Rhinite allergique : le traitement marche contre le rhume des foins

Publié le 07.04.2022
Mise à jour 12.06.2023
Rhinite allergique : le traitement marche contre le rhume des foins
DzoPhotography/iStock

La rhinite allergique est une inflammation courante du nez, secondaire à une hypersensibilité à une substance dénommée « allergène ». Elle débute souvent dans l’enfance et les traitements disponibles sont efficaces s’ils sont bien utilisés.

Rhinite allergique (rhume des foins) : COMPRENDRE

Des mots pour les maux
La « rhinite » correspond à une inflammation du nez et dans la « rhinite allergique », cette inflammation est déclenchée par un produit étranger au corps, un « allergène ».
La rhinite allergique est aussi communément appelée « rhume des foins », ce qui ne représente qu’une partie des cas rencontrés dans cette maladie.
« L’immunothérapie » est le nouveau terme pour désigner une désensibilisation, en raison des progrès techniques accomplis.

Qu'est-ce qu’une rhinite allergique ?

Une rhinite allergique est une inflammation liée à une réaction allergique (« hypersensibilité »). Cette hypersensibilité est généralement dirigée contre une substance extérieure au corps, « l’allergène », qui n’est pas toujours simple à identifier.
La fréquence de la rhinite allergique a beaucoup augmenté ces dernières années en raison des modifications des conditions d’environnement et probablement des conditions d’hygiène dans lesquelles les enfants sont désormais élevés (moindre familiarisation du système immunitaire aux allergènes environnants lors de leur éducation).
Les mécanismes de la réaction allergique font intervenir des anticorps spécialisés, les immunoglobulines E ou IgE, et des globules blancs à la base de la réaction immunitaire, les lymphocytes T helper. Lors du contact de la muqueuse nasale avec l’allergène, la fixation de cet allergène sur les IgE aboutit à la libération immédiate de différentes protéines pro-inflammatoires : histamine, leucotriènes et prostaglandines. L’allergène impliqué peut être un pollen (dans le cadre du rhume des foins), un petit parasite des maisons (« acarien »), des poils d’animaux, les poussières
Il est souvent fait une distinction entre la rhinite allergique saisonnière et la rhinite allergique per-annuelle, mais de nombreuses personnes souffrent des deux formes de rhinite en même temps.
Le diagnostic doit être assez précoce car, en dehors de l’inconfort que cette affection génère, laisser traîner une rhinite allergique n’est pas bon, car elle peut être associée à un asthme dans 25 à 30 % des cas et l’absence de prise en charge risque de rendre la situation plus grave.

Quels en sont les signes de la rhinite allergique ?

Le plus souvent, la personne qui souffre d’une rhinite allergique se plaint de congestion nasale pouvant conduire à une obstruction nasale (« nez bouché ») et à une irritation du nez : « nez qui coule » (ou « rhinorrhée »), d’éternuements, de « nez qui pique » ou « qui gratte » (« prurit nasal »).
La congestion nasale peut s’accompagner d’éternuements, de toux et d’une irritation des yeux (« conjonctivite allergique ») avec des yeux rouges et qui pleurent.
Le retentissement de la rhinite allergique peut être à l’origine de troubles du sommeil avec fatigue et irritation.
Les personnes atteintes de rhinite allergique ont souvent des antécédents familiaux d’allergie.
Elles déclarent spontanément que leurs problèmes s’aggravent à certaines périodes de l’année ou lorsqu’elles sont exposées à des allergènes spécifiques.

Quels sont les différents types de rhinite allergique ?

L’ancienne classification séparait les rhinites allergiques saisonnières, qui apparaissent uniquement à une certaine période de l’année et sont en rapport avec une hypersensibilité aux pollens des arbres ou de graminées, des rhinites allergiques per-annuelles, dont les signes sont présents toute l’année et le plus souvent liés à une hypersensibilité aux acariens et aux poils d’animaux.
La nouvelle classification ARIA est désormais basée sur les données scientifiques et est catégorisée en « rhinite intermittente » (signes pendant moins de 4 jours par semaine ou moins de 4 semaines) ou « rhinite persistante » (signes pendant plus de 4 jours par semaine ou plus de 4 semaines consécutives), qui peut être légère, modérée ou sévère.

