Pneumologie

BPCO : trop peu de réhabilitation après les exacerbations

Seulement 8,6% des patients hospitalisés pour une exacerbation sévère de BPCO bénéficient d'une réadaptation respiratoire dans les 90 jours. Ces résultats sont largement inférieurs aux attentes des recommandations internationales. Un effort majeur est à réaliser tant par les praticiens que par les patients.  D’après un entretien avec Maéva ZYSMAN.

  • 13 Jul 2023
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    Une étude française, dont les résultats sont parus en avril 2023, dans Respiratory Research, a fait le point sur le nombre de patients bénéficiant d’un séjour en centre spécialisé de réhabilitation respiratoire après une exacerbation sévère de BPCO. Pour cela les auteurs ont utilisé les informations du Système National de Données de Santé et se sont attachés aux données du PMSI. Ces données permettent de recenser près de 99% de la population française. Les auteurs de ce travail ont donc inclus plus de 50 000 sujets français dont les caractéristique étaient d’être atteints de BPCO et d’être sortis d’une hospitalisation pour exacerbation sévère. Ils ont ensuite évalué le nombre de patients qui a bénéficié d’une réhabilitation respiratoire dans les 90 jours suivant la sortie d’hospitalisation. Au total, seulement 8,6% des patients ont intégré un centre de réhabilitation respiratoire spécialisé.

     

     

    Pourquoi si peu de patients en réhabilitation respiratoire ?

     

    Le docteur Maéva ZYSMAN, pneumologue dans le service des maladies respiratoires du Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, et auteur de ce travail, rappelle que les recommandations internationales préconisent une réhabilitation respiratoire pour les patients atteints de BPCO et hospitalisés pour une exacerbation dans les 30 jours suivant leur hospitalisation. Au cours de ce travail, les auteurs ont évalué le nombre de prises en charge en réhabilitation respiratoire dans les 90 jours suivant l’hospitalisation, afin de ne pas méconnaitre d’éventuels décalages. Malgré cela, les résultats ont montré que moins de 10% des patients bénéficient d’un séjour en réhabilitation spécialisée. Maéva ZYSMAN souligne que ces résultats sont similaires à ceux observés à l’international, notamment aux USA. Les possibles raisons de cette insuffisance ont été évoquées grâce à l’observation des données démographiques et cliniques des sujets. Les auteurs ont donc observé que les sujets les plus âgés, les plus comorbides et les plus lourdement traités (médicaments, oxygénothérapie, ventilation…) étaient ceux qui bénéficiaient davantage de réhabilitation respiratoire. Les sujets plus jeunes, peut-être en raison d’une auto-censure, sont insuffisamment traités alors que le bénéfice serait tout aussi grand pour eux. D’autre part, des disparités nationales ont été relevées, avec un problème d’accessibilité et de réparation des centres spécialisés avec un gradient nord sud : le sud  de la France a une concentration plus importante de ces établissements. En revanche, Maéva ZYSMAN relève que le nveau socio-économique semble ne jouer aucun rôle dans cette insuffisance de prise en charge, ce qui suggère un vrai bénéfice du système de santé français.

     

     

    Quelles solutions proposer ?

     

    Maéva ZYSMAN insiste sur le fait qu’il faut avoir un message fort tant auprès des professionnels de santé que des patients. L’exacerbation sévère de BPCO est un événement grave dans la parcours du patient, qui peut entrainer de lourdes séquelles et qui conditionne le pronostic à moyen et long terme. Il est donc indispensable de sensibiliser tous les acteurs de la prise en charge, y compris les médecins généralistes, qui ont un rôle important dans celle-ci. Les pneumologues ne sont pas les seuls spécialistes à pouvoir adresser leurs patients en en centre de réhabilitation respiratoire. Maéva ZYSMAN ajoute que les indicateurs de l’HAS vont prochainement être publiés et probablement mettre en lumière les progrès à réaliser dans le parcours de soins du patient atteint de BPCO, qu’il s’agisse des vaccinations ou de la réhabilitation respiratoire, entre autres.

     

     

    En conclusion, une minorité de patients bénéficie aujourd’hui de réhabilitation respiratoire après une exacerbation sévère de BPCO et il est fondamental de sensibiliser l’ensemble des acteurs de la prise en charge, y compris les patients, à l’intérêt de cette pratique qui doit faire partie intégrante du parcours de soins en cas de BPCO.

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    JDF