Pneumologie

Bronchiolite oblitérante greffe de cellules souches hématopoïétiques : une road map

Le syndrome de bronchiolite oblitérante post-allogreffe de cellules souches hématopoïétiques comporte encore de multiples zones d’ombre. Un groupe de travail constitué d’experts s’est penché sur le sujet pour créer une road map à partir de ce que l'on sait et ce qu'il nous reste à découvrir. D’après un entretien avec Anne BERGERON.

  • 02 Octobre 2025
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    Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2025 dans l’American Journal of Critical Care Medicine, a cherché à faire le point sur les connaissances actuelles concernant la bronchiolite oblitérante post-allogreffe de cellules souches et à établir les priorités de recherche pour en améliorer le dépistage précoce. Un panel multidisciplinaire incluant des experts greffeurs et pneumologues a été réuni pour mener une analyse approfondie de la littérature existante, suivie d’un atelier virtuel collaboratif. Ils sont partis du constat que la bronchiolite oblitérante constitue une complication pulmonaire non infectieuse survenant tardivement après une greffe allogénique de cellules hématopoïétiques. Elle est fréquemment diagnostiquée à un stade avancé, lorsque l’atteinte pulmonaire est déjà sévère. La détection précoce de la bronchiolite oblitérante, essentielle pour en réduire la morbidité et la mortalité, reste difficile en raison d’une compréhension encore limitée de son évolution clinique et de sa pathogenèse.

     

    Une complication encore mystérieuse

    Le professeur Anne BERGERON, cheffe du service de pneumologie des Hôpitaux Universitaires de Genève, et auteur de ce travail, explique que le bronchiolite oblitérante post greffe de cellules souches tune thématique encore mal comprise. Cette complication pulmonaire, après allogreffe de cellules souches hématopoïétiques est une GVH, définie par des critères internationaux établis en 2005 puis en 2014. Le principal critère est la présence d’un trouble ventilatoire obstructif aux EFR, avec une fonction pulmonaire normale avant la greffe. Pour Anne BERGERON, cette définition est très grossière, et les choses sont beaucoup plus compliquées que cela. Elle rappelle que la bronchiolite oblitérante est la plus fréquente des GVH respiratoires mais qu’il peut exister d’autres formes liées, telles que des maladies interstitielles. Toutefois, aucune preuve d’une association n’est encore établie. La bronchiolite oblitérante est une atteinte des petites voies aériennes, qui est difficile à préciser sur la mesure du VEMS seul, qui, s’il est diminué, traduit déjà une forme avancée de la maladie. Lorsque le diagnostic de bronchiolite oblitérante est posé, après une greffe de moelle osseuse, le pronostic es alors déjà très altéré. Anne BERGERON précise que le modèle de la GVH chronique est une maladie de système comme une autre, qui peut engendrer toutes formes de maladies respiratoires, la bronchiolite oblitérante étant la plus fréquente, puisqu’elle représente 10% des cas, avec une incidence en baisse. Mais, la GVH est une multi-pathologie qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire, d’autant que les procédures de greffe de moelle évoluent très vite et qu’il faut s’adapter aux changements fréquents.

     

    Proposer une road map …

    Anne BERGERON explique que ce travail a été réalisé dans le but de construire une road map pour mieux diagnostiquer la bronchiolite oblitérante, l’identifier le plus précocement possible et trouver des cibles pour des traitements efficaces. Elle rappelle que, comme pour toute maladie rare, les études sont difficiles à mettre en place. Une première étude, négative, n’a montré aucune efficacité de l’azithromycine sur la bronchiolite oblitérante et une seconde étude avait montré une légère efficacité de l’association symbicort/formotérol. Ainsi, l’idée est de rassembler des experts autour d’une table pour proposer une road map. La première conclusion de ce consortium est la nécessité de mettre en place des études de cohortes multicentriques. Ensuite, il faut identifier des biomarqueurs : biologie, imagerie, scanner en expiration/inspiration forcées pour visualiser le piégeage, paramètres de la fonction respiratoire… Anne BERGERON précise qu’au lieu d’utiliser le cut-off du VEMS comme paramètre, il est préférable d’avoir comme critère un VEMS inférieur 75% avec un déclin de 10% dans les deux ans, et un trouble ventilatoire obstructif avec distension.  L’identification des facteurs de risque est également primordiale, comme l’âge, le sexe, une fonction pulmonaire pré-greffe altérée, une infection virale pulmonaires après la greffe. Elle souligne que les pneumologues doivent prendre la main sur les GVH pulmonaires car il existe plusieurs phénotypes de bronchiolites oblitérantes, en overlap avec des maladies interstitielles et des étude thérapeutiques axées exclusivement sur le poumon sont nécessaires et ne sont pas réalisées par les greffeurs. Le poumon est l’organe le moins accessible et lors de la mise en place du traitement il est déjà souvent trop tard, la fibrose pulmonaire étant déjà avancée. Anne BERGERON précise qu’il est donc nécessaire de modifier la définition, de la bronchiolite oblitérante, qui n’est aujourd’hui, pas adaptée à la maladie.

     

    En conclusion, pour la première fois un groupe d’experts greffeurs et pneumologues se sont réunis pour réfléchir à la définition, la physiopathologie et le design d’études cliniques sur la GVH pulmonaire. Un symposium est organisé, au cours duquel ces experts présenteront leurs travaux et feront des propositions qui permettront sans aucun doute d’avancer sur la prise en charge de la GVH pulmonaire chronique. Rendez-vous à Genève en septembre 2026 !

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