Coeur
99 % des maladies cardiovasculaires liées à des facteurs de risque traitables
Plus de 99 % des personnes ayant souffert d’une crise cardiaque, d’un avc ou d’une insuffisance cardiaque présentaient au moins un facteur de risque qui aurait pu être pris en charge ou modifié.

- Par Sophie Raffin
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Cholestérol, hypertension, glycémie, tabac… les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires sont nombreux. La plupart d'entre eux peuvent être modifiés ou pris en charge. Et pourtant, ce sont eux qui pèsent le plus sur la santé du cœur.
Une grande méta-analyse montre, en effet, que plus de 99 % des cas de troubles cardiovasculaires comme l'infarctus, l'AVC ou l'insuffisance cardiaque sont liés à au moins un facteur de risque modifiable (ou traitable) non-optimal.
Près de 100 % des troubles cardiovasculaires liés à 4 facteurs de risque modifiable
Pour cette étude publiée dans la revue Journal of the American College of Cardiology le 29 septembre 2025, les chercheurs ont repris les données de deux cohortes sur les maladies cardiovasculaires : l’une était sud-coréenne et l’autre venait des USA. Cela représentait plus de 600.000 incidents cardiovasculaires ainsi que 9,3 millions de Coréens et 7.000 Américains suivis sur deux décennies.
Les scientifiques ont relevé les patients présentant au moins l’un des 4 principaux facteurs de risque identifiés par l’American Heart Association. C'est-à-dire la tension artérielle, le cholestérol, une glycémie (ou un diagnostic de diabète) ou encore le statut tabagique. L’analyse des données a livré un constat sans appel : plus de 99 % des personnes qui ont développé une maladie coronarienne, une insuffisance cardiaque ou un accident vasculaire cérébral au cours des 20 ans de suivi avaient au moins un facteur de risque non-optimal avant leur premier événement cardiovasculaire. Plus de 93 % avaient deux facteurs de risque ou plus.
Autre révélé de l'étude : aussi bien en Corée du Sud qu’aux États-Unis, l’hypertension artérielle était le facteur de risque le plus fréquent chez les patients.
"Même chez les femmes de moins de 60 ans – le groupe a souvent supposé être à risque le plus faible – plus de 95 % avaient encore au moins un facteur non-optimal avant l'insuffisance cardiaque ou l'accident vasculaire cérébral", ajoutent les auteurs dans un communiqué de l’université Northwestern.AVC, infarctus : se concentrer sur les facteurs de risque identifiés et modifiables
Pour les chercheurs, leur étude confirme qu’il est faux de penser que les maladies coronariennes peuvent survenir “sans antécédents de facteurs de risque majeurs.”"Nous pensons que l'étude montre de manière très convaincante que l'exposition à un ou plusieurs facteurs de risque non-optimaux avant la survenue d’incidents cardiovasculaires est de près de 100 %", explique l'auteur principal Dr. Philip Greenland et professeur de cardiologie à la Northwestern University Feinberg School of Medicine.
Neha Pagidipati du Duke Clinical Research Institute qui a écrit l’éditorial de l’étude connaît à la vue de ces résultats : "Tous les cardiologues en exercice ont rencontré des cas de personnes sans facteurs de risque connus ayant subi un infarctus du myocarde ou développé une maladie coronarienne importante. Cependant, la prévalence des maladies cardiovasculaires sans facteurs de risque traditionnels pourrait être nettement inférieure à ce qui a été décrit précédemment." Le Dr. Philip Greenland conclut en appelant à "redoubler d’efforts pour trouver des moyens de contrôler ces facteurs de risque modifiables plutôt que de s’écarter du sujet en s’attaquant à d’autres facteurs qui ne sont ni faciles à traiter ni causaux."