Infectiologie

Ivermectine : pas d’impact significatif sur la durée des symptômes de la Covid-19

Chez les adultes souffrant d’une forme modérée de la Covid-19, une cure de cinq jours d'ivermectine n'améliore pas significativement le délai de résolution des symptômes par rapport à un placebo.

  • Sergio Yoneda/istock
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  • 04 Mar 2021
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    Le repositionnement des molécules thérapeutiques disponibles est nécessaire pour essayer d’améliorer le traitement des malades souffrant de la Covid-19. L'ivermectine, un médicament antiparasitaire contre la gale et l'oncocercose, largement utilisé et ayant un profil de sécurité favorable, agit in vitro sur différents sites de liaison des protéines pour réduire la réplication virale.

    En raison de la démonstration de son activité antivirale contre le SARS-CoV-2 in vitrotrès fortes doses cependant) et dans des modèles animaux, l’ivermectine a suscité l'intérêt de la communauté scientifique internationale et de quelques décideurs politiques, en particulier après la publication de quelques études observationnelles.

    Pas de raccourcissement des symptômes

    Cet essai randomisé EPIC (Estudio ParaEvaluar la Ivermectina en COVID-19), publié dans le JAMA, est basé sur le postulat que l'ivermectine accélérerait le rétablissement des malades souffrant de formes modérées de la Covid-19 lorsque cette molécule antiparasitaire est administrée pendant les premiers jours de l'infection, à un moment où la réplication virale est particulièrement active.

    Dans cet essai en double aveugle versus placebo, qui a inclus 476 adultes souffrant des symptômes modérés de la Covid-19, une cure de 5 jours d'ivermectine initiée dans les 7 premiers jours après la preuve de l'infection n'améliore pas significativement la durée des symptômes (temps médian de résolution des symptômes, 10 contre 12 jours ; rapport de risque pour la résolution des symptômes, 1,07).

    Pas de différence significative

    Le délai de résolution des symptômes chez les patients ayant reçu l'ivermectine n’est pas significativement différent par rapport au placebo (médiane, 10 jours contre 12 jours ; différence, -2 jours [IQR, -4 à 2] ; HR pour la résorption des symptômes, 1,07 [IC 95%, 0,87 à 1,32] ; p=0,53). Dans les groupes ivermectine et placebo, les symptômes ont disparu au 21e jour chez 82% et 79% des patients, respectivement.

    Au total, 154 patients (77%) du groupe ivermectine et 161 (81,3%) du groupe placebo ont signalé des effets indésirables entre la randomisation et le 21e jour. Quinze patients du groupe ivermectine (7,5%) contre 5 patients du groupe placebo (2,5 %) ont abandonné le traitement en raison d'un effet indésirable. Des effets indésirables graves ont été signalés chez 4 patients, 2 dans chaque groupe, mais aucun n'a été considéré par les investigateurs comme étant lié à l’ivermectine.

    Des doses quotidiennes

    Les patients de l'étude ont reçu 300 μg/kg de poids corporel par jour d'ivermectine orale ou un placebo pendant 5 jours. Sur les 476 patients qui ont été randomisés, 238 ont reçu de l'ivermectine et 238 un placebo. Des doses quotidiennes ont été utilisées dans cet essai parce que les modèles pharmacocinétiques avaient montré des concentrations pulmonaires plus élevées avec un dosage quotidien par rapport à une administration intermittente, et se sont révélés bien tolérés.

    Les patients des deux groupes randomisés sont équilibrés au niveau des caractéristiques démographiques et de la maladie au départ. L'âge médian des patients est de 37 ans (intervalle interquartile [IQR],29-48), 231 (58%) sont des femmes, et 316 (79%) n'avaient aucune comorbidité connue à l'inclusion.

    Probablement pas efficace aux doses tolérables

    Cette étude ne trouve aucun effet significatif de l'ivermectine sur les autres mesures cliniques évaluées lors du traitement de la Covid-19. Bien qu'une proportion numériquement plus faible de patients traités par l'ivermectine ait nécessité une intensification des soins (2,0% avec l'ivermectine contre 5,0% avec le placebo), la différence n’est pas statistiquement significative et est atténuée dans une analyse post hoc après exclusion de 4 patients qui ont été hospitalisés seulement 3 heures après la fin du traitement.

    Selon les auteurs, ces résultats ne sont pas en faveur de l'utilisation de l'ivermectine pour le traitement des formes modérées de la Covid-19. D’autres essais plus importants peuvent être nécessaires pour comprendre les effets de l’ivermectine sur d'autres critères cliniques pertinents.

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    JDF