Hématologie
Tumeurs à cellules dendritiques plasmacytoïdes : intérêt majeur d’une thérapie ciblée
Une nouvelle thérapie ciblée anti CD-123 apporte un taux de réponse globale de 90% en première ligne dans les tumeurs à cellules dendritiques plasmacytoïdes. Une révolution pour une tumeur rare mais grave.
- KatarzynaBialasiewicz/istock
Pour la première fois, une nouvelle molécule, le tagraxofusp, donne des taux de réponse élevés (90%) en première ligne chez des malades souffrant de tumeurs à cellules dendritiques plasmacytoïdes blastiques (BPDCN), une tumeur surtout cutanée, rare mais à risque de transformation leucémique souvent fatale, car elle ne dispose d’aucun traitement efficace actuellement.
Les résultats de l'étude ont été publiés dans le New England Journal of Medicine. L'étude est la plus vaste étude clinique multicentrique et multicycles conçue prospectivement et dédiée spécifiquement aux patients atteints de BPDCN. Elle marque un tournant dans le traitement de cette maladie.
Un nouveau traitement ciblé
Le tagraxofusp est un nouveau traitement ciblé dirigé contre le CD-123, un récepteur de surface, exprimé dans la presque totalité des tumeurs à cellules dendritiques plasmacytoïdes blastiques et d'autres hémopathies. Le médicament fait également l'objet d'autres essais cliniques, notamment chez des patients atteints de leucémie myélomonocytaire chronique (LMCM) et de myélofibrose.
Le tagraxofusp a été approuvé par la Food and Drug Administration américaine en décembre pour le traitement des tumeurs à cellules dendritiques plasmacytoïdes blastiques chez les adultes et les enfants de plus de 2 ans.
Une étude multicentrique
Quarante-sept patients dont l'âge médian était de 70 ans ont été recrutés dans l'étude. Parmi ces patients, 32 ont reçu le tagraxofusp comme traitement de première intention et 15 avaient déjà reçu un traitement de référence et l’ont reçu en traitement de rechute ou parce que la tumeur était réfractaire.
Le suivi médian a été de 13,8 mois et le traitement a été poursuivi jusqu'à ce que la maladie progresse ou que les effets secondaires soient inacceptables. Le critère principal est le taux combiné de réponse complète et de réponse clinique complète chez les patients qui n'avaient jamais reçu de traitement auparavant.
Des résultats en 1ère et en 2ème ligne
En première ligne, le critère principal a été obtenu chez 72% des malades, avec un taux de réponse global de 90%. Parmi ces patients, 45% ont ensuite pu avoir une greffe de cellules souches. Les taux de survie à 18 et 24 mois sont respectivement de 59% et 52%.
Chez les 15 patients qui avaient déjà été traités auparavant (2ème ligne), le taux de réponse est de 67% et la survie globale médiane est de 8,5 mois.
Les effets secondaires du médicament comprennent une hypoalbuminémie et une élévation des taux d'enzymes hépatiques, ainsi qu'une affection potentiellement grave appelée syndrome de fuite capillaire. Des mesures de surveillance particulières ont été mises en place pour identifier rapidement les symptômes et réduire les effets indésirables.
Une tumeur rare et grave
Les tumeurs à cellules dendritiques plasmacytoïdes blastiques ( BPDCN) peuvent affecter plusieurs organes, y compris les ganglions lymphatiques et la peau, et évoluent souvent vers leucémie aiguë. La surexpression de la sous-unité alpha du récepteur de l'interleukine-3 (IL3RA ou CD123) se produit dans presque tous les cas de BPDCN.
Historiquement, les patients reçoivent une chimiothérapie après le diagnostic et/ou des greffes de cellules souches. Cependant, la majorité des patients sont âgés, l'âge médian se situant entre 68 et 72 ans, âge auquel la plupart sont incapables de recevoir une chimiothérapie intensive et donc une greffe de cellules souches.
Avec des taux de réponse élevés, atteignant un taux de réponse global de 90% en première ligne, le traitement des tumeurs à cellules dendritiques plasmacytoïdes va profondément changer.








