Alimentation

Notre intestin possèderait un “sixième sens” qui gèrerait notre sentiment de faim

Les neurones de l’intestin communiquent directement avec ceux du cerveau, ce qui influence la faim et la satiété, selon une nouvelle étude. 

  • iLexx/iStock
  • 08 Aoû 2025
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    Pourquoi certaines personnes ont-elles plus faim que d’autres et sont difficilement rassasiées ? La réponse vient des neurones de notre intestin. Des chercheurs de l’université Duke, aux États-Unis, ont découvert qu’ils communiquaient avec ceux du cerveau et influençaient ainsi l’appétit. Leur étude vient d’être publiée dans la revue Nature

    Un sixième sens neurobiotique entre le cerveau et l’intestin

    Mais par quel mécanisme ? Lorsque nous mangeons, certaines bactéries intestinales libèrent de la flagelline, une protéine. C’est elle qui donne le signal aux neuropodes, des cellules nerveuses intestinales. 

    Les neuropodes ont un récepteur de type Toll 5 (TLR5) qui détecte la flagelline. La présence de cette protéine est un signal que la personne est rassasiée. Une fois l’information enregistrée par les neuropodes, ils transmettent le message au cerveau, ce qui régule l’appétit.

    Ce message passe par le nerf vague, qui est la voie de communication entre l’intestin et le cerveau. L’information circule donc en temps réel, raison pour laquelle les scientifiques parlent de  “sixième sens”. Après la vue, l'ouïe, l’odorat, le toucher et le goût, l’espèce humaine aurait donc un autre sens, grâce auquel le cerveau réagit en temps réel aux signaux bactériens de l’intestin.

    Moins d’appétit avec la flagelline

    Lors de leurs travaux, les scientifiques ont mené des expériences sur des souris divisées en deux groupes : celles à qui ils ont administré de la flagelline et celles qui n’en ont pas reçu. L’objectif était de mesurer l’impact de cette protéine sur la faim. 

    Les rongeurs ont jeûné pendant une nuit puis, le lendemain, ont eu accès à de la nourriture. Résultats : les souris avec flagelline ont moins mangé que les autres qui, elles, se sont alimentées à leur faim et ont pris du poids. Cela montre que cette communication intestin-cerveau joue un rôle dans la régulation de la satiété.

    "À l'avenir, je pense que ces travaux seront particulièrement utiles à la communauté scientifique au sens large pour expliquer comment notre comportement est influencé par les microbes, indique Diego Bohórquez, principal auteur de l’étude, dans un communiqué. Ce pourrait être une pièce clé du puzzle dans des pathologies comme l'obésité ou les troubles psychiatriques.

    En France, 15 % de la population était obèse en 2019, selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) et 31 % en surpoids.

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    JDF