Onco-sein
Cancer du sein localisé HER2+ : faut-il lever le pied dans les populations gériatriques ?
Pour les patients entre 70 et 80 ans, un traitement adjuvant par trastuzumab seul n’obtient pas une survie sans maladie équivalente à l’association trastuzumab et chimiothérapie.
- Prostock-Studio/istock
Pour les patients avec un cancer du sein localisé surexprimant le récepteur HER2, le standard en adjuvant associe une chimiothérapie à un anticorps anti-HER2, le trastuzumab. Cette chimiothérapie peut être particulièrement mal tolérée chez les populations gériatriques entrainant plus de complications, d’hospitalisations et d’arrêts de traitement pour toxicité.
Dans une étude publiée dans le Journal of Clinical Oncology, Sawaki et al ont comparé un traitement par trastuzumab seul à l’association trastuzumab et chimiothérapie. La non-infériorité du traitement par trastuzumab seul n’a pu être démontrée, bien que la qualité de vie est améliorée dans le groupe sans chimiothérapie et que la différence de survie est de faible amplitude.
Une population hétérogène
Dans cette étude, 266 patients ont été randomisés pour recevoir soit un traitement par trastuzumab, soit une association trastuzumab et chimiothérapie. La chimiothérapie était au choix de l’investigateur parmi 7 protocoles différents, dont aucun n’incluait une association de taxanes et d’anthracyclines. Etaient incluables les patients avec une tumeur de stade I à IIIA.
Le suivi médian est de 4,1 ans. La survie sans récidive à 3 ans est de 89,5% dans le bras trastuzumab seul contre 93,8% dans le bras trastuzumab et chimiothérapie (Hazard ratio = 1,36, IC 95% = [0,72–2,58; p = 0,51) pour une borne de non infériorité fixée à 1,69. La différence de médiane de survie sans maladie correspond à une perte de 0,39 mois (analyse de survie en médiane de survie restreinte, IC 95% = −1,71–0,93; p = 0,56).
La chimiothérapie reste le standard
Sans surprise, le groupe trastuzumab seul présente moins d’effets secondaires. Une différence significative est retrouvée sur les neutropénies (9,6% vs 42,0%; p < 0,0001), les anorexies (7,4% vs 44,3%; p < 0,0001), les alopécies (2,2% vs 71,7%; p < 0,0001) mais également sur les anémies, les thrombopénies, les diarrhées, les asthénies, les mucites, les nausées et vomissements et les neuropathies périphériques.
La qualité de vie, évaluée par l’échelle Functional Assessment of Cancer Therapy, est significativement diminuée chez 31% des patients dans le groupe trastuzumab seul contre 48% dans le groupe trastuzumab avec chimiothérapie (p = 0,016) à 2 mois, et 19% contre 38% (p = 0,009) à 1 an.
Cette étude reste une étude négative, la chimiothérapie en association avec le trastuzumab reste donc le standard en termes de pronostic. La différence de survie sans récidive inférieure à 1 mois est cependant peu cliniquement significative, et le schéma par trastuzumab semble licite dans certaines situations.








