Enfance

Maltraitance : les mots blessent autant que les coups, selon une étude

Une vaste étude britannique révèle que les violences verbales subies dans l’enfance ont des effets durables sur la santé mentale, tout aussi dévastateurs que les abus physiques.

  • evgenyatamanenko / istock
  • 09 Aoû 2025
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    "T’es nul", "Tu ne vaux rien", "Pourquoi tu es plus bête que ton frère ?"... Les mots durs et dénigrants peuvent laisser une empreinte chez un enfant, et avoir un impact aussi négatif que les coups. C'est ce que suggère une vaste étude britannique publiée dans la revue BMJ Open : les abus verbaux subis pendant l'enfance peuvent avoir des conséquences sur la santé mentale à l'âge adulte comparables à celles des abus physiques. Une réalité trop souvent ignorée.

    Un phénomène en hausse chez les plus jeunes

    Les chercheurs ont analysé les données de plus de 20.000 adultes nés entre les années 1950 et 2000 au Royaume-Uni. Leurs conclusions sont sans appel : subir des violences physiques ou verbales dans l'enfance augmente significativement le risque de mal-être psychologique à l'âge adulte. La probabilité de souffrir de troubles de santé mentale est ainsi accrue de 52 % en cas d’abus physiques, et de 64 % pour les abus verbaux.

    L’impact est encore plus marqué lorsque les deux formes de maltraitance se cumulent. Chez les adultes n’ayant subi aucun abus, 16 % disent avoir des problèmes de santé mentale. Mais ce chiffre grimpe à 22,5 % pour ceux ayant subi uniquement des violences physiques, à 24 % pour les violences verbales, et jusqu'à 29 % lorsqu’elles sont combinées.

    Si la prévalence des abus physiques chez les enfants britanniques a baissé de moitié depuis les années 1950 (de 20 % à 10 %), celle des violences verbales a de son côté augmenté : de 12 % avant 1950, elle atteint 20 % chez les personnes nées après 2000. A noter que les milieux les plus défavorisés sont les plus touchés.

    Vide juridique et manque de sensibilisation

    Pour les auteurs, les violences verbales représentent un stress toxique capable de perturber le développement neurobiologique de l'enfant. Or, ces agressions, souvent banalisées ou invisibles aux yeux des adultes responsables, peuvent être tout aussi nuisibles. "Les impacts peuvent ne pas être moins nocifs ou prolongés que ceux des abus physiques", précisent-ils dans un communiqué.

    Alors que les lois protègent de plus en plus les enfants contre les coups, rien ou presque n'encadre les mots cruels. "Sans soutien approprié, et en l'absence de sensibilisation du public aux dommages causés par les abus verbaux, les mesures contre les punitions physiques risquent simplement de remplacer un type de maltraitance par un autre."

    Les chercheurs appellent à mieux former les parents, les enseignants et les professionnels de l'enfance à une communication non violente. L’objectif, reconnaître l'impact psychologique des mots et promouvoir des modes d'éducation respectueux et bienveillants.

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    JDF