Neurologie

Démence : effet protecteur potentiel de la prise de lithium

Dans une étude de cohorte rétrospective, le lithium serait associé à un risque plus faible de démence, y compris un risque plus faible de maladie d’Alzheimer et de démence vasculaire.

  • ThitareeSarmkasat/istock
  • 25 Mar 2022
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    La démence est une cause importante de handicap et de décès dans les populations occidentales âgées. Les interventions préventives qui pourraient retarder l'apparition de la démence, même modestement, auraient un impact majeur de santé publique. Bien qu’il n'existe aucun traitement efficace de la maladie, le lithium a été proposé comme étant un traitement de fond potentiel, sur la base de petites analyses.

    Selon une étude de cohorte rétrospective comparant des patients traités par le lithium et des personnes appariées sans lithium, une association entre la prise de lithium et une diminution du risque de développer une démence a été constatée. Cette association pourrait durer dans le temps. Cette étude est publiée dans PLOS Medicine.

    Réduction du risque de démence

    Dans cette cohorte, 29 618 patients, dont 548 prenant du lithium, ont été inclus (âge moyen de 73,9 ans). Dans la cohorte exposée, 9,7% des patients ont eu un diagnostic de démence (n=53), dont 6,8% de maladie d'Alzheimer (n=36) et 2,6% de maladie d'Alzheimer (n=13). Dans la cohorte non exposée, les chiffres correspondants étaient : 11,2% pour la démence (n=3 244), 8,1% pour la maladie d'Alzheimer (n=2 276) et 2,6% pour la démence vasculaire (n=698).

    Après ajustement sur les facteurs sociodémographiques, le tabagisme, les autres médicaments, les autres comorbidités mentales et les comorbidités physiques, la prise de lithium serait associée à un risque plus faible de démence (HR = 0,56, IC à 95% 0,40 à 0,78), y compris de maladie d'Alzheimer (HR = 0,55, IC à 95% 0,37 à 0,82) et de démence vasculaire (HR = 0,36, IC à 95% 0,19 à 0,69).

    Effet potentiel à long terme

    Dans cette étude rétrospective, le lithium semble avoir un effet protecteur chez les utilisateurs de lithium à court terme (exposition ≤ 1 an) et à long terme (exposition > 5 ans) ; l'absence de différence pour les durées intermédiaires pourrait être due à un manque de puissance du fait de la petite taille de l’échantillon, mais il y a des preuves d'un bénéfice supplémentaire avec des durées d'exposition plus longues.

    Les patients sous lithium sont plus susceptibles d'être mariés, en concubinage ou en partenariat civil, d'être fumeurs ou anciens fumeurs, d'avoir utilisé des antipsychotiques et de souffrir de dépression, de manie ou de trouble bipolaire, d'hypertension, de maladie vasculaire centrale, de diabète sucré ou d'hyperlipidémie.

    Aucune différence significative entre les deux groupes n'a été observée pour les autres facteurs, notamment l'âge, le sexe et les troubles liés à l'alcool.

    Une étude rétrospective

    Il s'agit d'une étude de cohorte rétrospective, comparant les patients traités entre le 1er janvier 2005 et le 31 décembre 2019, et constituée à partir des données des dossiers cliniques électroniques des services de soins secondaires de santé mentale (MH) du Cambridgeshire and Peterborough NHS Foundation Trust (CPFT), au Royaume-Uni (bassin de population d'environ 0,86 million de personnes).

    Les patients éligibles étaient ceux âgés de 50 ans ou plus à l’inclusion et qui avaient au moins 1 an de suivi, à l'exclusion des patients ayant reçu un diagnostic de déficience cognitive légère ou de démence avant, ou moins d'un an après, leur date de début.

    L'intervention était la prise de lithium qui a concerné des malades souffrant de trouble bipolaire dans 73% des cas. Les critères principaux sont la démence et ses sous-types, diagnostiqués et classés selon la Classification Internationale des Maladies-10ème Révision (CIM-10).

    Le trouble bipolaire est un facteur de risque de démence

    La principale limite de cette étude rétrospective est que 73% des patients du groupe exposé au lithium avait un trouble bipolaire à l’inclusion, maladie qui est un facteur de risque important de démence. Cependant, ce facteur confondant potentiel aurait dû provoquer une augmentation de la démence dans le groupe sous lithium, alors que c’est tout l’inverse qui a été observé, et l'analyse de sensibilité confirme les analyses primaires. Cependant, considérant la nature spécifique du groupe de patients exposés au lithium, cela signifie qu'il faut être prudent avant de généraliser ces résultats à la population générale.

    Une autre limite est que la taille de l'échantillon de patients prenant du lithium était faible, ce qui se reflète dans les intervalles de confiance larges pour les résultats relatifs à certaines durées d'exposition au lithium, bien que là encore les analyses de sensibilité soient restées cohérentes avec les analyses primaires.

    En pratique

    Les résultats de cette étude rétrospective sont en faveur du caractère protecteur de la prise régulière de lithium avec la possibilité qu’il puisse diminuer le risque de développer une démence, quel que soit son type.

    Cela confirme la nécessité de mener des essais prospectifs randomisés pour tester l'efficacité du lithium en tant que traitement de fond de la démence.

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    JDF