Ophtalmonolie

Neuropathie optique ischémique : les agonistes du GLP-1 sous surveillance

Les agonistes du GLP-1, notamment le sémaglutide, augmenteraient modérément le risque de neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOIA-NA) chez les diabétiques âgés.

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  • 01 Aoû 2025
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    La neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOIA-NA) constitue la deuxième cause de cécité d'origine optique. Les principaux facteurs de risque incluent l’âge avancé et un diabète de type 2 sévère. À la suite d’un signal d'alerte récent reliant le sémaglutide à une augmentation de cas de NOIA-NA, une vaste étude de cohorte observationnelle menée sur près de quatre millions de patients diabétiques âgés de 65 ans ou plus, couverts par Medicare, a cherché à préciser cette relation.

    Les résultats principaux, publiés dans JAMA Ophtalmology, révèlent un sur-risque modéré mais significatif de NOIA-NA associé à l'utilisation des agonistes du GLP-1 (HR=1,15 [IC à 95%, 1,04-1,27]) par rapport à d'autres traitements antidiabétiques de seconde ligne, justifiant une vigilance accrue chez les patients sous ces médicaments.

    Une association préoccupante avec les agonistes du GLP-1

    Parmi les 3 845 171 diabétiques suivis, 15,1 % recevaient un agoniste du GLP-1, dont principalement dulaglutide (6,6 %), sémaglutide (4,9 %) et liraglutide (4,2 %). Sur un suivi médian de 3,7 ans, 7660 cas incidents de NOIA-NA (0,2 %) ont été recensés. Le risque de NOIA-NA apparaît encore plus marqué en comparaison aux patients traités uniquement par metformine. L’analyse détaillée révèle que deux molécules en particulier, le sémaglutide (HR=1,39 [IC à 95%, 1,13-1,72]) et le liraglutide (HR=1,25 [IC à 95%, 1,08-1,45]), se distinguent par une augmentation plus prononcée du risque.

    Parmi les autres facteurs significativement associés à un risque accru, figurent le sexe masculin, la race blanche, une couverture par Medicare et Medicaid simultanément, la résidence rurale, ainsi que les antécédents de rétinopathie diabétique, d’apnée obstructive du sommeil, de maladie rénale chronique ou l'utilisation d’amiodarone. Notons qu'aucune relation directe avec l’âge n’a pas été observée, probablement en raison de la faible variation d’âge dans cette cohorte âgée.

    Des risques différenciés selon les molécules et les sous-groupes

    Cette étude rétrospective repose sur l'analyse de données médico-administratives issues du programme Medicare entre 2007 et 2021. La sélection rigoureuse des patients et la méthodologie de référence améliorée donnent une bonne représentativité des résultats dans la population âgée diabétique américaine. Toutefois, certaines limites subsistent : la définition de la NOIA-NA repose sur les codes diagnostiques avec une valeur prédictive positive estimée à 74,5 %, l’absence d’information précise sur la date d'apparition initiale du diabète chez la majorité des participants, et la tranche d'âge restreinte étudiée (≥ 65 ans).

    Malgré ces réserves et selon les auteurs, ces résultats encouragent une vigilance particulière à l'égard des patients diabétiques traités par agonistes du GLP-1, surtout ceux recevant du sémaglutide ou du liraglutide. Des études prospectives restent nécessaires pour confirmer ces données et évaluer l'intérêt éventuel d'un dépistage précoce ou d’une surveillance ophtalmologique renforcée dans cette population à risque.

     

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    JDF