Rhumatologie

Calcium : des apports alimentaires adaptés sont associés à un bénéfice sur l’os et la survie

Une large étude prospective vient contrer les polémiques sur l’inutilité des apports en calcium pour la prévention des fractures, voire son caractère néfaste au plan cardio-vasculaire.

  • 30 Octobre 2015
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    Chez les hommes et les femmes âgés, des apports calciques quotidiens élevés dans l’alimentation sont associés à une réduction du risque de fractures, d’évènements cardiovasculaires et de la mortalité. C’est la conclusion d’une très large étude australienne, la Melbourne Collaborative Cohort Study sur plus de 41 000 sujets sains, âgés de 40 à 69 ans, et qui ont été suivis 12 ans. Plus de 12 000 patients ont été éligibles pour l’analyse concernant les fractures et plus de 34 000 pour l’analyse des évènements cardiovasculaires et la mortalité.

    En moyenne, en comparant des patients ayant des apports quotidiens en calcium dans l’alimentation de 1 g versus 640 mg, la réduction du risque de fracture est de 30% et celle du risque cardiovasculaire et de mortalité est de 15%.

    La cohorte des patients suivie est prospective, très large, bien documentée pour l’ensemble des facteurs confondants (ajustement au contenu énergétique des aliments et exclusion des maladies chroniques) et le suivi est prolongé en moyenne 12 ans, ce qui fait la valeur de ces résultats.

     

    Une polémique issue d’une croisade anti-calcium

    L’intérêt d’apports en calcium élevés pour la prévention des fractures ostéoporotiques est désormais régulièrement remis en cause. Cette polémique remonte à la publication par Mark Bolland en 2008 d’une étude analysant l’impact d’une supplémentation en calcium sur le risque cardiovasculaire. Cette étude du BMJ avait retrouvé une augmentation du risque cardiovasculaire associé à la supplémentation en calcium, en particulier quand il n’y avait pas de supplémentation en vitamine D associée. Ce résultat était cependant issu d’une analyse secondaire, mais il avait conduit à ré-analyser la Women Health Initiative Study. Il n’avait pas été retrouvé de sur-risque cardiovasculaire avec la supplémentation calcique dans WHI, mais une 2e analyse par l’équipe de Bolland, ajustée sur l’obésité et la prise de suppléments calciques pouvait laisser apparaître ce sur-risque. Le même auteur a poursuivi récemment sa croisade avec une méta-analyse de différents essais randomisés qui ne trouve qu’un bénéfice modeste de la supplémentation calcique sur la densitométrie osseuse mais une absence d’effets sur le risque de fracture.

     

    En pratique, la ration alimentaire calcique est importante

    Toutes ces études démontrent, in fine, la même chose : une alimentation riche en calcium, ou une supplémentations en calcium et en vitamine D, s’accompagnent d’une meilleure densité minérale osseuse, mais ne peuvent à elles-seules réduire le risque fracturaire en population générale.

    Dans une population de malades ostéoporotiques, des apports alimentaires riches en calcium et en vitamine D, ou une supplémentation vitaminocalcique, sont nécessaires pour que les traitements anti-ostéoporotiques soient efficaces. L’étude Australienne semble montrer un bénéfice d’un apport en calcium alimentaire élevé sur les fractures et balaye tout effet secondaire lié au calcium. Les médecins doivent donc s’adapter à chaque malade et recommander des apports calciques alimentaires idoines, tout en prévoyant une supplémentation vitaminocalcique chez ceux qui ne peuvent pas atteindre l’objectif des apports en calcium de 1000 à 1300 milligrammes par jour.

     

    Higher Dietary Calcium Intakes Are Associated With Reduced Risks of Fractures, Cardiovascular Events, and Mortality: A Prospective Cohort Study of Older Men and Women. JBMR 2015

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