Infectiologie
Covid-19 : l'avantage de l'association remdesivir-baricitinib peut en cacher un autre
L’association d'un anti-JAK, le baricitinib, avec un antiviral, le remdesivir, semble accélèrer la récupération des personnes hospitalisées pour une infection à la Covid-19. Plus qu'à la correction de la dysrégulation immunitaire, le bénéfice du baricitinib pourrait venir d'un blocage de la pénétration du SARS-CoV-2 dans les cellules respiratoires.
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Dans les formes de la Covid-19 hospitalisées, une association de 2 médicaments semble prometteuse contre la Covid-19. La combinaison d'un anti-JAK, le baricitinib, et d'un antiviral, le remdésivir, semble réduire le temps de récupération des personnes hospitalisées pour la Covid-19.
Les résultats des essais cliniques menés par des chercheurs américains ont été publiés le 11 décembre dans le New England Journal of Medicine. Mais au-delà d'une correction de la dysrégulation immunitaire observée au cours de la Covid-19, le bénéfice du baricitinib pourrait aussi venir du blocage des voies de signalisation intra-cellulaires qui permettent normalement la pénétration du SARS-CoV-2 dans les cellules respiratoires en bloquant la vacuolisation de la membrane cellulaire.
Réduction de la durée de récupération
Les deux médicaments ont permis de réduire signifficativement, de 7 à 8 jours, la durée d’hospitalisation des patients infectés. Les patients qui nécessitaient de l'oxygène à haut débit ou une ventilation non invasive pendant leur hospitalisation semblent avoir eu le plus grand bénéfice avec un délai médian de récupération raccourci de 10 jours à 18 jours.
Après deux semaines de traitement, l’état des participants s’est considérablement amélioré. Les participants à l’étude qui ont reçu les deux traitements ont également eu un peu moins d'effets indésirables graves. L’essai randomisé ACTT-2 a débuté le 8 mai dernier et a porté sur 1 033 volontaires provenant de huit pays.
Le remdésivir continue à être au centre des traitements potentiels contre la Covid-19 et fait tour à tour figure de solution efficace et de faux espoir. Dans ce cas de figure, l'efficacité du remdésivir chez les patients sous oxygénothérapie à forte dose témoignerait d'une persistance de la réplication virale à ce stade, contrairement à ce qui avait été dit initialement. Certaines formes graves pourraient donc être dues à un défaut de la clairance virale, au moins dans le poumon, du SARS-CoV-2.
Une étude clinique plus approfondie
Le baricitinib est un immunomodulateur de type inhibiteur des Janus-kinases 1 et 2, qui bloque le relargage des interleukines (IL-2, IL-6, IL-10, GM-CSF et Interféron gamma) via une inhibition des voies de signalisation intracellulaires Janus-kinases. Il est utilisé dans plus de 70 pays comme traitement pour les adultes atteints de polyarthrite rhumatoïde modérément à sévèrement active, les spondylarthrite ankylosantes et les rhumatismes psoriasique.
Les chercheurs ont émis l'hypothèse que, étant donné que de nombreux symptômes graves du Covid-19 sont causés par une réponse inflammatoire d'origine immunitaire mal régulée, un traitement immunomodulateur conçu pour cibler l'inflammation pourrait être utile chez les patients.
Mais d'autres publications montrent bien que cet anti-JAK induirait un blocage de la Protéine kinase 1 associée à l'AP2 (AAK1 - intra-cellulaire) qui est indispensable à l'endocytose de la membrane cellulaire lors de la pénétration du SARS-CoV-2 dans la cellules pulmonaire. Ce blocage rendrait le coronavirus incapable d'infecter les cellules respiratoires.
“Ces résultats semblent montrer que le baricitinib plus le remdesivir peut bénéficier à certains patients atteints de COVID-19 et que l'association mérite une étude clinique plus approfondie”, ont écrit les chercheurs. Ces derniers soulignent que d'autres agents thérapeutiques, tels que la dexaméthasone, est difficile sans études de comparaison supplémentaires. Ce qui est intéressant, c'est que si le remdésivir seul marcherait plutôt au stade viral précoce de la maladie, si la dexaméthasone et le tocilizumab marcheraient mieux au stade du virage inflammatoire des formes hospitalisées, cette association marcherait mieux à un stade d'oxygénothérapie à haut débit, un stade plus avancé donc.








