Gynéco-obstétrique

FIV : plus d’hypertension lors des grossesses avec embryons congelés

Les FIV avec transfert d’embryons congelés sont réellement associées à un risque plus élevé de complications de la grossesse en rapport avec l'hypertension artérielle. De nombreux experts pensent cependant que ce n’est pas la congélation qui est en cause.

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  • 27 Sep 2022
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    L'association entre la fécondation in vitro (FIV) par embryons congelés et l’hypertension artérielle pendant la grossesse est connue depuis quelques temps. Il y a encore un débat sur ce sujet, alors que les transferts d'embryons congelés sont maintenant de plus en plus courants, voire systématiques pour certains médecins (approche dite "freeze-all").

    Dans une très large étude rétrospective nordique, les grossesses issues d'une fécondation in vitro utilisant des embryons congelés semblent être liées à un risque accru de complications secondaires à l'hypertension artérielle (prééclampsie, hypertension…), par rapport à l'utilisation d'embryons frais ou à une grossesse conçue naturellement.

    C'est ce qui ressort d'une étude publiée lundi dans la revue Hypertension, qui porte sur les données de plus de 4,5 millions de grossesses, dans trois pays européens : le Danemark, la Norvège et la Suède.

    Surrisque des FIV associé au transfert d’embryons congelés

    Dans cette très large étude, les chercheurs ont comparé les risques de complications liés à l’hypertension pendant la grossesse dans les différents groupes et il apparaît que le risque de complications de la grossesse liées à l'hypertension artérielle est plus élevé après un transfert d'embryons congelés que lors des grossesses conçues naturellement. Par ailleurs, le risque après transferts d'embryons frais est similaire à celui des grossesses conçues naturellement.

    Le risque non ajusté de complications liés à l’hypertension pendant la grossesse est de 7,4% après un transfert d'embryons congelés et de 4,3% après une conception naturelle, à la fois au niveau de la population (7,4% contre 4,3 %, aOR, 1,74 ; IC à 95%, 1,61-1,89) et au sein des fratries (aOR, 2,02 ; IC à 95%, 1,72-2,39).

    Pour le transfert d'embryons frais, le risque (5,9%) est similaire à celui de la conception naturelle, tant au niveau de la population (aOR, 1,02 [IC à 95%, 0,98-1,07]) qu'au sein de la fratrie (aOR, 0,99 [IC à 95 %, 0,89-1,09]).

    4,5 millions de grossesses danoises, suédoises et norvégiennes

    Les chercheurs de l'Université norvégienne de Trondheim et d'autres institutions européennes ont analysé les registres médicaux des naissances du Danemark entre 1994 et 2014, de la Norvège de 1984 à 2015 et de la Suède de 1985 à 2015. Les registres comprenaient environ 4,4 millions de grossesses conçues naturellement, 78 300 grossesses par un transfert d'embryons frais et 18 037 grossesses par transfert d'embryons congelés.

    Les données montrent également que les grossesses par transfert d'embryons congelés et frais seraient plus fréquemment prématurées : 6,6% des embryons congelés et 8,1% des embryons frais, respectivement, par rapport aux grossesses conçues naturellement, soit 5%.

    Problème de préparation de l’utérus ?

    La nouvelle étude n'a pas évalué ce qui pourrait être à l'origine de cette association entre les transferts d'embryons congelés et les risques liés à l’hypertension artérielle au cours de la grossesse, mais certains médecins spécialistes de la FIV se demandent si cela est vraiment dû à la congélation de l'embryon ou au protocole utilisé pour la préparation de l’utérus en vue du transfert d’embryon.

    L'année dernière, une vaste étude française présentée lors du congrès annuel de l’European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE 2021) a également révélé un risque plus élevé de prééclampsie et d'hypertension lors des grossesses issues d'embryons congelés-décongelés, et le risque s'est même avéré plus élevé lorsque l'utérus était préparé à l'implantation par des traitements hormonaux de substitution.

    Selon différents experts, interrogés par CNN à l’occasion de la parution de cette étude, il existe différents protocoles de préparation de l’utérus au transfert de l’embryon. Or, l'un des protocoles implique le développement d’un kyste du corps jaune, comme dans une grossesse normale, afin de produire de la progestérone, une hormone qui est nécessaire au bon déroulement de la grossesse. Mais cela n’est pas systématique.

    En attendant d’en savoir plus, cette étude et d'autres, montrent que si la technologie du transfert d'embryons congelés a transformé la médecine de la reproduction, le transfert d'embryons congelé ne devrait être effectué que lorsque cela est médicalement nécessaire, et non pour des contingences organisationnelles.

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    JDF