Cardiologie
Insuffisance cardiaque : intérêt potentiel des inhibiteurs du SGLT2, même en l’absence de diabète
Les inhibiteurs du SGLT2 pourraient être des médicaments très performants pour lutter contre l’insuffisance cardiaque, y compris chez les malades non-diabétiques.
- Ivan-balvan/istock
L'empagliflozine, un médicament antidiabétique de type inhibiteur du SGLT2, inverse la progression de l'insuffisance cardiaque dans des modèles physiologiques animaux non-diabétiques. Cette étude montre également que ce médicament peut aider le cœur à produire plus d'énergie et à fonctionner plus efficacement.
Ce médicament pourrait donc être un traitement prometteur de l'insuffisance cardiaque chez les patients diabétiques, comme chez les non-diabétiques. Les résultats ont été publiés dans le Journal of American College of Cardiology.
Une nouvelle classe d’antidiabétiques
L'empagliflozine a été approuvée par la Food and Drug Administration des États-Unis et l’Agence Européenne dans la foulée de l’étude EMPA-REG, en raison de ses résultats étonnants sur la mortalité cardiovasculaire et l’insuffisance cardiaque chez les diabétiques de type 2. C’est le premier médicament dans l'histoire du diabète de type 2 à prolonger la survie.
Bien que les diabétiques aient généralement un risque plus élevé d'insuffisance cardiaque, des études ont suggéré que ceux qui prennent de l'empagliflozine assez tôt ne développent pas d'insuffisance cardiaque. Ces observations ont amené une équipe de chercheurs à se demander si le médicament aurait une action de prévention de l'insuffisance cardiaque indépendant de l'activité antidiabétique et s'il ne pourrait pas avoir le même effet sur les non-diabétiques.
Une étude animale
Une équipe de chercheurs a testé cette hypothèse en provoquant une insuffisance cardiaque chez 14 porcs non diabétiques. Pendant deux mois, ils ont traité la moitié des animaux avec de l'empagliflozine et l'autre avec un placebo. L'équipe a évalué les porcs par IRM cardiaque, échocardiographie 3D et cathétérisme invasif à trois moments différents de l'étude (avant l'induction de l’insuffisance cardiaque, un jour après l'induction et au bout de deux mois).
À deux mois, tous les animaux du groupe traités par empagliflozine ont une amélioration de la fonction cardiaque. Plus précisément, ces porcs ont moins d'accumulation d'eau dans les poumons et des taux moindres des biomarqueurs de l'insuffisance cardiaque. Il est important de noter que les ventricules gauches ont une meilleure fonction systolique, sont moins dilatés et leur paroi est moins hypertrophiée, avec un moindre remodelage architectural.
Une amélioration du métabolisme cardiaque
Les chercheurs ont également découvert que le médicament lutte contre l'insuffisance cardiaque en améliorant le métabolisme du cœur. Les cœurs des porcs sous empagliflozine consomment plus d'acides gras et de corps cétoniques (acétone, acide acétoacétique et acide bêta-hydroxybutyrique), produits pendant le métabolisme des graisses, et moins de glucose, contrairement aux porcs souffrant d'insuffisance cardiaque mais non traités, dont le cœur consomme plus de glucose et presque aucun acide gras et produit moins d'énergie. Cette stimulation du métabolisme a aidé les cœurs à produire plus d'énergie et à fonctionner plus fortement et plus efficacement.
Une étude clinique à faire
Cette étude confirme donc l’hypothèse selon laquelle l'empagliflozine est un traitement très efficace contre l'insuffisance cardiaque et pas seulement un médicament antidiabétique. De plus, cette étude a démontré que l'empagliflozine serait utile pour l'insuffisance cardiaque indépendamment de l'état diabétique du patient.
Du point de vue physiologique, il est important de noter que l'empagliflozine induit un changement du métabolisme cardiaque, le myocarde se mettant à consommer des acides gras et des corps cétoniques, ce qui permet de produire plus d'énergie dans le cœur. L'empagliflozine pourrait donc être un traitement efficace pour les patients souffrant d'insuffisance cardiaque, une maladie dont le taux de mortalité dépasse 50 % à 5 ans. Une étude pour tester l’intérêt de l'empagliflozine contre l'insuffisance cardiaque chez des patients non diabétiques est en cours, l'étude EMPATROPISM.








