Infectiologie

Covid-19 : un nouvel antiviral oral réduirait de 89% les hospitalisations

Chez des patients à risque de forme grave de la Covid-19 et infectés depuis moins de 3 jours par le SARS-CoV-2, le PF-07321332, un nouvel antiviral produit par Pfizer, en association au ritonavir, permettrait de réduire de 89% le risque d’hospitalisation.

  • Massimo Giachetti/istock
  • 05 Novembre 2021
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    Alors qu’avec le retour des températures froides dans l’hémisphère Nord, l’épidémie de Covid-19 repart en Europe et que les hospitalisations de personnes non-vaccinées remontent, le laboratoire Pfizer a annoncé via un communiqué de presse que l’étude EPIC-HR sur le PF-07321332, son nouvel antiviral contre la Covid-19, a été interrompue prématurément par le comité indépendant de surveillance en raison de résultats exceptionnellement positifs.

    D'après une analyse intermédiaire (prévue dans le protocole) de l'étude EPIC-HR (Evaluation of Protease Inhibition for Covid-19 in High-Risk Patients), le Paxlovid® (PF-07321332), associé au ritonavir, réduirait de manière très significative le nombre d'hospitalisations et de décès. Cet essai clinique randomisé en double aveugle, de phase 2/3, a été mené chez des adultes non-hospitalisés, avec une preuve d’infection par le SARS-CoV-2, et avec un risque élevé d'évolution vers une forme grave de la Covid-19.

    L'analyse intermédiaire programmée a montré une réduction de 89% du risque d'hospitalisation ou de décès (quelle qu'en soit la cause) lié à la Covid-19, par rapport au placebo, chez les patients traités dans les trois jours suivant l'apparition des symptômes (critère principal) avec une prise 2 fois par jour pendant 5 jours.

    Un nouvel antiviral spécifique en association

    Le Paxlovid® est un traitement antiviral expérimental à type d'inhibiteur de protéase du SARS-CoV-2, spécifiquement conçu pour être administré par voie orale afin qu'il puisse être prescrit dès les premiers signes d'infection ou même dès la révélation d'une exposition au SARS-CoV-2 (prophylaxie).

    Cette molécule était jusqu’à maintenant connue sous le code PF-07321332 et elle bloque l'activité de la protéase du SARS-CoV-2-3CL, une enzyme dont le coronavirus a besoin pour se répliquer. L'administration concomitante d'une faible dose d’un autre antiviral déjà disponible, le ritonavir permettrait de ralentir le métabolisme ou la dégradation du PF-07321332 afin qu'il reste actif dans l'organisme pendant plus longtemps et à des concentrations plus élevées pour combattre le virus.

    L’efficacité dépend de la précocité de la prise

    Dans EPIC-HR, 0,8% des patients ayant reçu PF-07321332 ont été hospitalisés au 28e jour suivant la randomisation (3/389 hospitalisés sans décès), contre 7,0% des patients ayant reçu le placebo (27/385 hospitalisés avec 7 décès ultérieurs). La significativité statistique de ces résultats est élevée (p<0,0001).

    Des réductions similaires des hospitalisations ou des décès liés à la Covid-19 (85%) ont été observées chez les patients traités un peu plus tard, dans les cinq jours suivant l'apparition des symptômes, avec 1,0% des patients ayant reçu le PF-07321332 hospitalisés au 28ème jour suivant la randomisation (6/607 hospitalisés, sans décès), contre 6,7% des patients ayant reçu un placebo (41/612 hospitalisés avec 10 décès ultérieurs) (p<0,0001).

    Dans cette analyse intermédiaire, dans la population globale de l'étude et jusqu'au 28e jour, aucun décès n'a été signalé chez les patients ayant reçu le PF-07321332, comparativement à 10 décès (1,6%) chez les patients ayant reçu un placebo.

    Des données de sécurité rassurantes

    L'examen des données de sécurité a porté sur une cohorte plus importante comprenant 1881 patients de l'étude EPIC-HR, et dont les données étaient disponibles au moment de l'analyse.

    Les effets indésirables apparus en cours de traitement sont comparables entre le PF-07321332 (19%) et le placebo (21%), la plupart d'entre eux étant d'intensité légère. Parmi les patients évaluables pour les effets indésirables apparus pendant le traitement, moins d'effets indésirables graves (1,7 % contre 6,6 %) et d'arrêts du médicament à l'étude en raison d'effets indésirables (2,1 % contre 4,1 %) sont observés chez les patients ayant reçu le PF-07321332 par rapport au placebo, respectivement.

    D’autres études encore en cours

    Le recrutement de l'étude EPIC-HR de phase 2/3 a débuté en juillet 2021. Les études de phase 2/3 EPIC-SR (Evaluation of Protease Inhibition for COVID-19 in Standard-Risk Patients) et EPIC-PEP (Evaluation of Protease Inhibition for COVID-19 in Post-Exposure Prophylaxis), qui ont débuté respectivement en août et septembre 2021, n'ont pas été inclues dans cette analyse intermédiaire et se poursuivent.

    L'analyse primaire de l'ensemble des données intermédiaires de EPIC-HR a évalué les données de 1219 adultes qui étaient inclus au 29 septembre 2021. Au moment de la décision d'arrêter le recrutement des patients, le recrutement atteignait 70% des 3 000 patients prévus.

    Les malades recrutés avaient un diagnostic confirmé en laboratoire d'infection par le SARS-CoV-2 avec des symptômes légers à modérés depuis moins de cinq jours et devaient avoir au moins un facteur de risque ou une comorbidité associée à un risque accru de développer une forme grave de la Covid-19. Chaque malade a été randomisé (1:1) pour recevoir, soit le PF-07321332, soit un placebo, par voie orale toutes les 12 heures pendant cinq jours (en association au ritonavir.

    Il s'agit du deuxième traitement de ce type à démontrer des résultats positifs sur la réduction des hospitalisations pour Covid-19 chez les malades à risque, après le traitement développé par Merck et autorisé jeudi au Royaume-Uni. Pfizer a déposé une demande d’AMM en urgence aux USA auprès de la FDA. Un antidépresseur repositionné, la fluvoxamine, pourrait également réduire ce risque d'hospitalisation. On attend avec impatience la publication scientifique

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