Des arguments scientifiques existent en faveur de l’efficacité de l’ostéopathie dans différents types de douleurs musculo-squelettiques aiguës et chroniques. Les preuves manquent chez l’enfant et pour les douleurs abdominales et céphaliques.

Les médecines alternatives, dont l’ostéopathie, sont un des éléments incontournables de la santé en France et quelle que soit l’opinion des uns et des autres à leur sujet, il ne sert à rien de s’y opposer, mais il faut les évaluer. C’est exactement ce qu’a fait une équipe de chercheurs italiens en ré-analysant toutes les études scientifiques disponibles et leur conclusion est assez claire.

Il existe des « arguments prometteurs » en faveur d’une efficacité de l'ostéopathie sur le soulagement de la douleur dans différents troubles musculo-squelettiques.

En revanche, les preuves de son intérêt chez les enfants et pour le traitement de la migraine ou du syndrome du côlon irritable sont peu nombreuses ou peu concluantes. Les résultats de l'étude sont publiés dans la revue BMJ Open.

Intérêt potentiel dans les douleurs musculosquelettiques

L’analyse de ces données indique que l'ostéopathie est plus efficace que d'autres approches alternatives pour réduire la douleur et améliorer la fonction physique dans les douleurs aiguës et chroniques non spécifiques du rachis lombaire et cervical, ainsi que dans les douleurs chroniques non-associées au cancer.

Selon les études, les groupes comparateurs comprenaient un traitement factice (placebo), une ostéopathie fictive, une thérapie par le toucher léger, une absence de traitement, une liste d'attente, un traitement médicamenteux conventionnel, une physiothérapie ou d'autres formes de médecine alternative.

Cependant, en raison de la petite taille des échantillons, de résultats contradictoires et de grandes variations dans la conception des études, le niveau de preuves de l'efficacité de l'ostéopathie chez les enfants souffrant de diverses affections, allant du trouble déficit de l'attention avec hyperactivité, à l'asthme et aux coliques infantiles, en passant par le traitement de la migraine et du syndrome du côlon irritable chez l’adulte, sont limitées ou non concluantes.

Aucun effet secondaire grave associé à l’ostéopathie n'a été signalé dans les sept analyses systématiques qui les ont spécifiquement évalués, bien que deux seulement aient défini la manière dont cette analyse a été conduite.

Une analyse bibliographique

Les chercheurs ont donc voulu évaluer la sécurité et l’efficacité de l’ostéopathie dans différentes pathologies. Ils ont parcouru les bases de données de recherche pour trouver des examens systématiques et des analyses de données groupées (méta-analyses) d'essais cliniques contrôlés randomisés pertinents, publiés jusqu'en novembre 2021.

Seuls les essais menés par des médecins ayant une formation en ostéopathie ou des ostéopathes ont été inclus. L’analyse a permis de découvrir neuf revues systématiques ou méta-analyses réalisées entre 2013 et 2020, impliquant 55 essais primaires et 3740 participants.

Les examens systématiques ont fait état de l'utilisation de l'ostéopathie dans un large éventail de conditions, y compris la lombalgie aiguë et chronique non spécifique, la cervicalgie chronique non spécifique, la douleur chronique non cancéreuse, les maux de tête primaires et le SII.

Une technique utilisable sur les rachialgies non-spécifiques

L'ostéopathie, qui consiste à manipuler physiquement les tissus et les os du corps et qui a été développée pour la première fois à la fin du XIXe siècle aux États-Unis, repose sur le principe selon lequel la structure (anatomie) et la fonction (physiologie) du corps d'une personne sont étroitement liées. Elle vise à réparer les déséquilibres dans cette relation. Comme d'autres formes de médecine alternative, l'ostéopathie a gagné en popularité au cours de la dernière décennie, notamment pour le traitement des troubles musculo-squelettiques.

Selon les chercheurs, cette analyse bibliographique suggère que l'ostéopathie pourrait être efficace dans la prise en charge des troubles musculo-squelettiques, notamment en ce qui concerne les lombalgies chroniques non spécifiques et les lombalgies chez les femmes enceintes ou celles qui viennent d'accoucher.

Néanmoins, sur la base du faible nombre d'études, dont certaines sont de qualité médiocre, cette analyse souligne la nécessité d'effectuer d'autres méta-analyses bien conduite et surtout des essais cliniques obéissant aux recommandations méthodologiques spécifiques pour les traitements non pharmacologiques, afin de mieux définir l'utilisation éventuelle de l'ostéopathie dans ses indications les plus pertinentes et en toute sécurité.