Cardiologie
Risque cardiovasculaire : 1er essai humain sur le microbiote intestinal
Akkermansia muciniphila, une bactérie naturellement présente dans l’intestin, pourrait jouer un rôle majeur dans la diminution de plusieurs facteurs de risque de maladies cardiovasculaires. C'est la première fois qu'une étude en démontre l'intérêt en prospectif chez l'homme.
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Une "découverte majeure". C’est ainsi que l’équipe de recherche de l’Université catholique de Louvain, en Belgique, a qualifié les résultats de sa dernière étude clinique portant sur une bactérie intestinale qui réduit plusieurs facteurs de risque cardiovasculaire. Appelée Akkermansia muciniphila, cette bactérie fait partie du microbiote du tube digestif humain et l'utilisation de sa forme pasteurisée est porteuse d’espoir dans la prévention de certaines pathologies, à commencer par les maladies cardiovasculaires.
Dans une étude dévoilée lundi 1er juillet dans Nature Medicine, l’équipe de chercheurs dirigée par Patrice Cani, chercheur au Louvain Drug Research Institute de l’UCLouvain et maître de recherche FNRS, a mis en évidence le rôle de la bactérie Akkermansia muciniphila dans la réduction de plusieurs facteurs de risque de maladies cardiovasculaires, mais aussi dans la limitation de la progression du pré-diabète de type 2 et la réduction du taux de cholestérol chez l’humain.
Un premier essai clinique sur l’humain
Les recherches sur la bactérie Akkermansia muciniphila ont débuté en 2007, quand les chercheurs ont découvert qu’elle était capable d’atténuer le développement de l’obésité et du diabète de type 2 chez la souris. Dix ans plus tard, la même équipe a démontré, toujours chez la souris, que l’utilisation d’une forme pasteurisée de la bactérie offrait une protection encore plus efficace que la bactérie vivante contre divers facteurs de risque de maladies cardiovasculaires tels que l'insulinorésistance, l'hypercholestérolémie ou le stockage de graisse dans le tissu adipeux.
Suite à ces découvertes, l’équipe de l’UCLouvain a développé une première étude clinique sur l’humain. Pendant trois mois, ils ont testé la bactérie sur des volontaires en surpoids ou obèses avec une résistance à l’insuline (pré-diabète de type 2) et un syndrome métabolique. Ces derniers ont, soit reçu un placebo, soit la bactérie vivante, soit la bactérie pasteurisée sous forme de complément alimentaire. Il leur a été demandé de ne pas modifier leurs habitudes alimentaires ou leur activité physique.
Un complément alimentaire dès 2021
Cette étude confirme clairement les résultats observés chez la souris : l’ingestion de la bactérie pasteurisée a empêché la détérioration de l'état de santé des sujets, notamment le pré-diabète et l’augmentation des risques cardiovasculaires. Mieux encore, les chercheurs ont observé une diminution des marqueurs d'inflammation dans le foie, une légère diminution du poids corporel des sujets (2,3 kg en moyenne) ainsi qu'une baisse du taux de cholestérol. En revanche, les paramètres métaboliques (insulinorésistance ou hypercholestérolémie) chez les sujets placebo ont continué de se détériorer avec le temps.
Pour les chercheurs, cette étude pilote est importante car elle "démontre la faisabilité de l'administration de la bactérie Akkermansia pasteurisée chez l'homme sous forme de complément alimentaire et fait état de résultats encourageants sur l'efficacité des compléments alimentaires à base d'Akkermansia pour réduire les facteurs de risque cardio-métabolique", précise le communiqué de presse.
Désormais, les chercheurs souhaitent mener une étude prospective à grande échelle pour confirmer ces résultats et entériner la commercialisation de la bactérie Akkermansia comme complément alimentaire d’ici 2021.








