Psychologie
Pleurs et colères de l'enfant : des réactions normales ou une détresse émotionnelle ?
Aucune réaction n’est anodine, car chez l'enfant chaque émotion est une porte ouverte sur un besoin.

- Par Dr Claire Lewandowski
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Entre pleurs, colères et refus, les réactions fortes des enfants ou des adolescents peuvent parfois inquiéter. Si certaines crises sont normales et même nécessaires au développement, d’autres peuvent révéler un mal-être plus profond. Comprendre cette distinction permet d’éviter la culpabilité, les malentendus ou les réactions excessives, et d’adopter une posture de soutien adaptée.
Reconnaître les crises normales du quotidien
Dans le développement d’un enfant, les crises font partie intégrante de l’apprentissage émotionnel. Les tout-petits, surtout entre deux et six ans, n’ont pas encore les mots ni les outils pour exprimer leurs frustrations. Une crise peut naître d’un refus, d’une contrariété ou d’un moment de fatigue. Ces réactions, parfois spectaculaires mais généralement brèves, lui permettent d’expérimenter ses limites et de développer progressivement la régulation de ses émotions.
Chez les adolescents, les « crises » peuvent prendre d’autres formes, avec souvent de l’irritabilité, de l’opposition et un besoin d’autonomie. Un désaccord répété sur les sorties, les vêtements ou les règles ne traduit pas forcément une souffrance, mais souvent une quête de reconnaissance et d’indépendance. Si ces tensions peuvent être intenses, elles passent généralement une fois l’émotion retombée. La cohérence et le calme des adultes jouent alors un rôle essentiel pour rassurer et maintenir une relation de confiance.
Quand les émotions révèlent une détresse durable
Certaines réactions dépassent toutefois la simple crise de croissance. Quand la colère, la tristesse ou le repli deviennent fréquents, intenses et durables, elles peuvent traduire une détresse émotionnelle. Par exemple, un enfant qui perd l’intérêt pour ses activités habituelles, dort mal ou présente des douleurs sans cause médicale manifeste souvent un malaise intérieur. De même, un adolescent qui s’isole durablement, évite ses amis ou se dévalorise systématiquement mérite une attention particulière.
Une réaction ponctuelle face à une frustration n’a pas la même signification qu’un état de tension permanent qui perturbe l’école, la vie familiale ou les relations sociales. Dans ces situations, consulter un professionnel, comme un psychologue ou un pédopsychiatre, peut aider à comprendre les causes profondes et à mettre en place des stratégies d’apaisement adaptées.
Privilégier le dialogue et la présence
Face à une crise, la première réponse n’est pas la sanction, mais la compréhension. Commencer par nommer ses émotions aide l’enfant à les reconnaître et à les apprivoiser. Ensuite, il est essentiel d’offrir un temps d’écoute calme, sans jugement, pour désamorcer les tensions.
Vous pouvez aussi partager vos propres émotions avec authenticité pour montrer qu’il est normal de ressentir de la peur, de la frustration ou de la tristesse. Cette sincérité favorise la confiance réciproque et lui rappelle qu’il n’est pas seul. Parfois, une simple présence tranquille, un geste rassurant ou une routine stable valent mieux que de longs discours.
En savoir plus : « La sécurité émotionnelle de l'enfant » d’Anne Raynaud.