Ascaridiose : une parasitose intestinale au retour d’un voyage en zone tropicale

Publié le 01.03.2021
Mise à jour 21.02.2024
Ascaridiose : une parasitose intestinale au retour d’un voyage en zone tropicale
iStock/Mr_Microbe

L'ascaridiose est la parasitose intestinale la plus fréquente dans le monde. Elle est causée par un vers intestinal, Ascaris lumbricoides, strictement humain. Rare en France, elle est le plus souvent asymptomatique, mais peut aussi provoquer des troubles digestifs ou plus rarement des complications chirurgicales. Elle est très répandue dans les pays tropicaux où le traitement de l'eau et des excréments humains est insuffisant.

Ascaridiose : COMPRENDRE

Des mots pour les maux

Une parasitose est une infection provoquée par un parasite, c'est-à-dire un organisme vivant au dépend d'un autre organisme (hôte). 

Dans le cas de l'ascaridiose, le parasite en question est un ver appelé Ascaris lumbricoides et l'hôte est l'être humain. 

Ce ver fait partie de la famille des nématodes, c’est-à-dire des vers ronds non-segmentés. 

Un traitement vermifuge est un traitement antiparasitaire dirigé contre les vers. 

La transmission oro-fécale correspond aux maladies transmises par les excréments humains. Lorsqu'une personne est atteinte d'une maladie de ce type, ses déjections (fécès : fécal) sont contaminées par le microbe responsable. Il se répand alors dans l'environnement et peut contaminer d'autres personnes par ingestion (voie orale : oro) d'aliments et d'eau souillée ou lorsque l'on porte à sa bouche ses mains non ou mal lavées. Ces maladies se répandent très facilement lorsque les mesures d'hygiène de traitement des déjections sont insuffisantes ou lorsqu'elles sont utilisées comme engrais, on parle alors de péril fécal

Qu'est-ce que l'ascaridiose ?

L'ascaridiose est une parasitose intestinale rare en France, mais très fréquente dans les pays tropicaux et sa fréquence augmente avec les voyages en pays tropical. Elle est due à l'infection par un ver appelé scientifiquement Ascaris lumbricoides. Ce ver rond mesure de 10 à 20 cm de long. Il pénètre dans l'organisme par la bouche, via des aliments, de l'eau ou les mains souillées par des œufs du parasite. 

La larve mature ensuite dans le tube digestif après un passage par le foie et les poumons. Au bout de deux mois, les femelles développées pondent des œufs qui seront excrétés par l'anus. 

La maladie est plus fréquente dans les pays tropicaux à hygiène insuffisante : les excréments humains peuvent plus facilement se répandre dans la terre, l'eau, sur les aliments, car leur gestion est insuffisante (pas de tout à l'égout, utilisation d'engrais d'excrément humain pour les cultures, eau non potable).

Quels sont les signes de l'ascaridiose ?

Le plus souvent les personnes parasitées sont sans aucun signe, c’est-à-dire « asymptomatiques ». 

Dans d'autres cas, l'infection provoque de la toux, un peu de fièvre, de l'urticaire, des troubles digestifs tels que des douleurs abdominales ou de la diarrhée.

Quelles sont les complications de l'ascaridiose ?

L'ascaridiose est une maladie bénigne, sans gravité dans la plupart des cas, notamment en France où les personnes infectées portent peu de parasites. 

Dans les pays tropicaux, en cas d'infestation par un grand nombre de parasites et en l'absence de traitement, des complications graves peuvent survenir : occlusion et perforation de l'intestin, appendicite, angiocholite (infection des voies biliaires).

Ascaridiose : DIAGNOSTIC

Quand faut-il évoquer une ascaridiose ?

Le diagnostic d’ascaridiose doit plutôt être évoqué au retour d'un pays tropical.

Lorsqu'on est atteint d'ascaridiose, le plus souvent, peu de symptômes sont présents. L'ascaridiose peut sinon être évoquée en cas de troubles digestifs (diarrhées, douleurs du ventre) ou de toux associée à de la fièvre, ou de l'urticaire, notamment en cas d'apparition des symptômes après un voyage en zone tropicale. 

Parfois, la constatation de la présence de vers dans les selles peut aussi amener à évoquer le diagnostic.

Comment diagnostiquer une ascaridiose ?

Le diagnostic peut être fait par la découverte de vers dans les sous-vêtements ou les selles. 

Il peut aussi être fait par un examen parasitologique des selles : le laboratoire analyse les selles à la recherche d'œufs du parasite. Cet examen doit être fait au minimum deux mois après la contamination, délai à partir duquel la femelle parasite présente dans les intestins évacue les œufs par l'anus. 

