Dans la goutte, une application permettrait d’aider les malades à mieux gérer leur traitement hypouricémiant et à atteindre les objectifs, seuls garants de l’efficacité.

Une application a été utilisée pour aider les patients souffrant de la goutte à atteindre les objectifs thérapeutiques recommandés et, ainsi, à correctement contrôler leur maladie. Une équipe de chercheurs de l’Université d’Edimbourg, à l’origine de cette petite étude de faisabilité, pense qu'elle pourrait contribuer à transformer le traitement de la maladie sans accroître la charge de travail des médecins généralistes déjà bien occupés.

Un objectif d'uricémie sous traitement de 0,30 mmol/L (50 mg/L) ou moins, à 24 semaines, est atteint par 29 participants (73%) du groupe de gestion du traitement assistée par l’app GoutSMART, contre 3 participants (15%) du groupe de soins habituels (différence de risque 0,58 ; IC à 95% 0,37-0,78 ; p<0.0001).

Quatre-vingt-dix pour cent des participants ont terminé l'étude sans qu'il y ait de différence entre les deux groupes quant au taux d'abandon ou aux événements indésirables. L'étude a été financée par la Edinburgh and Lothians Health Foundation et est publiée dans la revue médicale The Lancet Rheumatology.

Une étude de faisabilité à confirmer

Cette petite étude randomisée a porté sur 40 patients : 20 d'entre eux ont reçu un appareil pour tester leur taux d'd’uricémie, qui est le facteur de risque le plus important pour développer et contrôler une goutte. Ils ont ensuite utilisé une application pour smartphone, appelée GoutSMART, pour communiquer leurs résultats à une équipe de soins, qui leur a fourni immédiatement des conseils de traitement.

Ces patients ont été comparés à 20 patients affectés au groupe de soins habituels. Les participants du groupe de soins habituels disposaient d'une version limitée de l'application, qui ne permettait de fonctionner que comme un journal de santé, mais leur plan de traitement de la goutte était mis en œuvre par leur médecin généraliste.

Le critère principal était le pourcentage de participants atteignant un taux d'urate cible de 0,30 mmol/L (50 mg/L) ou moins après 24 semaines, et l'analyse a été effectuée en intention de traiter.

Importance du traitement aux objectifs

Dans la goutte, l'amélioration du pourcentage de patients traités aux objectifs est associée à une amélioration du contrôle de la maladie dans les études et à une moindre morbidité. Pourtant, moins de 40% des patients au Royaume-Uni se voient actuellement proposer un traitement de réduction de l’uricémie, et il est généralement mis en place, sans titration, et sans objectifs thérapeutiques.

Il a, par ailleurs, été démontré que, dans les maladies chroniques, les patients peuvent bénéficier d'une aide à l'autogestion de leur maladie. Dans cette étude de faisabilité, contrôlée et randomisée, menée dans un hôpital d'Edimbourg, des patients adultes souffrant de goutte et ayant reçu une recommandation d'un médecin pour l'initiation ou l'augmentation d'un traitement de réduction de l’uricémie ont été améliorés par cet auto-traitement assisté à 24 semaines.

Le fait d'aider les patients à prendre en charge leur propre maladie goutteuse est capable de permettre à plus de malades d’atteindre les objectifs thérapeutiques, et l'approche développée par les chercheurs de l’Université d’Edimbourg offre un moyen d'y parvenir sans accroitre la charge de travail d’un service de santé déjà débordé. Cependant, des essais de plus grande envergure sont désormais nécessaires pour évaluer la rentabilité clinique et économique de cette approche.