Maladie
Cancer : la solitude et l’isolement social augmentent le risque de décès des malades
Les patients solitaires ou isolés socialement atteints d’un cancer ont un risque plus élevé de mourir de leur maladie, selon une nouvelle étude.

- Par Sophie Raffin
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- Ridofranz/istock
En 2024, 12 % des personnes de plus de 15 ans étaient en situation d’isolement relationnel et un Français sur 4 reconnaît se sentir régulièrement seul, selon La Fondation de France. Ces situations ne provoquent pas uniquement des souffrances psychiques.
Une étude parue dans le BMJ Oncology, le 14 octobre 2025, révèle que la solitude et l’isolement social augmentent le risque de décès des patients souffrant d’un cancer.
Décès par cancer : la solitude et l’isolement réduisent les chances de survie
Pour mieux comprendre l’impact de la solitude, les chercheurs ont examiné 16 études de cohorte sur différents types de cancer. Ce qui représente 1.635.051 patients. Ces travaux avaient été menés au Canada, en Angleterre, en Finlande, en France, en Irlande, au Japon et aux États-Unis. Douze d’entre eux évaluaient spécifiquement l’impact de la solitude sur la mortalité.
L'analyse des données regroupées a d’abord montré que la solitude était associée à un risque accru de décès toute cause confondue de 34 %. Lorsque l’équipe s’est concentrée sur les morts liés au cancer, le manque d’entourage était toujours associé à une hausse du risque de décès des patients de 11 %.
"Ces résultats suggèrent collectivement que la solitude et l’isolement social peuvent influencer les résultats du cancer au-delà des facteurs biologiques et liés au traitement traditionnels", suggèrent les chercheurs dans leur communiqué.Solitude et décès : des mécanismes biologiques, psychologiques et comportementaux en jeu ?
Pour l’équipe, la hausse des risques de mortalité des patients isolés ou solitaires atteints d’un cancer peut s’expliquer par un "biais de mécanismes biologiques, psychologiques et comportementaux interconnectés".
"Biologiquement, la réponse au stress déclenchée par la solitude peut entraîner un dérèglement immunitaire et une activité inflammatoire accrue, contribuant finalement à la progression de la maladie", expliquent les auteurs. "Sur le plan psychosocial, le fardeau unique de la survie au cancer comprend souvent des formes d’isolement découlant directement de la maladie et des expériences de traitement, y compris l’incapacité des proches à comprendre pleinement les peurs associées au cancer, la stigmatisation autour des effets visibles du traitement et les angoisses liées à la survie.""Les changements physiques induits par le traitement (fatigue, troubles cognitifs) peuvent limiter davantage la participation sociale, tandis qu’une médicalisation prolongée de la vie peut éroder l’identité d’avant la maladie et les liens communautaires."Les scientifiques ajoutent que leur étude met en lumière l’importance de mener des évaluations psychosociales auprès des patients et de mettre en place des interventions ciblées lors des soins pour améliorer les chances de survie des malades.