Santé auditive

Perte auditive : les musiciens sont les premiers en ligne de mire

La population de musiciens est une population à risque de déficience auditive. Arnaud Coez, président de la société française d'audiologie, apporte son savoir lors de la dernière semaine du son de l’UNESCO.

  • Par Youssra Khoummam
  • SergeyVButorin/istock
  • 03 Mar 2024
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    L’audition des musiciens en tant que tel se porte bien parce que ce sont des gens qui sont sur-entraînés, qui ont du plaisir à pratiquer un instrument musical qui constitue une réserve cognitive ce qui leur permet souvent de bien vieillir.” C’est par cet argument que le président de la SFA commence avant de poursuivre en expliquant que : "Malheureusement, on ne voit en la musique qu’un art et on occulte complètement le phénomène physique, qui est derrière et qui est “l’émission de son”. Le son est un peu le parent pauvre on en a peu conscience…” 

    Rendre le décibel accessible au même titre que la météo

    Son souhait ? “Rendre le décibel aussi simple d’utilisation que le degré celsius ! Autant vous savez comment vous habiller aujourd’hui quand on vous dit qu’il fait -6 degrés à Paris par exemple, autant vous ne savez pas nécessairement comment vous comporter quand il y a 80 décibels près d’une enceinte.

    "Il y a toute une sensibilisation à réaliser auprès de la population générale... Plus la perte d’audition est importante plus les choses sont compliquées et difficiles à mettre en place.

    “La population de musiciens est une population à risque”

    En effet, même si les musiciens sont surentraînés il n’y a pas de risque zéro pour leur audition qui est soumise très régulièrement à de nombreux efforts : “On sait que la population de musiciens est une population à risque. C’est-à-dire que l’on estime que dans la population française 10 % présente une perte d’audition, mais pour un musicien classique les chiffres montent à 30 % et pour une population qui joue des musiques plus “rock” les chiffres peuvent monter jusqu’à 60 %.

    Malheureusement, à ce jour, il n'existe aucun traitement curatif, d’où l’importance de la prévention : ”Un certain nombre de solutions et un accès au soin est tout à fait possible pour les personnes qui auraient une perte d’audition liée à leurs pratiques musicales. Dans un premier temps, probablement, avec un appareillage auditif qui est très facile d'utilisation et qui permet de corriger en grande partie le défaut d’audibilité. C’est d’autant plus facile chez un musicien que précisément il est entrainé et a des capacités de discrimination en intensité, en fréquence et en temps, qui sont bien meilleures que la population générale.” 

    Lorsque la perte d’audition est trop importante, une solution par implant cochléaire pourrait permettre, après un acte chirurgicale et la mise en place d’un porte électrode dans la cochlée, de restituer une perception sonore tout à fait satisfaisante et qui permet à la personne de retrouver une intelligibilité de la parole. 

    Il existe même, aujourd’hui, des personnes qui pratiquent la musique en étant implanté”, affirme l’audioprothésiste et passionné d’audition, Arnaud Coez.

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    JDF