Rhumatologie

Ostéoporose : les comorbidités multiples semblent gêner la prise en charge

En cas de 1ère fracture ostéoporotique, les comorbidités multiples seraient associées à un moindre dépistage et une moindre prise en charge du risque de récidive fracturaire, y compris chez les personnes les plus à risque de fractures de fragilité.

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  • 24 Jan 2023
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    Les comorbidités multiples sont fréquentes chez les personnes souffrant de fractures ostéoporotiques. Cependant, leur impact sur le dépistage et le traitement de l'ostéoporose pour prévenir les récidives fracturaires n'est pas clair. Ces connaissances limitées empêchent une prise en charge optimale de ces patients souvent à haut risque de nouvelle fracture.

    Une équipe de chercheurs Australiens a mené une étude prospective sur plus de 10 000 adultes âgés de plus de 50 ans avec une fracture ostéoporotique incidente et un risque élevé de récidive fracturaire. Il s’agissait d'étudier l'association entre la multimorbidité et le dépistage et le traitement de l'ostéoporose.

    Dans ce groupe pourtant à haut risque de récidive fracturaire, la grande majorité des adultes n'ont pas été dépistés ou traités pour une ostéoporose après une 1ère fracture ostéoporotique. Ces résultats sont publiés dans PLOS Medicine.

    Moindre prise en charge de l’ostéoporose

    La présence d'autres maladies chroniques serait associée à une moindre probabilité d'être dépisté et traité pour ostéoporose. Sur les 25 280 personnes ayant subi une fracture index, 10 540 ont été classées à haut risque sur la base d'un seuil de risque de fracture de Garvan à 10 ans (âge, sexe, poids, fracture antérieure et chutes) ≥20%. Dans ce groupe à haut risque, la grande majorité des adultes n'a pas été dépistée ou traitée pour l'ostéoporose après la survenue d’une fracture ostéoporotique.

    Les adultes souffrant de plusieurs maladies chroniques étaient significativement moins susceptibles d'être dépisté : OR ajusté, femmes : 0,73 (IC à 95%, 0,61 à 0,87) et 0,43 (IC à 95%, 0,30 à 0,62) et hommes : 0,47 (IC à 95%, 0,33 à 0,68) et 0,52 (0,31 à 0,85), pour un indice de comorbidité de Charlson (CCI) : 2 à 3 ou ≥4 versus 0 à 1, respectivement, par rapport à celles qui ne souffrent d'aucune maladie chronique.

    Ils étaient également moins traitées pour l'ostéoporose : OR ajusté, femmes : 0,85 (IC à 95%, 0,74 à 0,98) et 0,78 (IC à 95%, 0,61 à 0,99) ; hommes : 0,75 (IC à 95%, 0,59 à 0,94) et 0,37 (IC à 95%, 0,23 à 0,53) pour un CCI : 2 à 3 ou ≥4 versus 0 à 1, respectivement, par rapport à celles qui ne souffrent d'aucune maladie chronique.

    Une très large cohorte prospective

    L'étude "45 and Up" de l'Institut Sax est une cohorte prospective basée sur la population de 267 153 personnes en Nouvelle-Galles du Sud (Australie), recrutées entre 2005 et 2009. Cette analyse a suivi les participants jusqu'en 2017, soit une durée médiane de 6 ans.

    Les données du questionnaire ont été liées aux admissions à l'hôpital (Admitted Patients Data Collection (APDC)), aux consultations aux urgences (Emergency Department Data Collection (EDDC)), au Pharmaceutical Benefits Scheme (PBS) et au Medicare Benefits Schedule (MBS).

    Les données ont été couplées par le Centre for Health Record Linkage et stockées dans un environnement informatique sécurisé. Les fractures ont été identifiées à partir de l'APDC et de l'EDDC, l'indice de comorbidité de Charlson (CCI) à partir de l'APDC, l'examen par absorptiométrie à rayons X à double énergie (DXA) à partir du MBS, et le traitement de l'ostéoporose à partir du PBS. La cohorte est relativement saine ; par conséquent, l'impact de la multimorbidité sur la prise en charge de l'ostéoporose peut avoir été sous-estimé.

    Une population à risque qui doit être prise en charge

    Les fractures ostéoporotiques sont fréquentes et associées à un risque accru de récidive fracturaire et de mortalité prématurée. Un traitement préventif d’une fracture ultérieure efficace est disponible et il est recommandé pour les patients à haut risque (dont le risque de fracture à 10 ans est >20%), mais sa mise en œuvre dans ce groupe est sous-optimale.

    Dans cette étude, les comorbidités multiples semblent avoir contribué de manière significative au déficit de prise en charge de l'ostéoporose. Ceci suggère que le risque de fracture est, soit sous-estimé, soit sous-priorisé, dans le contexte d’une multimorbidité, et souligne la nécessité d'une vigilance accrue et d'une meilleure prise en charge des fractures chez les patients complexes, souffrant de plusieurs maladies chroniques.

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    JDF