Pneumologie

Asthme sévère : importance de la mesure de la FeNO et des éosinophiles dans la résistance aux corticoïdes

L'absence de réduction de la FeNO sous corticoïdes inhalés identifie des asthmes sévères de types deux résistants aux corticoïdes, d’où l’importance de mesurer la FeNO et les éosinophiles. D’après un entretien avec Anh-Tuan DINH XUAN.

  • 09 Sep 2021
  • A A

    Une étude transversale, dont les résultats sont parus en juin 2021 dans l’American Journal of Respiratory Critical Care, a cherché à démontrer l’intérêt de la mesure de la Fe NO comme biomarqueurs chez des sujets asthmatiques très sévères. Au total, 74 patients ont été inclus. Une corrélation avec le taux d’éosinophiles a également été réalisée. La réponse à la corticothérapie a été évaluée. L’inflammation de type 2 semble être reflétée par la Fe NO. Sa non-réduction est corrélée à la résistance aux corticoïdes inhalés.

    Une observation à la fois du Fe NO et des éosinophiles

    Le professeur Anh-Tuan DINH XUAN, chef de service en pneumologie à l’hôpital Cochin, rappelle que la Fe NO est surtout connue comme étant un biomarqueur fiable de l’inflammation bronchique et de la réponse aux corticoïdes chez les patients asthmatiques. En effet, l’augmentation de la FeNO est corrélée à une inflammation bronchique qui, une fois traitée par les corticoïdes inhalés ou oraux, entraine une diminution de la FeNO. Or, certains sujets asthmatiques ne répondent pas à la corticothérapie et la FeNO ne diminue pas. Ces patients sont cortico-résistants. Dans cette étude, un groupe d’asthmatiques sévères ne répondant pas aux corticoïdes, même à de fortes doses, a été évalué. Anh-Tuan DINH XUAN souligne que l’originalité de cette étude réside dans le fait que les éosinophiles ont été également mesurés par expectoration induite et le sérum ainsi que les cytokines présentes dans le sérum et l’expectoration induite (IL2, chémokines…). Chez les asthmatiques sévères dont la FeNO ne diminue pa , on observe également une concentration importante de ces cytokines dans les bronches et le sang circulant. Les corticoïdes n’agissent pas car ces molécules ne sont pas actrices de l’inflammation. Les éosinophiles eux, sont corrélés avec la FeNO mais pas avec les cytokines, sauf l’IL5 sérique. Anh-Tuan DINH XUAN conclue donc que l’éosinophilie sanguine et la FeNO reflètent deux aspects différents de l’inflammation de type 2. La FeNO semble refléter plus fidèlement l’inflammation de type 2.

    Une meilleure compréhension de l’importance du FeNO

    Anh-Tuan DINH-XUAN explique que ce travail permet de mieux comprendre pourquoi la FeNo reste élevée malgré de fortes doses de corticoïdes chez les asthmatiques sévères et a également le mérite d’avoir mesuré toutes les cytokines, ce qui n’est pas simple. Cela renforce l’idée qu’il vaut mieux mesurer la FeNO et les éosinophiles sanguins car ces deux biomarqueurs ne mesurent pas la même chose. Ces patients asthmatiques sévères justifient d’un traitement par biothérapie.  Anh-Tuan DINH XUAN précise également qu’en raison du faible nombre de patients inclus, appartenant à une population spécifique et observants, une étude longitudinale serait nécessaire, en lien avec l’industrie pharmaceutique qui commercialise les biothérapies, afin de mesurer les cytokines des expectorations induites, puisqu’elles sont corrélées avec la FeNO.

    En conclusion, ce travail démontre l’intérêt de mesure la FeNO et les éosinophiles circulants chez les patients asthmatiques sévères afin de déterminer un sous-groupe résistant aux corticoïdes, qui pourrait bénéficier de bithérapie.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF