Diabétologie
Diabète de type 1 pédiatrique : boucle fermée et peptide-C
Une boucle fermée permet-elle une meilleure persistance des cellules β pancréatiques chez les jeunes patients diabétique de type 1 ? Les résultats de cette étude confirment l’intérêt de la boucle fermée pour l’équilibre glycémique même si elle ne ralentit pas la baisse de sécrétion de peptide C.
- Istock/Ozgu Arslan
La persistance de cellules β pancréatiques fonctionnelles résiduelles, mesurée au moyen de la sécrétion de peptide C, est associée à un meilleur contrôle glycémique, à un risque réduit d'hypoglycémie et à une incidence plus faible de complications microvasculaires. Un traitement intensif au diagnostic du diabète a été associé à une moindre diminution de la sécrétion d’insuline.
Le consortium CLOuD, regroupant plusieurs équipes anglaises, a étudié si c’était le cas pour une utilisation de la boucle fermée hybride dès le diagnostic. Un total de 97 patients, d’âge moyen 12 ± 2 ans, ont été inclus dans les 3 semaines suivant le diagnostic du diabète de type 1 et randomisés entre un traitement par boucle fermée ou une insulinothérapie en multi-injections.
Après 12 mois de traitement, la sécrétion du peptide-C après un repas test ne différait pas entre le groupe boucle fermée (0,35pmol/mL, interquartiles (IQR) 0,16-0,49) et le groupe contrôle (0,46 pmol/mL, IQR 0,22-0,69), soit une différence moyenne ajustée non significative de -0,06 pmol/mL (intervalle de confiance (IC) 95 % -0,14 – 0,03).
Pas de différence sur la sécrétion d’insuline résiduelle à 1 et 2 ans
Il n’y avait pas de différence non plus après deux ans de prise en charge : 0,18 pmol/mL (IQR 0,006-0,22) avec boucle fermée, et 0,24 pmol/mL (IQR 0,05-0,30) dans le groupe contrôle, soit une différence moyenne ajustée de -0,04 pmol/mL (IC 95 % -0,14 – 0,06).
Cette absence de différence survenait alors que la boucle fermée permettait d’obtenir un meilleur équilibre glycémique : différence d’HbA1c de 0,4 % (IC 95 % 0,0 – 0,7) à 1 an, et de 1,0 % (IC 95 % 0,5 – 1,5) à 2 ans. 5 cas d’hypoglycémie sévères (chez 3 participants) ont été rapportés avec boucle fermée, contre un seul épisode dans le groupe contrôle. Enfin, un cas d’acido-cétose est survenu avec la boucle fermée.
L’hétérogénéité de prise en charge dans les deux groupes n’influe pas
L’hémoglobine glyquée à l’inclusion était de 10,6 ± 1,7%, et 29% des patients avaient eu une acido-cétose inaugurale. La boucle fermée a été activée 76% du temps sur les 2 ans de l’étude. Dans le groupe contrôle, 10% des individus utilisaient une pompe à un an (43% à deux ans), et 57% un capteur de glucose (68% à deux ans). Les doses d’insuline réellement injectées ne différaient pas entre les deux groupes à un et deux ans, que ce soit en dose totale, basale ou bolus.
En comparant uniquement les enfants du groupe boucle fermée qui l’utilisait au moins 60% du temps d’une part, et les enfants du groupe contrôle qui n’utilisaient pas de pompe d’autre part, la différence de sécrétion du peptide-C après repas test restait non statistiquement significative.
Intérêt d’une boucle fermée pour l’équilibre glycémique
Le présent essai montre donc que le contrôle de la glycémie en boucle fermée sur une période allant jusqu'à 24 mois ne ralentissait pas la baisse de la sécrétion de peptide C chez les enfants et les adolescents atteints de diabète de type 1 d'apparition récente.
En revanche, son efficacité pour améliorer l’équilibre glycémique est nette : alors que seuls 39 % des individus du groupe contrôle avaient une Hb1c à l’objectif (inférieure à 7,5%), malgré l’utilisation d’une pompe chez 43 % d’entre eux, c’était le cas pour 74% des patients traités par boucle fermée. Il est important de se rappeler que des analyses de l’étude EDIC (Epidemiology of Diabetes Interventions and Complications) suggèrent un risque réduit de complications rénales et cardiovasculaires lors d’une mise en œuvre plus précoce d'un traitement intensif par rapport à une mise en œuvre ultérieure. La boucle fermée reste donc un outil extrêmement utile dans cette population.








