Diabétologie

Diabète gestationnel : effet chez l’enfant après un traitement par metformine durant la grossesse

La metformine est de plus en plus utilisée dans le traitement du diabète gestationnel. Son efficacité sur le diabète n'est plus à prouver mais qu'en est-il de l'impact sur les enfants ? Deux cohortes finlandaises ont évalué différents critères chez des enfants de 9 ans nés de mères ayant eu un diabète gestationnel.

  • Istock/Marcela Vieira
  • 27 Mai 2022
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    La metformine est utilisée de manière croissante pour le traitement du diabète gestationnel dans de nombreux pays, avec une efficacité pouvant être supérieure à l’insuline sur des critères à l’accouchement, et sans tératogénicité démontrée. A partir de deux cohortes finlandaises formées pour des essais randomisés comparant metformine et insuline durant un diabète gestationnel, les enfants issus de ces grossesse ont pu être examinés à l’âge de 9 ans.

    Il n’y avait aucune différence sur leurs données anthropométriques, incluant l’indice de masse corporelle et le tour de taille. En revanche, il y avait une amélioration du bilan lipidique dans le groupe metformine, avec une diminution du LDL-cholestérol (2,39 vs 2,58 mmol/L, p=0,046) et une augmentation du HDL-cholestérol (1,72 vs 1,54 mmol/L, p=0,039).

    Amélioration du bilan lipidique

    En plus d’une diminution du LDL-cholestérol, les enfants dont la mère avait été traitée par metformine plutôt que par insuline durant leur grossesse présentaient également une diminution de l’apolipoprotéine B, un marqueur de risque de maladie coronarienne (0,63 vs 0,67 g/L, p=0,043).

    Concernant le métabolisme glucidique, la glycémie à jeun, l’HbA1c et des index d’insulino-résistance ne différaient pas entre les enfants du groupe metformine et ceux du groupe insuline. En revanche, la glycémie 2 heures après une charge en glucose (HGPO) étaient plus basse de 0,6 mmol/L chez les garçons du groupe metformine (p=0,015).

    Les patients

    Le taux de participation à cette étude à 9 ans de l’accouchement était de 59 % dans un centre (127 sur 214) et 46 % dans le second (45 sur 97). En raison du design de l’étude, 27 % des mères dans le groupe metformine (22 sur 82) avaient également reçu de l’insuline. L’ethnie blanche était presque exclusivement représentée (99 %), sans différence au niveau des caractéristiques à l’inclusion ni à 9 ans chez les parents entre les groupes metformine et insuline (BMI, tabagisme, niveau d’éducation).

    A 9 ans de l’accouchement, un diabète de type 2 était retrouvé chez 13 % des mères dans le groupe metformine, et 14 % dans le groupe insuline. A noter que dans les deux études, il n’y avait pas de différence sur les issues de grossesse et mesures néonatales entre les deux groupes.

    Une supériorité à confirmer

    Il s’agit d’une étude de cohorte, dont le critère de jugement défini à priori était uniquement le taux de macrosomie à l’accouchement. Les critères étudiés dans cette étude à 9 ans de vie des enfants ont été définis à postériori, diminuant donc la significativité des tests statistiques, avec une centaine de p-value calculées. Au minimum, la non-infériorité de la metformine par rapport à l’insuline chez les enfants à 9 ans semble acquise dans ces deux cohortes.

    En revanche, la réelle supériorité sur le plan métabolique reste à confirmer dans d’autres cohortes. De plus, il n’y a pas de données encore disponibles sur le développement neuro-cognitif. Si la metformine reste non indiquée pour le traitement du diabète gestationnel en France, l’accumulation de ce type de données pourrait faire définitivement changer la donne.

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    JDF