Oncologie digestive
Cancers gastriques : place du lavage péritonéal intensif
Le lavage péritonéal intensif pourrait avoir des effets positifs sur la morbomortalité ainsi que sur le contrôle locorégional post-gastrectomie.
- Istock/inaTraut
Le concept du lavage péritonéal intensif est d’associer à une résection chirurgicale macroscopiquement complète une dilution et une « détersion » des cellules tumorales circulantes péritonéales par un lavage de la cavité abdominale, répété (1litre de sérum plus de 10 fois) immédiatement après la résection.
Dans les tumeurs gastriques, en cas de cytologie péritonéale positive, le lavage péritonéal intensif semble permettre un meilleur contrôle locorégional, et pourrait diminuer la morbi-mortalité après gastrectomie.
Une étude intéressante
Misawa et al rapportent un essai randomisé contrôlé multicentrique évaluant l’intérêt d’associé un lavage péritonéal intensif à une chirurgie potentiellement curative d’un cancer gastrique localement avancé. Tous les patients qui ont un adénocarcinome gastrique T3-4M0 considéré totalement résécable par une gastrectomie avec curage D2 étaient éligibles. Ces critères d’éligibilité pouvaient être étendus en per-opératoire en cas de cytologie péritonéale positive ou de découverte d’une carcinose péritonéale péri-gastrique limitée.
L’objectif principal de l’étude était une augmentation de la survie sans récidive à 3 ans. Entre 2011 et 2014, parmi les 314 patients inclus, 145 et 150 ont été randomisés dans les bras lavage intensif et chirurgie classique respectivement. Les 2 groupes étaient comparables sur les données cliniques pré, per et post-opératoires immédiates, ainsi que sur les données anatomopathologiques. Il n’a pas été retrouvé de différences entre les 2 groupes en termes de survie sans récidive ou de survie globale. Les auteurs concluent que le lavage péritonéal intensif n’améliore ni la survie globale, ni la survie sans récidive.
Perspectives et conclusions
Cette étude confirme la faisabilité du lavage péritonéale intensif, mais ne confirme pas l’impact positif sur la survie pour la prise en charge curative des cancers gastriques localement avancés. D’autres études sont cependant nécessaires pour confirmer ces résultats.
En effet, dans le groupe sans lavage, le volume moyen de lavage était de près de 3 litres, ce qui correspond à un volume de lavage déjà significatif, rarement atteint en routine dans nos centres français. Ce lavage, dont le volume n’atteint pas le volume cible pour parler de lavage péritonéale intensif, pourrait avoir un effet mécanique, et avoir ainsi limité l’importance de la différence entre lavage « classique » et lavage intensif.
Un autre facteur confondant pourrait être la sélection des patients présentant un cancer gastrique localement avancé T3-4. Plus de 10% des patients inclus dans l’analyse présentent sur l’examen définitif une tumeur de stade I ou inférieur ne correspondant pas à une tumeur localement avancée.
En conclusion, cette étude ne retrouve pas d’impact significatif du lavage péritonéal intensif dans les tumeurs gastriques localement avancées, et confirme la faisabilité et l’innocuité de ce type de procédure.








