Rhumatologie

Lombalgie chronique : facteurs de risques de chronicisation d’une lombalgie aiguë

Le pourcentage d’évolution d’une lombalgie aiguë vers une lombalgie chronique est important, près de 30%. Ce taux de chronicisation augmenterait avec l’intensité du traitement initial, certains facteurs de risque et l'exposition précoce à des soins non conformes aux recommandations.

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  • 16 Fév 2021
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    La lombalgie aiguë est très fréquente, une des causes les plus fréquentes de consultation, et a un pronostic plutôt favorable en moins de 3 mois. A l’inverse, la lombalgie chronique, moins fréquente puisqu’elle représenterait 10 à 15% des lombalgies, représenterait la majorité du handicap lié à la lombalgie et des dépenses de santé.

    Les taux de conversion de la lombalgie aiguë vers la lombalgie chronique varient considérablement en raison de l'absence de définitions normalisées des groupes à risque et des soins.

    Une large étude en soins primaires, parue sur JAMA Network Open, objective un taux de chronicisation des lombalgies aiguës de près d’un tiers, un pourcentage beaucoup plus important qu’envisagé ! De plus, non seulement des facteurs de risques classiques sont associés à une augmentation du risque de chronicisation, mais un traitement initial inadéquat et discordant par rapport aux recommandations est un risque majeur d’évolution vers une lombalgie chronique.

    Un patient sur 3 est à risque

    Le taux global à six mois de passage d’une lombalgie aiguë à la chronicité est de 32% dans cette vaste cohorte prospective (1 666 patients).

    En analyse multivariée, le niveau d’intensité du traitement initial est positivement associé à un plus grand risque de passage à une lombalgie chronique (rapport de cotes ajusté [aOR], 2,45 ; IC 95%, 2,00-2,98 ; P<0,001).

    Après contrôle de toutes les autres variables, les patients exposés à 1, 2 ou 3 stratégies de soins non cohérentes avec les recommandations, au cours des 21 premiers jours, ont 1,39 (IC à 95%, 1,21-2,32), 1,88 (IC à 95 %, 1,53-2,32) et 2,16 (IC à 95 %, 1,10-4,25) fois plus de risques de développer une lombalgie chronique que ceux qui n’ont pas eu de traitement inadapté (P<0,001).

    Des caractéristiques cliniques mieux définies

    Les caractéristiques cliniques des patients qui sont associées à un plus grand risque de passage à la chronicité sont : l'obésité (aOR, 1,52 ; IC à 95%, 1,28-1,80 ; P<0,001) ; un tabagisme (aOR, 1,56 ; IC à 95%, 1,29-1,89 ; P< 0. 001), un niveau important de handicap initial (grave = aOR, 1,82 ; IC à 95%, 1,48-2,24 ; P<0,001 ou très grave = aOR, 2,08 ; IC à 95%, 1,60-2,68 ; P<0,001) et une dépression/anxiété diagnostiquée (aOR, 1,66 ; IC à 95%, 1,28-2,15 ; P<0,001).

    Une vaste cohorte en médecine générale

    Cette étude de cohorte initiale a été menée sur des patients adultes souffrant de lombalgie aiguë et qui ont été recrutés dans 77 cabinets de soins primaires dans 4 régions des États-Unis entre mai 2016 et juin 2018. Ils ont ensuite été suivis pendant 6 mois.

    Au total, 5 233 patients souffrant d'une lombalgie aiguë (3 209 femmes [58 %] avec un âge moyen [écart-type] de 50,6 ans [16,9] ; 1 788 [34 %] à faible risque ; 2 152 [41 %] à risque moyen ; et 1 293 [25 %] à risque élevé) ont été inclus. L’analyse a été ajustée en fonction du niveau de risque à l’inclusion.

    Cette étude confirme que non seulement des facteurs cliniques liés aux malades, mais aussi des erreurs thérapeutiques liées aux médecins, sont associées à un plus grand risque de passage à la chronicité.

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    JDF