Quelles sont les causes de la rhinite allergique ?

Il est démontré que les facteurs génétiques, tout comme certains facteurs environnementaux, sont impliqués dans le développement de la rhinite allergique.
Du point de vue environnemental, la rhinite allergique est souvent causée par les pollens, surtout au printemps. Il existe 3 grandes familles végétales à pollens allergisants : les arbres, les graminées et les herbes sauvages. Les pollens responsables de cette rhinite peuvent varier selon les régions et les saisons.
Ce sont les pollens transportés par le vent qui sont les plus gênants (« pollens anémophiles »), car difficiles à éviter.
Les pollens les plus allergisants sont le noisetier, le frêne, le bouleau, les graminées et l’armoise. Au cours des dernières années, les dates de floraisons se sont avancées de 2 à 3 semaines.
Il existe aussi des pneumallergènes qui persistent tout au long de l'année dans l'environnement, comme les acariens, les poils d'animaux (chat, chien…) ou les allergènes professionnels (solvants, substances chimiques…). Ces allergènes sont bien plus dangereux que les pollens saisonniers car ils induisent une inflammation allergique continue (« chronique »), en particulier au niveau des bronches, et peuvent être responsables de lésions progressivement irréversibles.

Quelles sont les complications de la rhinite allergique ?

Une rhinite allergique à un allergène, si elle n’est pas traitée, peut voir le nombre d’allergènes qui la provoque augmenter = allergies multiples.
Il est aussi important de penser à un asthme, qui peut être associé ou apparaître secondairement dans un cas sur 4 ou sur 3, et doit donc être systématiquement recherché.

Rhinite allergique (rhume des foins) : DIAGNOSTIC

Quand faut-il évoquer une rhinite allergique ?

Les éternuements et le nez bouché et qui coule, qui récidivent à chaque exposition à l’allergène, sont assez faciles à évoquer en cas de rhinite saisonnière.
La cause de la rhinite allergique est parfois évidente : éternuement à chaque tonte de pelouse, crise d'asthme en présence d'un chat, rhinite ou asthme lors de séjours dans des maisons peu habitées (site habituel de prolifération des acariens), signes lors des jours de travail et qui disparaissent complètement pendant les vacances pour les allergènes professionnels... mais plus difficile en cas de rhinite permanente ou de forme associant rhinite saisonnière et rhinite permanente.

Comment diagnostiquer une rhinite allergique ?

Pour poser le diagnostic de rhinite allergique, il est important de se poser les bonnes questions :
• Depuis combien de temps les signes sont-ils présents ? Est-ce qu’ils surviennent chaque année à la même période ou sont-ils présents toute l’année ?
• Y a-t-il une toux ou un essoufflement associés ? (qui pourraient être en faveur d’un asthme associé)
• Peut-on améliorer les signes en changeant d’environnement ?
• Quels sont les facteurs déclenchant ? (promenade, vent, fenêtre ouverte…)
• Est-ce qu’être en présence d’un arbre, d’une herbacée ou d’une graminée augmente les problèmes ?
• Y a-t-il un retentissement sur le sommeil ? L’état de fatigue ? La concentration ?
• Y a-t-il un retentissement sur les activités quotidiennes ? Le sport ?
• Y a-t-il des antécédents familiaux d’asthme, d’eczéma ou de rhinite allergique ?
Les tests allergiques sont ensuite nécessaires pour confirmer les causes profondes de la rhinite chez un patient.
Pour confirmer l’allergie, on réalise une analyse de sang comme un dosage des immunoglobulines E spécifiques (IgE), qui sont des témoins de la sensibilisation allergique. Une valeur normale permet d’éliminer une allergie et on ne fait donc ce dosage que lorsque l’on a un doute.
Pour découvrir le ou les allergènes en cause, certains médecins, les allergologues, peuvent pratiquer des tests cutanés (ou Prick-tests). Ces tests cutanés permettent de déterminer spécifiquement quels sont les allergènes responsables et, par conséquent, de permettre aux malades d’éviter d’être à leur contact ou de se traiter préventivement en cas de contact inévitable.
Les résultats aident en outre les allergologues à prescrire éventuellement une immunothérapie, ou désensibilisation, lorsqu’elle est nécessaire.

