Cycle menstruel
L’activité physique booste les capacités cognitives durant les périodes d’ovulation
Pendant la période d’ovulation, le temps de réaction des femmes faisant du sport est légèrement plus rapide que celui des personnes inactives.

- Par Geneviève Andrianaly
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- Jelena Stanojkovic/iStock
"On s'intéresse de plus en plus à la question de savoir si et comment le cycle menstruel peut affecter les performances physiques et cognitives, en particulier dans le contexte du sport et de l'activité physique. Bien que l'on suppose souvent que les fluctuations hormonales ont un impact sur les fonctions cognitives, en particulier pendant les menstruations, les preuves empiriques restent peu concluantes", ont déclaré des chercheurs de l’University College London (Angleterre). C’est pourquoi dans une nouvelle étude ces derniers ont voulu déterminer si les performances cognitives, l'humeur et les symptômes varient selon les phases du cycle menstruel et si ces effets sont influencés par le niveau de pratique sportive.
Le temps de réaction est plus rapide durant l'ovulation que pendant la phase lutéale
Pour les besoins des travaux, l’équipe a recruté 54 femmes âgées de 18 à 40 ans, menstruées naturellement (sans contraception hormonale). Elles ont été réparties en quatre groupes en fonction de leur niveau de pratique sportive : inactives (ne pratiquant aucune forme d'exercice structuré), actives de loisir (pratiquant au moins deux heures d'exercice structuré par semaine), pratiquant un sport de compétition en club et élite (concourant dans un sport de niveau national ou international). À chaque phase clé du cycle menstruel (menstruation, début de la phase folliculaire, fin de la phase folliculaire, ovulation et milieu de la phase lutéale), les participantes ont rempli un questionnaire évaluant leur humeur et leurs symptômes. Ces dernières ont également effectué une batterie de tests cognitifs (temps de réaction, attention, synchronisation précise des mouvements).
Les résultats, publiés dans la revue Sports Medicine – Open, ont montré que les temps de réaction étaient plus rapides et le nombre d'erreurs commises était moindre pendant l'ovulation ce qui suggère une meilleure performance globale. En revanche, les temps de réaction étaient plus lents pendant la phase lutéale (qui commence après l’ovulation), probablement en raison d'une augmentation des taux de progestérone, une hormone sexuelle féminine connue pour ralentir le cerveau. Autre constat : davantage d'erreurs ont été commises pendant la phase folliculaire (durant laquelle les règles sont présentes). "La raison de ce phénomène reste inconnue." Selon les auteurs, le niveau sportif des volontaires avait un effet plus important sur les performances cognitives que les phases du cycle menstruel. Les participantes inactives obtenaient de moins bons résultats dans toutes les tâches que celles plus actives. Plus précisément, les femmes ne pratiquant régulièrement pas une activité physique présentaient des temps de réaction en moyenne inférieurs d'environ 70 millisecondes et commettaient environ trois fois plus d'erreurs impulsives, quelle que soit la phase du cycle. En ce qui concerne l'humeur et les symptômes, ils étaient plus prononcés pendant les règles, quel que soit le niveau sportif. "Il convient de noter que les participantes percevaient que leurs symptômes avaient un impact négatif sur leurs performances cognitives pendant les règles, mais rien n'indiquait une détérioration objective des performances cognitives pendant cette phase, ni au niveau des temps de réaction, ni au niveau des erreurs commises dans les tâches", peut-on lire dans les recherches.Le niveau de sport a une influence plus marquée sur les fonctions cognitives
Activité physique : "Il n'est pas nécessaire qu'elle soit intense ou compétitive pour avoir un impact"
Dans les conclusions, les scientifiques indiquent que ces résultats sont particulièrement pertinents pour le sport féminin, où des temps de réaction légèrement plus rapides, d'environ 20 millisecondes, pourraient faire la différence entre subir ou éviter une blessure comme une commotion cérébrale. En outre, ils montrent l'importance de pratiquer une activité physique. "C'est quelque chose que nous pouvons contrôler. Il n'est pas nécessaire qu'elle soit intense ou compétitive pour avoir un impact (…) Certaines de nos études précédentes ont montré que 15 minutes d'activité modérée suffisent à améliorer l'humeur et les performances cognitives, soit l'équivalent d'une marche rapide autour du pâté de maisons ou d'aller faire les courses à vélo", a ajouté Flaminia Ronca, qui a dirigé l’étude.