Chronothérapie
Médicaments, prise de poids, tolérance à l’alcool : comment les saisons les affectent ?
Les saisons peuvent affecter l’efficacité d’un médicament, la tolérance à l’alcool ou le tour de taille.

- Par Sophie Raffin
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- Rudzhan Nagiev/istock
Les changements de saison ne jouent pas uniquement sur notre moral, ils impactent d’autres éléments de notre métabolisme comme la tolérance à l’alcool, le tour de taille ou encore notre réponse aux médicaments. Voici ce qu’ont découvert les chercheurs de l’université de Nagoya (Japon).
Leurs résultats ont été présentés dans la revue Nature Communications le 28 avril 2025.
L'activité de plusieurs gènes varie avec les changements de saison
Pour comprendre comment l’horloge biologique varie en fonction des saisons, l’équipe japonaise s’est intéressée aux singes rhésus, un primate étroitement apparenté à l'homme. Les chercheurs ont analysé plus de 54.000 gènes exprimés dans 80 tissus. Ils ont alors identifié plusieurs "gènes à variation saisonnière". Plus exactement, ils ont repéré l’existence de fluctuations saisonnières dans les gènes responsables du métabolisme des médicaments, en particulier les CYP2D6 et CYP2C19. Elles affectent un quart des traitements courants. "Plusieurs médicaments largement utilisés pourraient être affectés par ces variations saisonnières, notamment les traitements contre le cancer, le diabète, l'hypercholestérolémie, les troubles psychiatriques, les thérapies hormonales et les immunosuppresseurs utilisés en transplantation d'organes", expliquent les auteurs dans leur communiqué. Les scientifiques ont également remarqué des différences dans l'expression des gènes à variation saisonnière selon les sexes. Chez les femelles, ceux impliqués dans le métabolisme des glucides avaient une activité plus marquée en hiver et au printemps dans le duodénum (segment initial de l'intestin grêle) par rapport aux mâles. "L'augmentation du métabolisme des glucides dans le duodénum est essentielle pour que l'organisme puisse extraire le maximum d'énergie des rares aliments pendant les mois d'hiver, ce qui pourrait expliquer la prise de poids fréquente durant cette période. Puis, au printemps, avec la disponibilité accrue des aliments, le métabolisme des glucides s'intensifie pour extraire l'énergie d'une alimentation plus diversifiée", ajoutent les experts.
Alcool : les effets de la boisson sont plus importants l’été
Lors d’un autre essai, mené pour tester les changements de tolérance à l'alcool en fonction des saisons, les scientifiques ont élevé des souris dans des conditions hivernales et estivales. Ils ont constaté que les rongeurs élevés en conditions hivernales se remettaient plus rapidement d'une intoxication alcoolique.
"Ce résultat suggère que l'organisme est plus susceptible de s'intoxiquer en été", explique le professeur Takashi Yoshimura qui a dirigé l’étude. "C'est une découverte intéressante, car elle pourrait expliquer pourquoi le nombre de patients hospitalisés pour intoxication alcoolique aiguë est plus élevé en été dans la plupart des pays."Mais plus important encore, ces travaux suggèrent qu’il faudrait tenir compte de la période de l’année pour améliorer la prise en charge des patients. Les chercheurs plaident ainsi pour le développement de la chronothérapie, c'est-à-dire prendre en considération le rythme circadien lors des soins du patient.