Onco-Sein

Cancer du col localement avancé : quid de la chimiothérapie d’induction ?

L'ESMO 2023 a été riche en présentations concernant la prise en charge du cancer du col, notamment avec l'essai INTERLACE retrouvant un bénéfice en survie sans progression et en survie globale, à une chimiothérapie d'induction après radio-chimiothérapie pour les cancers du col localement avancés.

  • AndreyPopov/iStock
  • 08 Janvier 2024
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    Considérés jusqu'à maintenant comme des cancers de mauvais pronostic, avec des évolutions à la fois locales et métastatiques pouvant être dramatiques malgré une prise en charge dès le stade localisé par radio-chimiothérapie, le traitement des cancers du col au stade localement avancé, s'enrichit.

    Tout récemment la publication de 2 abstracts testant pour l'un l'ajout du pembrolizumab à la radio-chimiothérapie, avec un bénéfice avéré en survie sans progression et une tendance favorable en survie globale, et pour l'autre le questionnement d'une chimiothérapie d'intensification première.

    6 semaines de Carboplatine Paclitaxel hebdomadaires

    Présentée lors du congrès de ESMO 2023, l'étude INTERLACE, démontre un bénéfice en survie globale à 5 ans de 8 % à l'adjonction de 6 injections de Carboplatine Paclitaxel hebdomadaires en pré radio-chimiothérapie des cancers du col localement avancés.

    En pratique, 500 patientes présentant un cancer du col localisé de stade IB1 avec atteinte ganglionnaire, ou stade IB2, II, IIIB, IVA, sans atteinte lombo-aortique sur les examens morphologiques, ont été randomisées selon un schéma 1:1 pour recevoir une chimiothérapie d'induction par 6 injections hebdomadaires de Carboplatine AUC 2 et Paclitaxel 80 mg/m2 versus placebo, suivie, à la semaine 7, d'une radiothérapie externe (40-50,4 Gy en 20-28 fractions) et potentialisée par 5 injections hebdomadaires de Cisplatine 40 mg/m2 puis curiethérapie.

    Les patientes étaient stratifiées selon le site, le stade initial, le statut ganglionnaire, la technique de radiothérapie (IMRT versus conformationnelle), la technique de curiethérapie (2D versus 3D), la taille tumorale et le type histologique. Les critères de jugement principal étaient la survie sans progression et la survie globale.

    HR à 0,69 en survie sans progression et 0,61 en survie globale

    Concernant la population, on note une majorité de stade IIB (70 % dans le bras standard versus 71 % dans le bras expérimental), 12 % versus 10 % respectivement de stade IIIB, une majorité de cancer épidermoïde (82 %), 43 % versus 42 % avec atteinte ganglionnaire, une taille tumorale médiane de 4,9 cm. La réalisation de la chimiothérapie d'induction a entraîné une diminution du nombre d'injections de Cisplatine de potentialisation : 79 % des patientes du bras standard ont effectué leur 5 cycles de cisplatine versus 68 % dans le bras expérimental.

    À noter également plus de toxicité hématologique comme attendu (4 % dans le bras standard versus 34 % dans le bras expérimental). Concernant la radiothérapie, 92 % des patientes du bras standard versus 97 % des patientes du bras expérimental ont réalisé la radiothérapie externe, et 97 % versus 98 % leur curiethérapie.

    Concernant le critère de jugement principal, après un suivi médian de 64 mois, l'étude est positive en survie sans progression avec un taux de survie sans progression à 5 ans de 73 % dans le bras chimiothérapie d'induction versus 64 % dans le bras radio-chimiothérapie seule (HR 0,65. IC95 % : 0,46-0,91, p=0,013). Ce bénéfice est retrouvé en survie globale avec un taux de survie globale à 5 ans de 80 % dans le bras expérimental versus 72 % dans le bras standard (HR 0,61. IC 95 % : 0,40-0,91, p=0,04).

    Au final, il s'agit d'un bénéfice en survie globale de 8 %, non négligeable pour nos patientes, avec une facilité de mise en place, et l'absence de toxicité majeure surajoutée, qui va probablement apparaître dès les prochains jours dans nos pratiques courantes.   

     

     

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