Dépression
Le sport peut-il compenser les excès alimentaires ?
Une étude irlandaise montre que les aliments ultra-transformés perturbent la chimie intestinale au point d’altérer l’humeur et de favoriser la dépression. Bonne nouvelle : l’exercice physique inverserait une grande partie de ces effets.
- Par Stanislas Deve
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- Liudmila Chernetska / istock
Se sentir morose après des semaines de junk food ultra-transformée n’est peut-être pas qu’une impression. Des chercheurs de l’University College Corke, en Irlande, ont démontré que des régimes riches en graisses et en sucres altèrent la chimie de l’intestin, favorisant des comportements de type dépressif... du moins chez des rats. Mais ils ont aussi observé qu’une activité physique régulière pouvait renverser ces effets, même si les animaux continuaient à manger gras et sucré. Leurs travaux ont été dévoilés dans la revue Brain Medicine.
Un cocktail alimentaire toxique pour l’intestin et le cerveau
Pendant deux mois, les rats ont été soumis à un régime varié de fromages, chocolats, confitures et beurre de cacahuète. Résultat : la diète a modifié 100 des 175 composés chimiques analysés dans leur intestin. En parallèle, leur comportement a changé : les rongeurs étaient moins actifs, plus passifs, avec des performances cognitives en baisse. Sans surprise, parmi les composés altérés figuraient ceux liés à la régulation de l’humeur et à la mémoire.
Par exemple, le tryptophane, précurseur de la sérotonine ("l’hormone du bien-être"), était dévié vers des voies secondaires intestinales, laissant penser que moins de sérotonine pouvait atteindre le cerveau, d’où peut-être le comportement dépressif. "Ce n’est pas une preuve directe, mais un indice solide", précisent les auteurs dans un communiqué.
Le sport, un antidote à la malbouffe ?
Heureusement, ce n’est pas forcément une fatalité : il est apparu que chez les rats qui avaient accès à une roue et pouvaient se dépenser, les marqueurs chimiques de l’intestin se rapprochaient de ceux des rats à l’alimentation saine. Ils nageaient plus, se montraient plus actifs, et leur humeur semblait s’améliorer. Mieux : l’exercice régulier atténuait aussi les perturbations hormonales (insuline, leptine, GLP-1) associées habituellement à la malbouffe.
Mais tout ne revient pas à la normale, préviennent toutefois les scientifiques. Dans l’hippocampe, zone clé de la mémoire, les rats nourris sainement profitaient davantage de la neurogénèse induite par l’exercice. "L’activité physique et l’alimentation saine agissent en synergie, pas l’une contre l’autre." Conclusion, pour protéger son cerveau comme son moral, le duo sport et régime sain reste imbattable.








