Addictologie

Mois sans alcool : bilan des motivations pour les Français qui tentent l'expérience

Le Dry January, le défi du mois sans alcool, a été suivi selon un sondage Yougov par un quart des Français interrogés. Santé Publique France s'est intéressée dans une étude, sur les motivations poussant ou non les Français à relever le défi, et à leur ressenti à l'issue de cette expérience enrichissante.

  • Rana Hamid/istock
  • 01 Mar 2022
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    Un mois après la fin de sa troisième édition, Santé Publique France publie les résultats d'une étude sur l'expérience et les motivations, ou non à participer du « Dry January » aussi appelé le défi de janvier. Intervention relevant du marketing social pour questionner sa consommation d'alcool, le défi est ouvert à tout consommateur qu'il soit occasionnel, régulier, en excès ou non. Né au Royaume Uni en 2013, il consiste à ne pas boire d'alcool pendant un mois. Pour son étude qualitative, Santé Publique France a interrogé sous forme d'entretiens individuels et collectifs 71 personnes entre 18 et 50 ans, aux profils variés, ayant participé ou non au défi lors de la première édition 2020.

    Situé juste après les fêtes de fin d'année et ses excès, le défi pouvait constituer une opportunité de « pause détox » pour retrouver une meilleure hygiène de vie. Pour les participants interrogés, l'expérience était aussi l'occasion de se questionner sur sa consommation ou d'observer avec curiosité les bénéfices sur le corps d'un mois d'abstinence comme le souligne cette participante « c'est tombé à un moment de ma vie de recherche de bien être ». Des motivations souvent personnelles donc. Mais parfois aussi par altruisme tel que le soutien à un proche, comme cette jeune femme de 19 ans qui explique : « moi je ne bois pas beaucoup [...], j'ai une amie qui boit énormément je voulais lui montrer qu'on peut être très bien sans alcool ».

    La crainte de la stigmatisation et du coût social de l'abstinence

    Être identifié comme quelqu'un ayant des problèmes avec l'alcool, était une crainte exprimée par les participants. Une vision d'ailleurs souvent relayée par les non-participants pour qui la cible du défi était prioritairement les personnes dépendantes, expliquant ainsi leur mise à distance du défi.

    Pourtant le défi est bien ouvert à toute personne qui souhaite réfléchir sur sa consommation. Une autre crainte évoquée, qui met en exergue l'importance sociale de l'alcool dans notre société le « coût social de l'abstinence ». Les personnes interrogées évoquant avant le défi l'appréhension d'une vie moins festive et d'un décalage avec l'entourage. Certains non-participants se questionnaient eux sur l'intérêt même de la démarche allant parfois la juger comme infantilisante, comme l'exprime à sa manière cet homme : « Je me considère comme adulte responsable et je n’aime pas trop ces mois sans tabac ou alcool. Je fais ce que je veux ».  

    Une prise de conscience de la place de l'alcool dans la société

    Meilleure forme grâce à un sommeil de qualité, sensation d'énergie retrouvée ou encore une plus belle peau sont quelques-uns des bénéfices physiques ressentis pendant l'expérience. Et bien sûr les économies d'argent, plutôt évoquées par les jeunes participants. Toutefois même si quelques irréductibles ont enchaîné avec la Tournée Minérale belge, beaucoup, attendaient avec impatience la fin du défi et le « retour à la normale » de leur vie sociale. Mais ce retour à la normale n'en était pas totalement un.

    En effet, la majorité des participants évoque suite au défi une prise de conscience de la place de l'alcool dans la société et dans leur vie, ce qui les a amenés à faire évoluer leur consommation. Ils sont nombreux à déclarer avoir identifier les verres réellement désirés, avoir casser certains automatismes de consommation, et appris à mieux résister à la pression de l'entourage. Un chemin donc vers une consommation plus consciente et potentiellement plus raisonnable.   

    La question du lobbying alcoolier

    « Le besoin de médiatisation massive ressort fortement des résultats » souligne les auteurs de l'étude de Santé Publique France (SPF). Un constat qui fait doucement sourire lorsque l'on sait que ce défaut de médiatisation est en partie lié au fait que l’événement est boudé depuis sa première édition par les pouvoirs publics, dont SPF en raison du lobbying alcoolier...

    Étudier le défi est certes intéressant mais peut-être serait-il plus judicieux d'assumer sa position d'organisme de santé et de soutenir ouvertement l’évènement.

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    JDF