Cardiologie
Infarctus : les raisons du sous-diagnostic chez la femme
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes et pourtant, les médecins n'évoquent que rarement ce diagnostic, ce qui aboutit à un dépistage inférieur par rapport aux hommes
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L'infarctus du myocarde a faussement la réputation d'être une maladie des hommes alors que, en France, près de 6 victimes sur 10 d'une pathologie cardiovasculaire sont des femmes. Ces maladies sont la première cause de mortalité chez les femmes, loin devant les cancers.
Pourtant, les femmes sont moins bien dépistées et suivies que les hommes, relève l’American Heart Association dans un article paru ce lundi dans le journal Circulation.
Les experts déplorent que les progrès réalisés ces deux dernières décennies dans la prévention et la prise en charge de ces pathologies n’aient pas bénéficié autant aux femmes qu’aux hommes.
Des signes d'alerte différents
Ces inégalités proviennent, en partie, des différences entre hommes et femmes. En effet, les causes et les symptômes de l’infarctus du myocarde chez la femme peuvent être différents de ceux des hommes. Des études s’appuyant sur des autopsies ont également montré des différences de morphologie des plaques d'athéromes dans les coronaires selon le sexe.
Les médecins, et les femmes elles-mêmes, ne savent pas toujours reconnaître les signes d’alerte. Bien que la douleur dans le thorax irradiant dans le bras gauche soit commune aux deux sexes, les femmes présentent plus souvent des symptômes atypiques tels que des palpitations lors d’un effort, associé à une fatigue persistante, un essoufflement ou encore des nausées, des sueurs et des épigastralgies.
En l'absence de diagnostic d'infarctus chez de nombreuses femmes, le traitement adapté est moins souvent mis en place. De nombreux travaux ont mis en évidence que les femmes recevaient moins souvent le traitement médical de l'infarctus (aspirine, bétabloquant ou statines) à la sortie de l’hôpital.
Priorité de santé publique
Les cardiologues de l'American Heart Association insistent donc sur l’importance de prendre en compte des différences de genres pour mieux prendre en charge l'infarctus chez les femmes.
« Elles ne doivent pas avoir peur de poser des questions à leur médecin, explique le Dr Laxmi Mehta, auteur principal de l’article et responsable du programme de la santé cardiovasculaire des femmes à l’université de l’Ohio. Nous leur recommandons d’avoir des discussions ouvertes et franches sur les traitements et les différentes interventions pour prévenir les crises cardiaques ». Et de conclure : « Aider les femmes à prévenir et survivre d’une crise cardiaque, notamment grâce à la recherche, doit être une priorité de santé publique ».