Rhinite allergique (rhume des foins) : TRAITEMENT

Que peut-on faire en cas de rhinite allergique ?

En général, le traitement de première intention contre la rhinite allergique consiste à éviter l’exposition aux allergènes responsables.
• Pour les allergies aux pollens :
- Il faut éviter les promenades dans les forêts, les prés ou les champs au printemps,

- Il faut fermer les fenêtres et entrées d'air lors de déplacements en voiture.
• Pour les allergies aux animaux domestiques :
Il faut se séparer de l'animal dont les poils sont responsables ou éviter son contact.

• Pour les allergies aux acariens, dans la maison et la chambre à coucher :
- Il faut envelopper le matelas dans une housse isolante et utiliser une literie (oreillers et couette) lavable à 65°C,
- Il faut laver cette literie tous les 15 jours et changer et laver les draps, taies d'oreillers et housses de couettes tous les 7 jours,
- Il faut laver rideaux et doubles rideaux tous les 3 mois,
- Il ne faut pas oublier de laver les peluches des enfants tous les 3 mois,
- Il faut supprimer moquette et tapis et passer régulièrement l'aspirateur,
- Il faut aérer la maison et la chambre chaque jour et après le passage de l'aspirateur.
Il se peut que ces mesures ne fonctionnent pas chez toutes les personnes, car c’est assez lourd à faire.

Quel est le traitement d’une rhinite allergique ?

Après éviction systématique de l’allergène, ce qui n’est pas toujours possible, les traitements disponibles sont efficaces et en général sans danger, s’ils sont bien utilisés.
Il est recommandé de les prendre systématiquement, tous les jours, dès le début des signes et pendant toute la durée de la floraison incriminée. Dans certains cas, il est possible de les prendre même un peu avant, ce qui évite le déclenchement de l'allergie et de « courir après l’inflammation allergique » et de la bloquer dès le départ.
• Les corticoïdes topiques par voie nasale constituent le traitement recommandé en première intention en cas de rhinite modérée ou grave (budésonide, fluticasone, mométasone…). Ils sont recommandés comme traitement de deuxième ligne chez les patients souffrant d’une rhinite allergique légère. Ces médicaments, longtemps considérés comme les plus puissants par les praticiens, agissent directement sur l’inflammation qui est provoquée par l’allergie. Leur utilisation régulière peut même réparer les effets de l’inflammation. Les corticoïdes par voie nasale ont peu d’effets indésirables, mais ils peuvent cependant entraîner une irritation ou des saignements du nez chez 10 à 20 % des personnes.
• Les antihistaminiques oraux sont les médicaments de première intention contre la rhinite allergique. Les antihistaminiques les plus anciens ont un effet sédatif potentiellement dangereux lors de la conduite automobile ou dans certains métiers. Les antihistaminiques de deuxième génération n’ont pas d’effet sédatif et sont désormais recommandés en première intention aux personnes qui doivent prendre ce type de médicaments : desloratadine, fexofénadine, loratadine, cétirizine... Il ne faut pas hésiter à en essayer plusieurs afin de trouver la molécule qui convient le mieux à chaque personne : il existe en effet une forte susceptibilité individuelle.
• Les corticoïdes topiques par voie nasale sont supérieurs aux antihistaminiques oraux pour le traitement de la rhinite allergique. Ils offrent un avantage particulièrement important par rapport aux antihistaminiques chez les personnes atteintes de rhinite allergique périodique qui souffrent de congestion nasale modérée ou grave. Dans ce cas, ils doivent constituer le traitement principal.
Il est possible d’associer les corticoïdes topiques avec les antihistaminiques.
• En collyres, les corticoïdes topiques sont efficaces lors du traitement de l’allergie de l’œil (« conjonctivite »).
• Les antileucotriènes peuvent être utilisés en prévention de la rhinite, essentiellement chez les personnes asthmatiques avec une polypose naso-sinusienne.
• Les corticoïdes par voie orale sont déconseillés en raison des effets secondaires qui surviennent aux doses où ils sont efficaces.
• Il faut éviter les sprays nasaux décongestionnant à base de phényléphrine qui font courir un risque d’accidents vasculaires.
L’immunothérapie spécifique, ou désensibilisation, permet d’induire une tolérance à un ou plusieurs allergènes. Les progrès de ces dernières années ont renforcé l’efficacité de ces traitements avec une meilleure purification des allergènes et l’administration de certains par voie sublinguale. Les injections sous-cutanées ont lieu une fois par semaine pendant 3 mois, puis une fois par mois pendant 3 ans.
L’immunothérapie par voie sous-cutanée permet de contrôler les signes d’allergie chez plus de deux-tiers des personnes avec rhinite allergique, prévient le développement d’un asthme bronchique et permet d’élargir le spectre des allergies à d’autres allergènes au fil du temps. Les inconvénients sont son prix, l’investissement de temps et la possibilité de développer des allergies au produit administré. La désensibilisation marche d’autant mieux qu’elle est initiée tôt après le développement des signes. En cas de récidive après désensibilisation, si la première immunothérapie a été efficace, il est possible de la refaire.

