Neurologie
SOS-AIT : une structure qui éviterait 1 AVC sur 2
20 à 30% des AVC sont précédés d’AIT. Donc prendre en charge les AIT dans les 24h, dans une unité dédiée, permet selon un registre paru dans le NEJM, d'éviter un AVC sur deux.
- OJO Images / Rex Featur/REX/SIPA
"L'AIT c'est la fumée du volcan! Il vaut mieux intervenir à ce moment là, quand les symptômes ont disparu, pour trouver la cause et l'éliminer afin d'éviter l'attaque cérébrale. C'est ce qu'on fait à SOS AIT". Pierre Amarenco, chef du service de neurologie et du Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale à l’hôpital Bichat, le fait depuis 2003, après avoir créé la première structure française de prise en charge immédiate de l’accident ischémique transitoire.
20 à 30% des AVC sont précédés d’un AIT. Et depuis quelques années, des centres tel que celui de Bichat, dédiés à la prise en charge de l’AIT, se sont multipliés dans le monde. Un registre internationnal dirigé par Pierre Amarenco vient de paraître dans le NEJM; il fait le bilan de ce type de prise en charge.
TIA registry
Ce registre se nomme TIA registry .org et porte sur près de 5 000 patients dans 61 centres disposant d’une capacité d’évaluation rapide. 21 pays sur 5 continents sont impliqués. A noter l’absence de site aux Etats-Unis et une part européenne d’effectifs importante, près de 50% provient d’Europe. Les patients de ce registre ont été victimes d’un AIT ou d’AVC mineur dans les 7 jours précédents. Près de 90% d’entre eux se sont présentés dans le service dédié dans les 24 heures après l’AIT. Résultats globaux sur tous les centres : diminution de 50% des AVC quand les AIT sont pris en charge dans les 24 heures après les premiers symptômes. Mais dans la clinique SOS AIT de Bichat, ces chiffres passent à 80%.

Ce registre conforte donc des résultats précédents en particulier ceux des essais SOS TIA et Express de 2007. Après leur publication, certains pays sont passés à l’acte comme le Royaume Uni, avec le feu vert du NICE, chargé d'établir les guides cliniques et les recommandations nationales. 200 cliniques AIT ont alors vu le jour; sont ainsi évités 10 à 20 000 AVC par an. Et d'autres pays se sont équipés : Allemagne, Espagne, Italie, Japon et même Chine, des exemples qui feront, espère Pierre Amarenco, école et convaincront les autorités françaises.

15 à 25 000 AVC évités
Cela signifie qu’en France, on pourrait réduire de 25% le nombre d’AVC et donc éviter entre 15 à 25 000 AVC chaque année.« Pourrait » parce que, bien que l’AIT soi,t comme le montre ce registre, une cible thérapeutique idéale de prévention des AVC, seules 2 cliniques AIT ont vu le jour : à l'hôpital Bichat, mise en place par Pierre Amarenco et une à Toulouse. A Lyon, une personne se bat pour obtenir l’ouverture d’une telle structure : Norbert Nighoghossian, responsable de l’Unité Neurovasculaire au CHU de Lyon, où les patients sont gérés par les services d'urgence. Puis ils bénéficient d'exploration radiologique et cardiologique mais à distance des premiers symptômes, lors d'une autre consultation.

Ainsi après un bilan spécialisé, rapide et non différé, tel qu’écho doppler, angio IRM, etc..., une thérapeutique est mise en place immédiatement. L'enjeu est de taille : dans la semaine qui suit l'AIT, la plupart des AVC surviennent.
Mais pourquoi ne pas utiliser alors des structures qui existent déjà, les Unités Neurovasculaires ? Parce que les UNV sont déjà saturées par des malades plus lourds : on a privilégié les thérapies de désobstruction et du même coup l'accueil des accidents permanents, et non ceux qui avaient des signes transitoires.

De plus des problèmes politiques et financiers jouent également dans la mesure où dans ces cliniques d’AIT, une grande partie des patients ne passe pas une nuit à l’hôpital. Certes, ceci est un autre débat, mais ce registre publié dans le NEJM, va espère, Norbert Nighoghossian, faire évoluer les choses dans la mesure où la réduction du nombre d'AVC est spectaculaire.
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