Gériatrie

Parodontite : la 6ème complication du diabète nécessite des consultations dentaires régulières

La parodontite, couramment appelée « déchaussement dentaire », peut avoir de graves conséquences (infections graves, déséquilibre du diabète, dépression…) chez le patient diabétique de type 2. Quels sont les risques et quels réflexes simples de prise en charge faut-il avoir en pratique ?

  • Henadzi Pechan/istock
  • 23 Mar 2024
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    « Trop peu de patients diabétiques sont informés par leur médecin des risques et de l'importance du traitement des parodontites », c'est ce qu'ont constaté après une récente enquête flash des chirurgiens-dentistes niçois. Seul 5% des médecins interrogés (généralistes et endocrinologues) envoient systématiquement leurs patients diabétiques de type 2 (DT2) consulter un chirurgien-dentiste.

    Pourtant la parodontite induite par la plaque dentaire, appelée en langage courant « déchaussement dentaire » peut avoir, chez le patient atteint de DT2, de lourdes conséquences telles que la pneumonie d'inhalation, la dépression ou encore un diabète déséquilibré. La Revue de Gériatrie consacre un article dans son dernier numéro à cette pathologie, reconnue comme étant la 6ème complication du diabète. Quel lien entre diabète et parodontite ? Pourquoi est-il si important de sensibiliser les patients à ce sujet ? Quelles recommandations et réflexes en pratique ? On a fait le point.

    Parodontite et diabète de type 2 : un lien de causalité bidirectionnel

    Une relation bidirectionnelle entre diabète de type 2 et parodontite a été démontrée : « la sévérité de l'hyperglycémie aggrave la parodontite. Inversement, la parodontite et l'inflammation systémique qu'elle provoque contribuent à l'élévation de la glycémie » rappellent les chirurgiens-dentistes auteurs de l'article.

    Une mauvaise prise en charge peut avoir de graves conséquences pour le patient. Premier risque : un diabète difficile à équilibrer. Mais aussi, des infections dentaires chroniques, un risque accru de perdre ses dents et toutes les conséquences associées, souvent très lourdes pour le patient : « douleurs, infections d’origine dentaire avec risque de pneumonies d'inhalation, endocardite, abcès cérébral...) alimentation déséquilibrée [...], dépression, désocialisation, etc. » sensibilisent les auteurs.

    Préconiser une consultation dentaire régulière et alerter sur les bains de bouche

    « L'assainissement parodontal […] fait partie du parcours de soins des personnes diabétiques ». L'Assurance maladie et la Fédération française des diabétiques (FFD) recommandent une consultation dentaire initiale lors du diagnostic puis une à deux fois par an.

    Depuis 2019, le bilan et les séances de traitement parodontal sont prises en charge à 100% par l'Assurance maladie pour les patients diabétiques. Un point crucial lorsque l'on sait que le coût est souvent un frein pour les patients. Cette prise en charge à 100% est d'autant plus importante à rappeler qu'elle est souvent ignorée des médecins, notamment parce que l'information ne figure pas dans les recommandations HAS actuelles.

    Les consultations dentaires permettent, entre autres, un détartrage destiné à réduire l'inflammation du parodonte, ainsi que le repérage de caries. Autre point pratique sur lesquels les auteurs insistent : les bains de bouche antiseptiques en automédication. A bannir. Donnant une fausse impression d'amélioration, facile d'accès et indolores (contrairement à certaines consultations dentaires…), ils peuvent en fait retarder l'assainissement parodontal et altérer le microbiote oral. Un autre point de sensibilisation à garder en tête.  

    Un nouveau réflexe de pratique dans le suivi des patients diabétiques

    « Pour les médecins, il serait utile d’envisager la maladie parodontale dans le cadre d’une prise en charge globale de la santé, sous l’angle des conséquences induites par les maladies chroniques. Ainsi, les médecins pourraient recommander une consultation dentaire une fois ou deux fois par an à leurs patients diabétiques » concluent les auteurs.

    Un nouveau réflexe pratique simple à intégrer pour éviter de lourdes conséquences à des patients présentant déjà leur lot de risques de complications...

     

     

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    JDF