Diabétologie
Diabète de type 2 : contrôle glycémique continu
La surveillance glycémique continue est un outil séduisant pour le suivi de la glycémie des patients de type 2. Si l'intérêt dans un cadre très strict d'essai clinique est prouvé, il reste à démontrer en vie réelle au long cours.
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Alors que 40 % des Américains diabétiques ont une HbA1c supérieure à 8 %, le bénéfice de l’utilisation d’une surveillance continue du glucose (Continuous Glucose Monitor CGM) chez les patients diabétiques de type 2 reste incertain. Quinze centres de santé américains ont randomisé 175 individus diabétiques de type 2 déséquilibrés et traités par insulinothérapie basale entre une surveillance glycémique capillaire (blood glucose meter BGM) ou par CGM.
Après 8 mois, l’équilibre glycémique était meilleur chez les patients avec CGM, avec une baisse de l’HbA1c de 1,1 %, comparée à -0,6 % dans le groupe contrôle. Après ajustement sur l’HbA1c à l’inclusion, cette différence reste significative (-0,4 %, p-value 0,02 [intervalle de confiance -0,8 à -0,1]).
Un temps dans la cible augmenté de 12 points
Parallèlement à la diminution de l’HbA1c, le temps dans la cible (70 – 180 mg/dL) augmente après 8 mois de 40 % à 59 % dans le groupe CGM, vs 40 à 43 % dans le groupe BGM (différence +15 % (8 à 23), p-value < 0,001). Cette amélioration porte surtout sur le temps en grande hyperglycémie > 250 mg/dL, qui diminue de 26 à 11 % dans le groupe CGM, alors qu’il passe de 25 à 27 % dans le groupe BGM (différence -16 (-21 à -11), p-value < 0,001).
Dernier critère d’évaluation, le pourcentage de patients ayant atteint une HbA1c inférieure à 7,5 % : 38 % des individus dans le groupe CGM, contre 24 % dans le groupe BGM, soit une amélioration de 17,6 % (0,6-34,3, p-value 0,04).
Un suivi renforcé
Les patients devaient avoir au moins 30 ans, et un diabète déséquilibré avec une HbA1c entre 7,8 et 11,5 % : chez les 175 patients randomisés, la moyenne était de 9,1 %, après 15 ans d’évolution du diabète. Les patients étaient pour moitié originaires d’une ethnie non caucasienne, avec un IMC moyen de 34 kg/m² dans les deux groupes.
Le suivi était particulièrement renforcé durant les 8 mois de l’étude, avec dans les deux groupes des consultations à 2 semaines, 1 mois et 8 mois, en plus de consultations distancielles à 2, 4 et 6 mois, et de deux consultations avant l’inclusion, soit un total de 8 consultations en un peu plus de 8 mois. A noter que les patients devaient avoir l’habitude de faire au moins trois glycémies capillaires hebdomadaires pour pouvoir être inclus.
Une initiation à surveiller, un bénéfice à long terme non démontré
En France, la prescription d’une surveillance continue du glucose est réservée aux patients avec au moins trois injections d’insuline quotidiennes. Cette étude rapporte donc également un intérêt chez des patients diabétiques de type 2 traités par insulinothérapie basale ou pre-mix en une ou deux injections quotidiennes. Toutefois, ce bénéfice intervient dans le cadre d’un suivi extrêmement renforcé, qui peut largement bénéficier au groupe CGM et le flot de données récupérées.
Cette surveillance en continu pourrait donc être initiée dans le cadre du programme de télé-surveillance ETAPES les premiers mois. En revanche, un bénéfice plus à distance, avec un suivi plus classique, devrait être démontré avant d’élargir la prescription de la CGM.








