Prototype
Bientôt un vaccin à ARN pour en finir avec les allergies ?
Des chercheurs américains ont mis au point un prototype de vaccin à ARN capable de prévenir les réactions allergiques graves, du moins chez la souris. Ce qui pourrait à terme révolutionner la prise en charge.

- Par Stanislas Deve
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- Kuzmik_A / istock
Pourra-t-on un jour prévenir une allergie comme on vaccine contre la grippe ? C’est le pari d’un nouveau vaccin à ARN messager qui pourrait bien, à terme, changer la vie de millions de gens souffrant d’allergies graves. Des chercheurs des universités américaines de Pennsylvanie et de Cincinnati ont mis au point un prototype capable de prévenir les réactions allergiques potentiellement mortelles – du moins chez la souris. Leurs travaux, publiés dans The Journal of Clinical Investigation, ouvrent la voie à des traitements novateurs contre les allergies saisonnières, alimentaires ou encore l’asthme.
Une technologie issue des vaccins anti-Covid
Basé sur la même technologie que les vaccins à ARN contre le virus du Covid-19, ce nouveau vaccin utilise des nanoparticules lipidiques pour transporter une information génétique modifiée. Mais au lieu de cibler un virus, l’ARN messager a été conçu pour faire produire à l’organisme des protéines ressemblant aux allergènes. L’objectif : rééduquer le système immunitaire afin qu’il ne réagisse plus de façon excessive lors d’une exposition future.
Chez des souris préalablement sensibilisées à certains allergènes, l’injection du vaccin permis d’empêcher toute réaction allergique. Leurs voies respiratoires étaient protégées, la production de mucus était réduite, tout comme les cellules immunitaires responsables de l’inflammation. Les rongeurs ont également développé des anticorps protecteurs inédits contre les allergies. "C’est une avancée potentielle pour des millions de personnes souffrant d’allergies graves", affirme le médecin Drew Weissman, co-auteur de l’étude et lauréat du prix Nobel pour ses travaux sur l’ARN, dans un communiqué.
Un prototype à tester chez l’humain
Contrairement aux désensibilisations traditionnelles, qui sont souvent longues et contraignantes, cette approche à ARN pourrait offrir une flexibilité inégalée. Il suffirait de modifier le code génétique pour adapter le vaccin à différents allergènes : pollens, aliments, acariens, etc. "Permettre à des personnes de manger des aliments qu’elles n’ont jamais pu goûter serait incroyablement gratifiant, explique le médecin. Mais je serais déjà heureux si ce vaccin permettait à des parents d’être un peu plus sereins lorsqu’ils envoient leurs enfants à des goûters d’anniversaire." Les chercheurs insistent : ce vaccin n’en est qu’au stade de la preuve de concept, ou validation de principe. Les prochaines étapes incluent les essais cliniques humains, la mesure de la durée de protection et la capacité à intégrer plusieurs allergènes dans une seule dose. "Nous savons désormais que cette technologie est la plus testée et la plus efficace jamais créée", conclut Weissman.