque le plus élevé de mortalité cardiaque et représentent globalement près de 30% des 181 décès cardiaques de la cohorte.
Les chercheurs pensent que la surmortalité cardiovasculaire des années 80 reflète les effets de la chimiothérapie à base d'anthracyclines, qui a été associée à une augmentation du risque de cardiomyopathie dilatée et d'insuffisance cardiaque congestive.
Mais ils soulignent qu'il est important de reconnaître que beaucoup plus d'enfants diagnostiqués avec le cancer dans les années 1980 ont ensuite survécu au cancer grâce à la chimiothérapie à base d’anthracyclines que ceux qui sont morts en raison de ses effets tardifs.
Une persistance du risque de cancer secondaire
Les décès cardiaques ne représentent qu'une faible proportion des décès excédentaires chez les patients de moins de 60 ans, la récidive ou la progression du cancer de l'enfance ou les cancers secondaires sont les causes prédominantes dans cette tranche d’âge.
Les causes cardiaques et les autres causes circulatoires représentent respectivement 21,9% et 14,9% des décès excédentaires chez les patients plus âgés. Selon les auteurs de l'étude, cela reflète les tendances de la mortalité dans la population générale.
Cependant, ils convient de noter que la fréquence des cas de cancers secondaires représente 31,4% des décès, ce qui suggère que des interventions spécifiques sont nécessaires, non seulement en termes de surveillance mais aussi de traitement pour limiter la mortalité prématurée chez les survivants des cancers de l'enfance.
En pratique
La réduction des doses cumulées d’anthracyclines et le développement de traitement alternatifs, de même que l’amélioration des protocoles de radiothérapie ont pu participer à une réduction de la cardiotoxicité des traitements des cancers de l’enfant. Ces efforts doivent se poursuivre.
La fréquence des deuxièmes cancers reste un vrai problème et doit encourager la recherche à développer des protocoles moins toxiques.
Par ailleurs, les auteurs soulignent que les patients qui ont survécu jusqu'à l'âge d'au moins 60 ans dans leur étude sont très différents de ceux plus récemment diagnostiqués, à la fois en termes de type de cancer initial que d'exposition au traitement. Ceci nécessite une poursuite de l’évaluation continue et sur le long terme du risque de mortalité et des causes chez les survivants de cancer de l’enfant.











