Cardiologie

Troubles du sommeil : l’activité physique contre ses conséquences cardiovasculaires

L’exercice physique est devenu indispensable à un mode de vie sain et il permettrait de réduire les effets négatifs de mauvaises nuits sur l’espérance de vie.

  • Galeanu Mihai/istock
  • 30 Mar 2023
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    Dormir trop ou pas assez n’est jamais bon pour l’être humain et peut même être responsable d’un raccourcissement de la durée de vie. La qualité du sommeil est importante pour notre bien-être, d’autant plus qu’il est en relation avec la longévité de l’être humain.

    Une étude, avec une évaluation objective de l’activité physique et du sommeil sur plus de 90 000 adultes, et publiée dans l'European Journal of Preventive Cardiology, montre que l’activité physique pourrait dans une certaine mesure compenser les effets néfastes d’une mauvaise qualité de sommeil sur l’espérance de vie.

    1ère large étude avec une évaluation basée sur un accéléromètre

    L’utilisation d’un accéléromètre dans cette étude, capteur capable de mesurer l’accélération linéaire d’un mouvement et ses vibrations, a permis d'obtenir des estimations objectives et fiables tant de l'activité physique que de la durée du sommeil. 92 221 adultes âgés de 40 à 73 ans issus de la cohorte UK Biobank ont porté un bracelet accéléromètre pendant une semaine entre 2013 et 2015. L’âge moyen était de 62 ans et 56% étaient des femmes.

    La durée de sommeil par nuit a été répertoriée comme courte (6 heures), normale (6 à 8 heures) et longue (plus de 8 heures). Le volume total d'activité physique a été divisé en tertiles (faible, intermédiaire, élevé). Et l’activité physique a été répartie en modérée ou intense, en suivant les indications de l’OMS avec au moins, par semaine, 150 minutes d'activité physique d'intensité modérée, ou au moins 75 minutes d'activité physique d'intensité vigoureuse, ou une combinaison équivalente.

    Un suivi prospectif prolongé

    Sur un suivi médian de sept ans, 3 080 participants sont décédés dont 1 074 d'une maladie cardiovasculaire et 1 871 d'un cancer.

    Chez les participants ayant un faible volume d’activité, une durée de sommeil nocturne courte ou longue les chercheurs ont observé des risques accrus de décès toutes causes confondues, de 16% et 37%, respectivement. Pour les personnes ayant pratiqué un volume d’activité physique intermédiaire, seule une durée courte de sommeil était préjudiciable avec une probabilité de décès toutes causes confondues de 41%. Et chez les participants qui faisaient beaucoup d'exercice, la durée du sommeil ne serait pas liée au risque de décès.

    Les personnes dormant peu et faisant peu d'exercice physique auraient un risque accru de 69% de décès d'origine cardiovasculaire, qui disparait lorsque le volume d'exercice passait à un niveau modéré ou élevé. Les gros dormeurs pratiquant peu d'exercice physique auraient un risque accru de 21% de décès d’origine cancéreuse, qui disparaissait également lorsque le volume d'exercice passait à un niveau modéré ou élevé.

    En pratique

    Chez les participants dont le niveau d’activité physique n’est pas conforme aux recommandations de l'OMS, un sommeil court et un sommeil long seraient associés à un risque accru de décès toutes causes confondues de 31% et 20%, respectivement. Ces risques disparaîtraient chez les participants qui respectaient les recommandations de l'OMS.

    Les petits dormeurs ne respectant pas les recommandations relatives à l'intensité de l'exercice physique auraient un risque accru de décès d'origine cardiovasculaire de 52%, qui disparaissait chez les personnes respectant les recommandations. Les gros dormeurs ne respectant pas les recommandations présentaient un risque accru de 21% de décès par cancer, qui disparaissait chez les participants qui suivaient les recommandations de l'OMS.

    Un véritable enjeu de Santé Publique 

    L’auteur de l'étude, le Dr Jihui Zhang, de l’université médicale de Guangzhou, en Chine.

    déclare : " Nos résultats suggèrent que les efforts de promotion de la santé ciblant à la fois l'activité physique et la durée du sommeil peuvent être plus efficaces pour prévenir ou retarder les décès prématurés chez les adultes d'âge moyen et les personnes âgées que si l'on se concentre sur un seul comportement. Dans un scénario idéal, les gens dormiraient et feraient de l'activité physique en quantité suffisante. Cependant, notre étude indique qu'une activité physique suffisante peut partiellement compenser les effets néfastes d'une nuit de sommeil insuffisante. ».

    Nous pouvons donc en conclure que, comme l’indique l’OMS : « L’activité physique est très bénéfique pour la santé du cœur, du corps et de l’esprit, et contribue à la prévention et à la prise en charge des maladies non transmissibles telles que les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète ».

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    JDF