Pneumologie
Cancer du poumon : influence des inégalités socio-économiques sur la prise en charge
Une méta-analyse publiée dans Thorax ne trouve pas de lien entre la précarité sociale et le stade du cancer du poumon au diagnostic. Un résultat en contradiction avec plusieurs études réalisées sur le même sujet.
- ©123RF-Alexander Raths
Vivre dans des conditions de précarité socio-économique ne semble pas avoir d’influence sur le stade du cancer du poumon au diagnostic ni sur le délai de prise en charge de la maladie. Ce résultat, qui va à l’encontre de ce qui est dit habituellement, est tiré d’une méta-analyse de 39 articles réalisée par une équipe britannique dont 20 viennent du Royaume-Uni, 10 des Etats-Unis, 2 du Canada, 2 du Danemark, et 1 de Suède, d’Australie, d’Italie, de Corée et de Nouvelle-Zélande.
Cette méta-analyse ne montre pas de preuve d’inégalités socio-économiques concernant les stades tardifs au diagnostic dans le groupe des plus précaires comparé à celui des moins défavorisés (odds ratio = 1,04, 95 % CI 0,92-1,19).
Il n’a pas été non plus observé d’inégalités socio-économiques concernant la durée de l’intervalle entre le diagnostic et le traitement.
Perte de chance
En France dans le même domaine, les bases de données du PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d'information) pour l’année 2011 ont été analysées pour réaliser une étude qui montre un résultat inverse puisque des critères de précarité socio-économiques sont associés à un plus grand nombre de formes métastatiques de cancer du poumon.
Il faut noter que sur les 39 études de la méta-analyse des chercheurs britanniques, 20 ont été réalisées au Royaume-Uni, pays où le système de santé impose un passage par le médecin généraliste, ce qui efface peut-être les différences induites par le contexte socio-économique.
Il y a quelques années, l’INCa (Institut national du cancer) avait publié une étude sur les délais de prise en charge des cancers du poumon et du sein dans plusieurs régions françaises qui avait mis en évidence des inégalités dans l’accès au chirurgien. Dans cette étude, ce délai pouvait varier selon les centres de 15 jours à deux mois avec un risque évident de perte de chance.
Au vu de ces différents travaux, il n’est donc pas possible d’affirmer qu’il n’existe pas d’inégalité sociale dans la prise en charge du cancer du poumon.
D’après un entretien avec le Pr Christos Chouaid, pneumologue, CHI de Créteil

- Disparités régionales et socio-économiques dans le cancer du poumon (étude TERRITOIRE)
- Étude sur les délais de prise en charge des cancers du sein et du poumon - INCa – juin 2012








