Transplantation universelle

Greffe : un premier patient reçoit un rein dont le groupe sanguin a été changé

Des chercheurs ont réussi à convertir un rein de groupe sanguin A en groupe O puis à transplanter l’organe, qui est resté fonctionnel durant deux jours, chez une personne en état de mort cérébrale.

  • Phira Phonruewiangphing/iStock
  • 09 Octobre 2025
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    Récemment, des scientifiques des universités du Sichuan (Chine) et de la Colombie-Britannique (Canada) ont présenté une avancée majeure pour la recherche sur la transplantation d'organes qui pourrait aider des milliers de patients à obtenir une greffe de rein plus rapidement. Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Biomedical Engineering, ces derniers ont mis en avant un protocole de désensibilisation centré sur le donneur, qui consiste à changer le groupe sanguin d’un rein. Pour rappel, aucun patient ayant un groupe sanguin A ne peut recevoir un organe venant d'une personne dont le groupe sanguin est B. Le cas inverse n’est également pas possible. En revanche, si l'organe greffé est du groupe O, il peut être transplanté aux personnes des groupes A et B.

    Greffe : des enzymes spéciales pour modifier le groupe sanguin d’un rein

    Lors des travaux, les chercheurs ont donc tenté de convertir un rein venant d’un donneur avec un sang de groupe A en un donneur universel de type O. Pour cela, ils ont utilisé des enzymes spéciales pour prévenir une incompatibilité et le rejet de l'organe. Ces dernières sont hautement efficaces pour éliminer le sucre qui caractérise le sang de groupe A, le convertissant ainsi en groupe O. "Ces enzymes sont très actives, très sélectives et agissent à très faible concentration. Cela a rendu le concept réalisable", a expliqué Jayachandran Kizhakkedathu, professeur au département de pathologie et de médecine de laboratoire de l'UBC, qui a participé aux recherches.

    "Le greffon a été bien toléré, sans signe de rejet médié par des anticorps pendant deux jours"

    "Un modèle ex vivo n'a révélé aucune lésion médiée par les anticorps", ont précisé les auteurs. Par la suite, le rein dont le groupe sanguin est devenu O a ainsi été transplanté chez un receveur, dont le groupe sanguin est O, en état de mort cérébrale avec le consentement de sa famille. En observant sa réponse immunitaire après la greffe, l’équipe n’a constaté "aucun rejet hyperaigu n'a été observé. Le greffon a été bien toléré, sans signe de rejet médié par des anticorps pendant deux jours." Dès le troisième jour, certains marqueurs du groupe sanguin sont réapparus, déclenchant une légère réaction. Cependant, les dommages étaient bien moins importants que lors d'une incompatibilité classique.

    Vers des dons d'organes plus rapides et plus compatibles ?

    "C'est la première fois que nous observons ce phénomène chez l'humain. Cela nous offre des perspectives précieuses pour améliorer les résultats à long terme", a déclaré Stephen Withers, professeur de chimie à l'UBC et codirigeant du développement de l'enzyme. La prochaine étape ? Avoir l’approbation réglementaire des essais cliniques qui permettra de développer ces enzymes pour les applications de transplantation et de créer du sang de donneur universel à la demande pour la médecine transfusionnelle.

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