Pneumologie
COBRA et asthme sévère : le seuil de stabilité des éosinophiles est à 300
Stabilité de l’éosinophilie sanguine en fonction de la sévérité de l’asthme, avec un seuil qui reste stable à partir de 300 éosinophiles/ mm 3 chez les patients sévères, tels sont les premiers résultats de la cohorte COBRA qui viennent d’être publiés dans l’ERJ. Un entretien avec Michel Aubier, Hôpital Bichat, Paris.
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COBRA est une vaste cohorte longitudinale française sur l'asthme et la BPCO. Selon Michel Aubier, Faculté de Médecine Paris Diderot, Inserm U1152 et hôpital Bichat, Paris, l'objectif principal est de mieux caractériser les différents phénotypes de BPCO et d’asthme sévère, de rechercher des biomarqueurs de sévérité et d’avoir une vue plus précise sur l’histoire naturelle de la maladie. COBRA (COhort of BRonchial obstruction and Asthma ) dont le promoteur est l’Inserm, compte aujourd’hui 10 ans de recul et va être poursuivie encore une dizaine d’années. 14 centres français participent, 1300 asthmatiques sont actuellement inclus (290 pour la BPCO). L’objectif est d’en atteindre 2 000, 500 pour la BPCO.
1ère cohorte longitudinale clinique et biologique en France
Une fois inclus, les patients sont revus tous les 6 mois et près d’une centaine d’items personnels sont rentrés : données épidémiologiques, biologiques, pharmacologiques, génétiques avec prélèvement sanguin d’ADN à l’entrée et de sérum tous les 6 mois. L’idée est également de détecter des biomarqueurs sériques prédictifs d’exacerbations, de résistance ou de sensibilité à des traitements, mais aussi d’obtenir une signature qui serait spécifique d’un phénotype donné d’asthme (ou de BPCO).
A noter que certains centres réalisent aussi scanner thoracique et fibroscopies avec prélèvements bronchiques, ce qui permet d’avoir des indications sur des modifications structurales ou inflammatoires des voies aériennes, de façon à caractériser tel ou tel phénotype de patients.
L’avantage de cette cohorte est de faire signer à l’entrée tous les patients pour l’ensemble des prélèvements et examens effectués, ce qui facilitera les études ancillaires prévues ultérieurement.
300/ mm3 éosinophiles plutôt que 150
Les premiers résultats publiés dans l’ERJ montrent que cette cohorte est à peu près identique aux cohortes américaines, au détail près que les « américaines» sont le plus souvent étudiées en transversale.
Autre point essentiel, les éosinophiles : les résultats font apparaître un seuil de stabilité de l’éosinophilie sanguine qui permet de mieux définir le phénotype d’asthme sévère éosinophile.
Par ailleurs on sait que les éosinophiles sont un marqueur d’efficacité des anti IL5, comme le mepolizumab et le benralizumab : un seuil de 300 éosinophiles/mm3 chez les asthmes sévères a montré une bonne stabilité du compte des éosinophiles dans le temps et donc probablement une meilleure réponse à un anti IL 5 par rapport aux patients en dessous de ce seuil.
Au total, COBRA est la première cohorte clinico-biologique française en nombre de patients inclus et en suivi longitudinal qui corrèle l’évolution des paramètres cliniques avec celle des données biologiques, ce qui a permis de définir des valeurs seuil d’éosinophiles. L’étude va se poursuivre, donner les résultats sur la BPCO et décliner de nombreuses études ancillaires qui évalueront la réponse aux anti IL 5, aux anti IgE dans l’asthme et la BPCO.









