Onco-thoracique
CBPC : la prise en charge ne doit pas être une question d’âge
Un essai de phase II rapporte des données d’efficacité et de tolérance comparable entre 2 groupes d’âge de patients (+/- 70 ans) atteint de Cancer Bronchique à Petites Cellules. La prise en charge de ces patients devrait donc être similaire.
- SvetaZi/iStock
Dans un article paru dans le Journal of Thoracic Oncology en Janvier dernier, une étude norvégienne propose un hyperfractionnement de la radiothérapie des patients atteints d’un Cancer Bronchique à Petites Cellules (CBPC) localisé/localement avancé. Les auteurs s’intéressent aux données d’efficacité et de tolérance des traitements entre les patients d’âge supérieur à 70 ans et ceux d’âge inférieur ou égale à 70 ans. La population de patients ≥ 70 ans étant en effet une population de patients fragiles et peu représentés dans les essais cliniques du fait de leur âge et de leur comorbidités fréquentes.
Les auteurs rapportent les résultats d’un essai de phase II, ouvert, randomisé, qui a comparé les caractéristiques de 170 patients atteints d’un CBPC de stade localisé/localement avancé, traité par chimiothérapie (doublet de platine - étoposide) et radiothérapie concomitante. Les données de survie ainsi que les données de qualité de vie ont été récoltées.


Hyper & normo-fractionnement
Deux modalités de radiothérapie étaient proposées : un hyperfractionnement avec 2 séances par jour de 30 fractions pour une dose totale de 45 Gy, et un normo-fractionnement avec 40 fractions quotidiennes pour une dose totale de 60 Gy. De plus, une radiothérapie de l’encéphale prophylactique était proposée aux patients répondeurs de la chimio-radiothérapie.
Dans la cohorte, 31 % (n=53) étaient âgés ≥ 70 ans et 69% (n=117) étaient âgés de < 70 ans. Parmi les patients plus âgés, 47 % (n=25) ont bénéficié du traitement normo-fractionné standard, et 53 % (n=28) du traitement hyper fractionné. Respectivement, dans le groupe de patients < 70 ans la répartition entre les deux modalités de traitement était 55% (n=64) et 45% (n=53), donc les patients étaient répartis de façon équivalente. Il n’y avait pas de différence significative entres les caractéristiques des patients dans les 2 modalités de traitements.
Pas de différence de tolérance ni d‘efficacité à 24 mois
Les analyses suivantes portent sur la comparaison entre les 2 groupes d’âge (≥ 70 ans versus < 70 ans) : Concernant l’efficacité et la tolérance, les groupes étaient comparables. Le taux de réponse globale était de 77 % et était comparable dans les deux groupes d’âge (80 % chez les ≥ 70 ans et 70 % chez les < 70 ans, p=0.13). La PFS médiane était de 15 mois, sans différence entre les deux groupes. (< 70 ans: 15,9 mois (95 % CI 8,5-23,3), et chez les ≥ 70 ans : 12,2 mois (95 % CI 7,5-17,0), p=0.13). Concernant la survie globale, le taux de survie à 2 ans était de 62 %, et la médiane de survie globale de 33,2 mois. Il n’y avait pas de différence entre les taux de survie à 2 ans entre les 2 groupes d’âge de patients.
Cependant, la médiane de survie globale était de 37,2 mois dans le groupe < 70 ans, contre 24,0 mois dans le groupe ≥ 70 ans (p=0.009).
Pas de différence en termes de qualité de vie dans la première année
Concernant les données de qualité de vie, il n’y avait pas de différence non plus en termes de qualité de vie entre les 2 groupes d’âge la première année post traitement ; mais on observait un déclin de qualité de vie chez les patients du groupe âgé par la suite.
Des différences à 2 ans post-traitement
Les patients ≥ 70 ans bénéficient autant des traitements en termes d’efficacité et de tolérance dans les 2 ans post-traitement, mais par la suite les données de survie sont en défaveur du groupe de patients plus âgé.
Les patients plus âgés ≥ 70 ans présentaient une baisse de leur qualité de vie comparativement aux plus jeunes < 70 ans après la première année de traitement. De plus la survie globale des patients plus âgés ≥ 70 ans était plus courte que celle des patients les plus jeunes < 70 ans. Mais aucune différence en survie sans progression n’a été observée.
Pour conclure, ce travail rapporte que les patients plus âgés, ≥ 70 ans, devraient recevoir les mêmes modalités de traitement que les patients plus jeunes, < 70 ans, en cas de prise en charge d’un CBPC localisé/localement avancé. La qualité de vie étant plus altéré après 1 an, la mise en place des soins de support précocement devrait être systématiquement proposé.