Enfin, une prise de sang peut donner une indication si elle retrouve sur la Numération-Formule-Sanguine (ou NFS) une élévation de certains globules blancs, les polynucléaires éosinophiles ou « hyperéosinophilie ». 

Avec quelles autres maladies peut-on confondre l'ascaridiose ?

L'ascaridiose peut être confondue avec d'autres parasitoses intestinales, le ver solitaire, dont le nom scientifique est taenia, ou avec l'oxyurose. Il s'agit également d'infections parasitaires au cours desquelles on peut retrouver des vers dans les intestins et dans les sous-vêtements et qui peuvent provoquer des troubles digestifs. 

En cas de taenia, les vers sont en forme d'anneau et l'infection peut provoquer également une perte d’appétit et de l'urticaire. 

En cas d'oxyurose, les vers sont de petite taille et ronds, la maladie peut provoquer, notamment chez les jeunes enfants, des démangeaisons de l'anus, de l'irritabilité. Ces deux maladies sont plus fréquentes en France que l'ascaridiose, dont le diagnostic doit plutôt être évoqué au retour d'un pays tropical. 

Ascaridiose : TRAITEMENT

Quels sont les principes du traitement de l'ascaridiose ? 

Dès le diagnostic d'ascaridiose posé, il est important de prendre un traitement antiparasitaire qui est très efficace. 

Il s'agit d'un médicament à prendre par la bouche sous forme de comprimé ou de suspension buvable en prise unique ou s'étalant sur 3 jours. 

On utilise de préférence des benzimidazolés, soit le flubendazole (Fluvermal®), comprimé ou suspension : un comprimé dosé à 100 mg matin et soir, pendant trois jours ; soit l’albendazole (Zentel®), comprimé ou suspension : 400 mg en cure unique ; soit le pamoate de pyrantel (Combantrin®), 12 mg/kg en cure unique, mais en alternative.

Ascaridiose : PREVENIR

Comment réduire les risques de contracter l'ascaridiose ? 

La maladie existant essentiellement dans les pays tropicaux, en cas de voyage dans une zone à risque, des précautions d'hygiène simples permettent de réduire les risques de contracter la maladie. 

Il faut se laver régulièrement les mains à l'eau et au savon, notamment avant les repas et après être allé aux toilettes. Il est important aussi de laver les crudités et fruits avant de les consommer, ou d'éviter de les consommer en cas de doute sur la préparation. 

Il ne faut pas boire d'eau du robinet mais de l'eau en bouteille, ou bouillie au moins une minute ou traitée par capsule désinfectante.  

Il faut également éviter de manger glaces, sorbets, glaçons, jus de fruit frais et lait non pasteurisé. 

Pour réduire le risque à l'échelle d'un pays, des mesures collectives doivent être mises en œuvre pour lutter contre le « péril fécal » : égouts, traitement des eaux usées, interdiction des engrais d'origine humaine pour les cultures maraîchères. 

Peut-on être atteint d'ascaridiose plusieurs fois au cours de sa vie ? 

Il est possible d'être atteint d'ascaridiose plusieurs fois au cours de sa vie. En effet, la maladie n'est pas immunisante, c'est-à-dire qu'une première infection ne protège pas d'infection ultérieure, car le corps ne produit pas d'anticorps contre la maladie. Pour éviter le risque de récidive, il faut donc respecter les mesures d'hygiène de base en cas de voyage en zone tropicale.

Ascaridiose : PLUS D'INFOS

La maladie en France - chiffres

Il n'existe pas de chiffres précis sur le nombre de contaminations en France, mais à l'échelle mondiale, on estime qu'1 milliard de personnes est atteint. Il s'agit majoritairement des enfants de 4 à 14 ans, dans les pays tropicaux en voie de développement compte tenu des mesures d'hygiène précaires. La maladie est très peu répandue en France, la plupart des cas sont des personnes ayant été infectées lors d'un voyage à l'étranger. 

Liens site/sources

Société de pathologie infectieuse de la langue française

https://www.infectiologie.com/UserFiles/File/formation/ecn-pilly-2018/ecn-2018-ue6-168-nb.pdf

Société nationale savante de gastro-entérologie 

https://www.snfge.org/sites/default/files/SNFGE/Formation/Abrege-HGE/abrege-hge-cd_2015_chap03_item168_ue6.pdf

 

Association française des enseignants de parasitologie et mycologie (ANOFEL)

http://campus.cerimes.fr/parasitologie/enseignement/ascaridiose/site/html/cours.pdf



Liens pourquoi Docteur

Vers intestinaux : une bonne hygiène évite d'avoir à s'en débarrasser 

Chine : un ver de 30 cm découvert dans l’intestin d’une femme



Liens vidéos

Rfi, le conseil santé : les vers intestinaux

 

 

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