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Santé et Présidentielle : ne pas négliger la part des inégalités sociales

La campagne présidentielle a commencé et, après la crise de l’hôpital et la pandémie Covid-19, ce doit aussi être un temps d’échange sur les projets de la Santé. Nous avons interrogé les candidats et des représentants de la société civile pour avoir leurs propositions. Aujourd’hui, le texte du Dr Nicolas Leblanc, médecin de santé publique, et co-auteur d’un livre sur l’impact des inégalités sociales sur la santé.

  • sefa ozel/istock
  • 16 Mar 2022
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    Le Dr Nicolas Leblanc est médecin de santé publique et élu local en charge du projet de territoire de santé de Fontenay-sous-Bois. Il est l’auteur, avec le Pr Alfred Spira, médecin et professeur d’épidémiologie, d’un livre sur le problème des inégalités sociales dans la santé : « Santé. Les inégalités tuent », aux éditions du Croquant.

     

    Le « syndrome de la vie de merde » tue. En 2012-2016, en France, la différence d’espérance de vie à la naissance, entre les 5% d’hommes ayant les revenus les plus faibles et les 5% ayant les revenus les plus élevés, est de 13 ans.

    Comprendre les déterminants de santé et comprendre comment les facteurs sociaux façonnent les vies, les corps et les comportements, permet d’envisager les solutions. Nos modes d’organisation éducative, socioéconomique et politique ont, en effet, des conséquences multiples, et notamment sur la santé.

    Le facteur-clé des inégalités sociales

    Au milieu du 19e siècle un médecin français, Villermé, fit une découverte qui allait révolutionner les représentations : la durée de vie, ce que l’on nomme aujourd’hui l’espérance de vie, est bien moins déterminée par des « forces occultes » (les vents, les humeurs, les astres…) ou la volonté divine, que par « l’aisance », le niveau des revenus et d’éducation, la profession et l’habitat.

    Ce qui fut vrai naguère le demeure aujourd’hui, même si le relief des conditions de vie a changé. La pandémie Covid-19 est riche d’enseignements en la matière.

    Comprendre ce que recouvre les inégalités sociales de santé, en appréhender les causes et les effets montre combien l’accès à la santé et aux soins est une préoccupation certes, mais parmi tant d’autres qui peuvent faussement sembler plus importantes ou immédiates.

    Le panorama rapide des risques sociaux pour la santé en France que les auteurs ont dressé est éloquent. Ce sont les inégalités de revenus, d’éducation, des avantages sociaux et de la protection de soi qui sont responsables de ces inégalités devant la maladie et la mort.

    Mettre en jeu le politique et le social

    L’ampleur du problème exclut les recettes miracles. Cependant pour éviter tout fatalisme, les auteurs proposent quelques pistes qui relèvent plus du champ politique et social que de la biologie et de la médecine. La première d’entre elles consiste à mettre le sujet des inégalités en santé et dans les soins très haut dans l’agenda politique.

    La deuxième repose sur la nécessaire cohérence des nombreuses politiques publiques sur ce qui détermine la santé de nos concitoyens, telles que la protection de la santé maternelle et infantile, l’éducation, les politiques de revenus, l’exposition aux risques pour la santé dans tous les actes de la vie quotidienne professionnelle et privée. Cela commence par la mesure d’impact en santé de tous nos modes d’organisation collectifs et la mise en place d’interventions qui ont scientifiquement montré leur efficience.

    La troisième réside dans la mobilisation des acteurs, de tous les acteurs du champ de la santé ensemble, au plus près des populations, la place des citoyens et des territoires de vie et de travail occupant une situation prépondérante.

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    JDF