Rhinite allergique (rhume des foins) : PREVENIR

Comment prévenir une rhinite allergique ?

Il faut toujours suivre son traitement sur toute la durée prescrite.
La personne allergique doit également limiter les contacts avec l’allergène responsable (acariens, pollens, animaux, moisissures). Il est en effet possible d’adopter des « mesures d’éviction adaptées et quotidiennes » telles que : ouvrir les fenêtres au minimum 15 minutes 2 fois par jour, matin et soir, en évitant les heures les plus chaudes de la journée, diminuer la température intérieure qui favorise le développement des acariens et entretenir le système de ventilation et l’aération du domicile. Il faut aussi maintenir les animaux hors de la maison, ou au moins de la chambre.
Il faut aussi diminuer l’exposition aux polluants et aux agents irritants (tabac, dioxyde d’azote et composés organiques volatils).
Il vaut mieux éviter de fumer, même à la fenêtre, dans la maison d’un allergique. L’arrêt total de la cigarette est évidemment recommandé.
Dans certains cas, un changement de métier peut s’imposer.

Que faire en cas de récidives trop fréquentes ?

L’immunothérapie spécifique, autrefois appelée « désensibilisation », pour la rhinite allergique, la conjonctivite et l’asthme existe depuis près de cent ans. Il s’agissait autrefois d’injecter au patient des doses de plus en plus importantes des substances allergènes afin de transformer progressivement sa réponse immunitaire à celles-ci. Désormais, les progrès techniques ont permis une meilleure purification des allergènes qui peuvent désormais être administrés par voie sublinguale pour certains, ce qui simplifie et améliore ce traitement immunothérapique. Habituellement, l’immunothérapie spécifique élimine la réponse immunitaire à l’allergène, ce qui marche s’il n’y a qu’un seul allergène responsable.

Rhinite allergique (rhume des foins) : PLUS D’INFOS

La rhinite allergique en France

En France, 20 à 25 % de la population souffrent d’une allergie. La fréquence de l’allergie ne cesse d’augmenter.
Un asthme peut être associé à une rhinite allergique dans 25 à 30 % des cas

Les liens la rhinite allergique

Le site de l’association asthme-allergie
http://asthme-allergies.org/

Les liens Pourquoi Docteur

Allergies : le changement climatique augmente les risques
Asthme : un essouflement lié à un rétrécissement des bronches
Asthme : l’exposition aux acariens aggrave la maladie
Allergies alimentaires : elles ont doublé en quelques années
Rhume : une rhinopharyngite qui se complique parfois
Rhinopharyngite de l’enfant : la récidive est normale chez le jeune enfant

Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.


JDF